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Tout sur la première étape du Tour : Wout van Aert déjà en jaune (ou la pluie va-t-elle jouer les trouble-fête) ?

Chaque jour, vous retrouverez la description et le profil de l’étape du jour sur le Tour de France 2022. Aujourd’hui : le contre-la-montre d’ouverture à Copenhague, où Filippo Ganna et Wout van Aert sont les grands favoris pour la victoire et le premier maillot jaune. Toutefois, la pluie pourrait jouer un rôle d’élément perturbateur au cours de l’après-midi.

55° 40′ 33.94. Non, ce n’est pas une formule mathématique mais la latitude nord de Copenhague. La capitale danoise devient le site de départ le plus septentrional de l’histoire du Tour. Elle est situés deux degrés plus haut que Leeds (2014) et Dublin (1998). Elle n’est pas la plus nordique des trois grands tours car ce titre revient à une autre ville danoise, Herning, la ville de la Grande Partenza du Giro 2012, située un degré plus au nord que Copenhague.

C’est la première fois que le Danemark met sur pied le Grand Départ du Tour. Il est le dixième pays à avoir cet honneur et il fait honneur à sa devise,  » The greatest cycling race in the world meets the best cycling city in the world« , car Copenhague est empreinte d’une vraie culture cycliste. La rencontre se déroule avec un an de retard: initialement, Copenhague devait accueillir le départ du Tour 2021 mais suite à la pandémie, l’EURO de football avait été décalé et la capitale danoise, qui était une des villes organisatrices du championnat, aurait dû organiser deux grands événements en même temps. On a donc permuté les départs 2021 et 2022 (Bretagne/Brest).

Quelques précédents de départs le vendredi

Cette édition débute anormalement tôt, un vendredi, à cause de la visite de trois jours du Tour au Danemark et du long voyage de retour en France le lundi. ASO a utilisé une clause du règlement de l’UCI: une fois tous les quatre ans, un organisateur peut ajouter un jour de course. C’est extrêmement exceptionnel car aucun jour de voyage n’a encore été incorporé, même pas après le départ à Dublin, en 1998. Il faut remonter à 1987 et au Grand Départ à Berlin pour trouver trace d’une édition de la Grande Boucle qui ait commencé en semaine. Le mercredi même, à l’époque, la journée de voyage s’étant déroulée deux jours plus tard. Le dernier départ du Tour un vendredi date de l’année précédente, en 1986, avec un prologue à Boulogne-Billancourt.

A nouveau un contre-la-montre

Le Tour démarre par un contre-la-montre, ce qui a plutôt été l’exception que la règle ces quinze dernières années. De 1967 à 2007, le prologue était un classique puis le patron du Tour, Christian Prudhomme, a changé de cap, n’organisant plus que de bref prologues/courtes épreuves contre le chrono qu’en 2009 (Monaco), 2010 (Rotterdam), 2012 (Liège), 2015 (Utrecht) et 2017 (Düsseldorf).

C’était systématiquement à l’étranger et ce n’est pas étonnant puisqu’un contre-la-montre met la ville organisatrice en valeur toute la journée. L’épreuve présente un avantage supplémentaire, surtout sur treize kilomètres: il y aura des écarts significatifs. Moins de coureurs pourront briguer le maillot jaune, ils prendront donc moins de risques, ce qui devrait diminuer le nombre de chutes massives les premiers jours. En théorie du moins, car le Tour reste une course très nerveuse.

Un nouveau maillot jaune

Quoi qu’il en soit, Filippo Ganna, le champion du monde contre-la-montre, sera ravi. Il brigue en effet le maillot de leader dès sa première participation au Tour. En 2020, il effectuait ses débuts au Giro et avait immédiatement conquis le maillot rose au terme d’une épreuve contre le chrono à Palerme. Si l’Italien réussit, il pourra enfiler un exemplaire unique du maillot jaune. Il n’est plus fabriqué par Le Coq Sportif, le sponsor français qui a succédé à Nike en 2011, mais par la marque italienne Santini.

On ne va pas lui offrir la victoire sur un plateau en argent. Car Wout van Aert, si son genou est complètement guéri, tient aussi à décrocher cette victoire d’étape et à son premier maillot jaune sur le Tour.

Le Campinois suivrait ainsi les traces de trois Belges qui, par le passé, ont remporté le contre-la-montre ou le prologue d’ouverture du Tour de France : Eddy Merckx (trois fois, en 1970 à Limoges, en 1972 à Angers et en 1974 à Brest), Freddy Maertens (en 1976 à Saint-Jean-de-Monts) et Eric Vanderaerden (en 1983 à Fontenay-sous-Bois).

Coïncidence, Vanderaerden et Merckx (en 1972) ont remporté le prologue le 1er juillet, soit le même jour que ce contre-la-montre d’ouverture à Copenhague. Si Van Aert le remportait, il marcherait ainsi sur les traces du Cannibale, exactement 50 ans plus tard.

Les deux principaux favoris s’élanceront l’un après l’autre, mais pas, comme d’habitude, avec les derniers coureurs (juste avant 19 heures). Ils vont effectivement démarrer à 17h03 (Ganna) et 17h04 (Van Aert), puis viendra Tadej Pogacar encore une minute plus tard. La pluie est attendue à Copenhague dans la soirée (voir le bulletin météo ci-dessous).

Le plus grand concurrent pour Ganna et Van Aert devrait être Mathieu van der Poel (deuxième du premier contre-la-montre du Giro, mais sur un parcours plus accidenté), mais il faudra certainement se méfier des spécialistes suisses de l’effort en solitaire que sont Stefan Bisseger et Stefan Küng ainsi que des coureurs locaux.

L’ancien champion du monde Mads Pedersen, attendait tellement ce contre-la-montre qu’il a simulé plusieurs fois tous les tronçons et virages sur un autre parcours sans trafic (s’entraîner à Copenhague même n’était pas possible.) Le Danois a même décoré sa maison avec des informations sur le parcours. Il pourrait presque le rouler les yeux fermés.Son compatriote Kasper Asgreen a même loué un appartement à Copenhague afin de reconnaître le parcours à loisir.

Des virages larges

Ce circuit de treize kilomètres passe devant de nombreuses attractions de la ville, parmi lesquelles le Dronning Louises Bro (un pont sur lequel 40.000 cyclistes passent chaque jour), le Parkenstadion ou la statue de la Petite Sirène, pour s’achever devant l’hôtel de ville, Radhuspladsen.

À la demande d’ASO, on a ajouté quelques virages serrés, notamment au niveau de la jetée de Langelinie. Compte tenu de la vingtaine de tournants du parcours, il est peu probable que Ganna ou un autre spécialiste du chrono batte le record de vitesse du Tour, détenu par Rohan Dennis (55,446 km/h à Utrecht, sur 13,8 km). Encore qu’on ne sait jamais, avec Ganna.

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Les nombreux virages seront néanmoins un facteur décisif : la plupart d’entre eux sont assez faciles à prendre, sur de larges boulevards. Sauf dans la section plus technique située entre 5,5 et 2,5 km avant l’arrivée. Elle comprend deux virages sur des pavés où les coureurs devront donc ralentir et accélérer légèrement à chaque fois. Ce sera encore plus vrai si la route devait être mouillée, ce qui rend également les marquages routiers glissants. Ces accélérations constantes sont à l’avantage des coureurs plus explosifs, comme Van Aert, Pedersen et Van der Poel.

Notre tiercé gagnant

Filippo Ganna, qui a remporté 11 de ses 15 derniers contre-la-montre, sera probablement difficile à battre. Cela peut ou non être dû (en partie) à son tout nouveau vélo de contre-la-montre Pinarello, plus rigide et équipé de freins à disque (pour la première fois), qui, selon lui, lui permet d’aller plus vite dans les virages. Et dans cette partie technique du contre-la-montre, il devrait aussi être l’un des meilleurs. .

Notre pronostic : 1. Ganna, 2. Van Aert, 3. Pedersen.

Le bulletin météo

En exclusivité pour Sportmagazine.be, Nicolas Roose de NoodweerBenelux, qui compte parmi ses clients les Flanders Classics, examine la météo de la prochaine étape. Ce vendredi, le temps sera agréable à Copenhague en première partie de journée. Le soleil sera au rendez-vous et les températures atteindront 21 degrés peu après midi. Progressivement, d’autres nuages apparaîtront. Il sont annonciateurs des précipitations qui atteindront la région de Copenhague au cours de la soirée, pouvant même inclure des orages. Le vent sera d’abord faible et de direction sud-ouest (2 à 3 Beaufort) et tournera vers l’ouest en soirée. Le soir, à partir de 17 heures, il se renforcera également, avec des rafales pouvant atteindre 4 beaufort. Les risques de précipitations et d’orages seront aussi plus importants, à partir de 18 heures. Plus les coureurs s’élanceront tôt, plus ils auront des chances de bénéficier d’une météo plus sèche et d’un vent moins violent », explique Nicolas Roose.

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