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Le Club de Bruges doit prévoir pour encore gouverner

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Sur la route du dernier titre, Bruges a slalomé entre les avertissements dans la dernière ligne droite. Sans pour autant les oublier. Le Club sait que l’été sera capital pour confirmer sa domination nationale.

Sur les visages, il y a plus de déception que de peur. Pourtant, derrière les masques s’esquisse une prise de conscience. Plus que la défaite encaissée sur la pelouse du Lotto Park, résultat d’une frappe lointaine d’ Albert Sambi Lokonga mal estimée par Simon Mignolet, c’est l’audace du jeu mauve qui saute aux yeux des cadors du vestiaire blauw en zwart en cette mi-avril. Les Brugeois réalisent que leurs lauriers sont fragiles, parce que leur rival de toujours semble commencer à sortir de son sommeil.

Si les doutes sur le deuxième titre consécutif ne sont pas plus grands un mois plus tard, malgré la claque infligée en play-offs par un Genk en lévitation, le groupe de Philippe Clement sent que l’heure est au changement. Après les mercatos gargantuesques de la première année du nouveau coach, les dirigeants ont principalement joué le statu quo. Au sein du onze qui emmène le Club vers le sacre, seuls Noa Lang et Bas Dost sont de nouvelles têtes de la saison en cours. Et si le premier fait l’unanimité, à tel point que le Club sort le grand jeu pour le conserver une saison supplémentaire en Venise du Nord malgré les convoitises, le buteur batave n’est pas aussi incontestable. On pointe ainsi parfois son manque d’implication défensive ou ses absences dans la construction du jeu bleu et noir.

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Conserver Noa Lang est très vite devenu la priorité de l’été de la direction brugeoise.

C’est sans doute pour cela que Bruges a avancé ses pions depuis le début de l’été en quête d’une opportunité à un poste toujours compliqué, sondant notamment la possibilité d’attirer Lukas Nmecha au stade Jan Breydel. Sur le plan de l’efficacité, Dost reste une réussite, presque la seule dans la succession de Wesley, qui a déjà vu défiler Kaveh Rezaei, David Okereke (devenu ailier aux yeux de son coach) ou Michael Krmencik. Tout ça sans compter le talentueux Youssouph Badji, déjà utilisé la saison dernière, mais que le Club serait disposé à prêter chez l’une des entités de l’élite. Un séjour temporaire sans option d’achat qui a déjà refroidi de nouveaux foyers potentiels, mais qui prouve la confiance des dirigeants brugeois envers leur très jeune attaquant sénégalais, pas toujours ménagé par Philippe Clement.

LA PRIORITÉ LANG

Longtemps, on a cru que le coup de fraîcheur de l’été brugeois viendrait du banc de touche. Dans le milieu, l’irruption de Philippe Clement sur les réseaux sociaux à coups de vidéos et de logo personnalisé ont retenti comme l’affirmation d’envies d’ailleurs. Au bout du compte, les pistes concrètes ont pourtant été rares, malgré un turn-over presque sans précédent sur les bancs de touche des grands championnats. Ni Sheffield United ni Schalke 04, ambitieux pensionnaires de l’antichambre anglaise et allemande, n’ont semblé être des pistes suffisamment prestigieuses pour le triple champion de Belgique en titre, qui rempile donc pour une cinquième saison sur les bancs de Pro League.

Au coup d’envoi de la Supercoupe, Philippe Clement n’a pas encore la moindre recrue à présenter à ses bouillants supporters, de retour au stade. La première nouvelle tête de l’été aurait pu être Michel-Ange Balikwisha, déjà objet de conversations téléphoniques entre les directions brugeoise et liégeoise en janvier dernier, mais qui a finalement décliné l’offre du Club pour se diriger vers le grand rival anversois, un Great Old tout heureux de triompher sur ce dossier tout en damant le pion à son meilleur ennemi. Il faudra attendre l’arrivée du défenseur gaucher Stanley Nsoki pour renouveler un peu le vestiaire.

Face à Genk, le public du Jan Breydel se console en pouvant enfin communier depuis les gradins avec Noa Lang. Conserver l’excentrique ailier acheté à l’Ajax après la levée de son option d’achat est très vite devenu la priorité de l’été de Vincent Mannaert et Bart Verhaeghe, désireux d’enfin briller comme il se doit sur la scène continentale.

LE CONTRÔLE DES VENTES

Dans le sens des départs, le nom le plus souvent évoqué était celui d’ Odilon Kossounou. Vendu au Bayer Leverkusen pour environ 28 millions d’euros, un record aux normes belges, le défenseur ivoirien représentait peut-être l’un des meilleurs compromis entre bénéfice financier et perte sportive, un numéro d’équilibriste que Vincent Mannaert maîtrise peut-être mieux que personne sur le sol belge. Les 17 millions d’euros obtenus l’hiver dernier contre le départ de Krepin Diatta à Monaco en sont une autre preuve. L’international sénégalais a permis à Bruges d’effleurer le top 5 mondial des plus gros transferts sortants de l’hiver dernier. Et s’il a manqué sportivement, son départ n’a pas empêché les Blauw en Zwart de coiffer les lauriers et de s’offrir un nouveau séjour dans cette Ligue des Champions qui permet d’appâter des joueurs et d’augmenter son compte en banque.

Bruges pourrait néanmoins vivre un contretemps en perdant une vertèbre de cette si précieuse colonne qui permet à son business-model d’accumuler les succès sportifs et économiques. Correcteur de la défense grâce à sa pointe de vitesse et sa qualité au duel au sol, Clinton Mata a tapé dans l’oeil de Monchi, le célèbre directeur sportif de Séville, mais aussi du coach des Andalous Julen Lopetegui, qui rêve d’en faire sa recrue défensive phare de l’été. Les pensionnaires du stade Sanchez Pizjuan doivent vendre avant d’ouvrir leur mercato entrant, mais l’arrière droit est en haut de leur liste de courses. Difficile d’imaginer comment Bruges pourrait le retenir à tout prix en cas d’offre à la hauteur de leurs attentes. Et tout aussi difficile d’amortir le coup dur sportif qui en découlerait.

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