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Comment réussir le transfert parfait

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Comment réussir le transfert idéal? La question se pose évidemment dans tous les stades du Royaume, et chacun a sa propre réponse. Enquête au coeur du scouting national.

« Beaucoup de clubs travaillent aujourd’hui avec les datas », déplorerait presque Christophe Lonnoy, ancien recruteur pour le Standard de Liège, actuel prospecteur pour la société Let’s Play qui travaille notamment avec Youri Tielemans (Leicester) ou Youssouph Badji (Club Bruges). « C’est bien, mais le tout, c’est de savoir lire toutes ces données. Se demander si un joueur qui réussit 200 passes dans un championnat mineur sera aussi capable de faire la même chose dans un championnat aussi difficile que la Belgique? »

Si dans un des bureaux majeurs de l’élite, on raconte par exemple « diviser les chiffres offensifs par deux quand on observe un joueur qui brille aux Pays-Bas », un autre spécialiste du datascouting concède le côté artisanal et néanmoins indispensable de la méthode: « À ma connaissance, il n’existe pas de programmes commercialisés actuellement qui font ce genre de calcul. Personnellement, j’ai donc développé mon propre algorithme. Il faut construire ton propre modèle, en t’appuyant sur un maximum d’historique de datas. Et puis, il y a des chiffres qui ne varient pas. La vitesse, par exemple, peu de clubs y ont accès, mais c’est super important. Et un joueur qui court vite en Lituanie, il le fera aussi en Belgique. Les datas sont indispensables pour filtrer les profils, mais ce ne sont pas des oracles. Il faut toujours voir des images. »

Les heures de vidéo, Olivier Renard connaît. « Normalement, quand un intermédiaire m’appelle, je connais le joueur parce que je passe mes journées sur Wyscout. Mais il y a de rares exceptions. » Sofiane Hanni est l’une de celles-là. Perdu en D2 turque, le futur Footballeur Pro de l’Année peut alors compter sur un coup de pouce de son agent et des coups d’oeil de son futur directeur sportif à Malines. « Sofiane, je n’en avais jamais entendu parler. J’ai écouté, j’ai pris des notes et ensuite je me suis mis à analyser ses matches. Normalement, j’essaie de regarder au moins deux fois par mois un match, pas toujours complet, de tous les joueurs figurant dans une base de données comptant en fonction des périodes entre 100 et 200 noms. Là, pour Sofiane, je suis très vite tombé sous le charme. La saison qui précède sa venue à Malines, je pense avoir vu chacun de ses matches avec Ankaraspor. »

Une boulimie consommatrice d’image qui mènera l’ancien directeur sportif de Malines puis du Standard à tomber sous le charme d’un Orlando Sa du temps où il évoluait à Chypre ou d’un Gojko Cimirot au détour d’un derby de Sarajevo. Des championnats dans lequel les données statistiques ne sont pas toujours légion et qui valorisent la qualité d’un coup d’oeil plutôt que d’un radar chiffré. « C’est le même problème en Afrique où il n’y a pas ou très peu de datas par exemple », appondit Christophe Lonnoy. « A cet égard, combien de joueurs arrivés d’Afrique n’ont pas été proposés pour des sommes modiques à des clubs belges avant d’être racheté dix fois plus cher deux ans plus tard par ces mêmes clubs, cette fois convaincus par les datas venus du Danemark? »

« Si on regarde un attaquant et qu’il a déjà joué un nombre suffisant de matches mesurés par des datas, ça nous aide à mesurer à quel point il peut se montrer dangereux », explique un scout bien installé dans le haut du tableau national. « Un bon taux d’expected goals par nonante minutes, c’est incontournable pour moi. Pareil pour un milieu offensif avec ses expected assists. Quand tu es aussi haut sur le terrain, tu dois avoir un impact. »

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