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Coronavirus: « Des Jeux olympiques en juillet ne sont ni faisables ni souhaitables »

Les Jeux Olympiques de Tokyo vont-ils être reportés à cause de la crise sanitaire?

« Des Jeux olympiques en juillet de cette année ne sont ni faisables ni souhaitables », a déclaré Sebastian Coe dans une lettre adressée à son homologue du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach. Il lui a demandé que les Jeux soient déplacés de leurs dates initiales (24 juillet-6 août), rapporte l’agence de presse Reuters.

La patron de l’athlétisme mondial (World Athletics) a ajouté dans sa lettre que les responsables des fédérations continentales d’athlétisme partageaient unanimement ce point de vue. Cette annonce intervient quelques heures après que le CIO a fait savoir qu’il pourrait prendre jusqu’à quatre semaines pour prendre une décision sur le report des Jeux Olympiques de Tokyo.

Un report « inévitable »?

La décision de reporter les Jeux de Tokyo 2020 « pourrait devenir inévitable » si la pandémie de coronavirus rendait impossible d’organiser les JO dans des conditions sûres, a reconnu lundi, pour la première fois, le Premier ministre japonais Shinzo Abe.

S’exprimant devant le Parlement japonais, M. Abe a assuré que son pays était toujours engagé à organiser les JO dans les meilleures conditions, mais que « si cela devenait difficile, en tenant compte en priorité des athlètes« , la décision d’un report « pourrait devenir inévitable ». Malgré la propagation incessante de la pandémie de coronavirus dans le monde et les interrogations grandissantes autour des JO de Tokyo, M. Abe n’avait jamais évoqué officiellement cette option.

Shinzo Abe, le premier ministre japonais.
Shinzo Abe, le premier ministre japonais.© BelgaImage

« L’annulation n’est pas parmi les possibilités », a néanmoins insisté lundi M. Abe, à l’unisson avec le président du CIO Thomas Bach qui la veille avait déjà déclaré qu’annuler les JO n’était « pas à l’ordre du jour » parce que cela « détruirait le rêve olympique ».

Inquiétude des fédérations et des athlètes

Pour un nombre toujours plus important d’athlètes et de fédérations sportives nationales, alors que la quasi-totalité des compétitions sont suspendues dans le monde, il n’est plus temps de tergiverser quant à la tenue du plus grand événement sportif mondial. Les demandes de report avaient jusqu’à présent afflué en ordre dispersé au sein du monde sportif, mais sont de plus en plus insistantes chaque jour de la part des athlètes et des instances nationales.

Le Canada a « pris la décision difficile de ne pas envoyer d’équipes » aux Jeux Olympiques de Tokyo cet été à cause du coronavirus, ont annoncé dimanche le Comité olympique canadien (COC) et le Comité paralympique canadien (CPC). De l’autre côté du globe, le Comité olympique australien (AOC) a peu après recommandé à ses athlètes de se préparer pour des Jeux Olympiques à Tokyo lors de l’été 2021. Le comité indique ne pas être en mesure de former une équipe australienne pour participer à l’évènement qui est à ce stade toujours prévu pour le 24 juillet.

Seules les guerres mondiales ont eu raison des JO avant la pandémie de coronavirus

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Si le report était décidé, il s’agirait du premier report des Jeux Olympiques modernes en temps de paix. Jusqu’ici seules les deux guerres mondiales avaient contraint l’annulation de quatre éditions : les JO de Berlin en 1916, ceux d’hiver de Garmisch-Partenkirchen en 1940 (après les désistements de Sapporo en 1937 et deSaint-Moritz en 1938) et de ceux d’été de 1940 prévus à Tokyo, mais récupérés en 1938 par Helsinki, et de Londres en 1944.

L’histoire des Jeux Olympiques, réapparu en 1896, nous rappelle que le plus grand événement sportif a été confronté à de multiples crises comme une attaque terroriste, un référendum négatif et plusieurs boycotts. Le moment le plus sombre reste l’attaque terroriste contre la délégation israélienne lors des JO de Munich en 1972. Onze athlètes israéliens avaient été pris en otage par le groupe terroriste palestinien Septembre noir, qui avait tué deux personnes. Ensuite, neuf autres avaient perdu la vie lors d’une tentative de sauvetage manquée des forces armées allemandes sur une base aérienne. Les Jeux olympiques ont été interrompus plusieurs heures après cette prise d’otages. La suspension – la première de l’ère des Jeux modernes – a duré 34 heures. La compétition a repris après une cérémonie commémorative. Avery Brundage, le président du CIO, avait déclaré que « les Jeux doivent continuer ».

Les JO d’hiver de 1976 s’étaient déroulés à Innsbruck après le refus de la population de Denver, de les financer. Quant à ceux d’été la même année, à Montréal, ils avaient vu le boycott de nombreux pays africains après le refus du CIO d’interdire la participation de la Nouvelle-Zélande qui avait rompu l’exclusion par la communauté internationale de l’Afrique du Sud (en raison de son apartheid) dans le cadre d’une tournée de rugby chez les Springboks.

Nouveau boycott, cette fois de plusieurs pays occidentaux, de la Chine et du Japon, à Moscou en 1980 après l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS l’année précédente. Quatre ans plus tard, en représailles, le bloc des pays de l’Est dirigé par les Soviétiques, a refusé de se rendre à Los Angeles en 1984.

La pandémie de coronavirus pourrait avoir comme conséquence ce que seules les guerres mondiales avaient réalisé : empêcher le déroulement des Jeux.

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