© iStock

Le Bayern Munich doit revoir sa copie

Jacques Sys
Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Pour la deuxième année consécutive après son sacre de 2020, le Bayern Munich n’a pas été convié au dernier carré de la Ligue des Champions. Lorsque le nouveau directeur général Oliver Kahn analysera la situation, son prédécesseur Karl-Heinz Rummenigge, ainsi que Uli Hoeness, l’écouteront sûrement avec attention.

Personne ne semblait s’être inquiété à l’avance. Le Bayern a livré une prestation de piètre facture lors du quart de finale aller de la Ligue des champions à Villarreal. Mais les fans, le staff et les joueurs munichois pensaient qu’ils allaient rectifier le tir sur leurs terres, même si certaines frustrations étaient palpables au sein du groupe. Par exemple, l’attaquant Leroy Sané semblait bien grognon lors de son remplacement lors du dernier match de championnat contre le FC Augsbourg. Il s’était rendu au vestiaire sans un geste pour son entraîneur Julian Nagelsmann qui avait balayé le début de polémique d’un revers de main. Le jeune technicien n’avait pas beaucoup plus réagi lorsque Sané était arrivé avec quelques minutes de retard à l’entraînement. Tout au plus, une amende avait été adressée à l’international allemand.

Nagelsmann a eu de nombreux entretiens individuels ces derniers jours lors desquels il a notamment évoqué le manque de mentalité sur le terrain. Il n’avait pratiquement aucun contact avec le PDG Oliver Kahn, qui a succédé à Karl-Heinz Rummenigge le 1er juillet. Ce sera différent maintenant. Les premiers mois de Kahn dans sa nouvelle fonction seront aussi examinés à la loupe. Depuis son entrée en fonction, il y a eu une réunion quelque peu malheureuse du conseil d’administration, il y a des joueurs comme l’attaquant Serge Gnabry, qui veulent soudainement une revalorisation salariale alors qu’ils viennent de signerun contrat à long terme. Tous ces éléments créent une certaine agitation au sein d’un club parfois appelé FC Hollywood en raison de ce type de turbulences. Certaines questions sur la qualité du noyau seront aussi posées, tout comme sur la qualité du nouvel entraîneur Julian Nagelsmann.

Le Bayern Munich doit revoir sa copie de toute urgence et prendre des décisions fortes. Ce sera une tâche délicate. Le match contre Villarreal a montré, notamment, qu’il existe des faiblesses dans la défense et au poste de milieu défensif. Le but des Espagnols en contre-attaque en est l’illustration parfaite.

Beaucoup de joueurs ne semblent pas dans une forme optimale. Seuls le gardien Manuel Neuer et le buteur Robert Lewandowski évoluent à leur niveau habituel. Le Polonais n’a pourtant pas été en vue contre Villarreal, à l’exception de son but. On ne trouve pas beaucoup d’alternatives sur le banc. Le Bayern possède un effectif de quatorze joueurs de haut niveau, les autres qui complètent le noyau sont loin d’atteindre les standards requis. Conséquence de ce déséquilibre : les titulaires ne sont pas remis en question et sont sûrs de leur place faute de concurrence. Le Bayern a besoin d’injecter de la qualité dans son groupe afin de pouvoir faire face aux blessures, qui ont été fréquentes cette saison.

Joshua Kimmich fait certainement partie des joueurs de haut-niveau du Bayern. Mais cette saison, il semble en méforme et parfois perdu sur le terrain.
Joshua Kimmich fait certainement partie des joueurs de haut-niveau du Bayern. Mais cette saison, il semble en méforme et parfois perdu sur le terrain.© iStock

L’ambitieux Julian Nagelsmann devait apporter sa jeunesse et sa modernité pour redonner un nouveau souffle au club bavarois après le départ d’Hansi Flick. À 34 ans, il est forcément considéré comme le prince héritier des grands entraîneurs allemands. Mais pour l’instant, on peut difficilement juger le travail de Nagelsmann. Après le départ de David Alaba et Jerome Boateng, il a hérité d’une équipe plus faible que la saison dernière. Les nombreuses blessures l’ont contraint à trop souvent changer d’équipe et de système. Difficile de créer des automatismes et une bonne dynamique de cette manière. Les arrivées de deux défenseurs et d’un milieu de terrain défensif capable d’organiser le jeu doivent maintenant être une priorité absolue lors du prochain mercato.

La saison actuelle du Bayern ressemble à la précédente, sous la direction d’Hansi Flick. Le Rekordmeister avait été, comme aujourd’hui, éliminé au deuxième tour de la Coupe d’Allemagne et avait trébuché en quart de finale de la Ligue des champions. A l’époque, c’était contre le PSG et ses stars. Ce mardi, contre le… septième de la ligue espagnole, même si l’on oubliera pas son statut de tenant du titre en Europa League. Il ne reste désormais plus que le championnat pour les Bavarois, mais ils comptent déjà neuf points d’avance sur le Borussia Dortmund alors qu’il ne reste plus que cinq duels. Le Bayern devrait donc remporter son… dixième titre national consécutif. Mais pour un club de ce statut, ce n’est rien de plus qu’un lot de consolation.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire