Jacques Sys

Eden Hazard reviendra-t-il à temps?

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Et voilà un footballeur de cent millions qui ne peut pas étaler son art au Real Madrid. Ça grogne dans les couloirs, on doute de l’effet de ce mega-transfert.

Eden Hazard a dû trouver ses marques, il n’a pas eu d’éclairs de génie ni réalisé de solos comme à Chelsea. En plus, il a souffert d’une déchirure musculaire en août. Suivie, fin novembre, d’une nouvelle atteinte, une minuscule fissure à la cheville. Il s’est de nouveau retrouvé sur la touche. Quatre semaines, six, huit, puis finalement dix semaines, au moment où tout commençait à tourner. Il s’est heurté au scepticisme. Le conte de fées semble tourner au cauchemar. Que se passe-t-il dans la tête d’un homme, en de tels moments ? Précipite-t-il les choses afin de pouvoir faire ses preuves ?

Eden Hazard reviendra-t-il à temps ?

On peut se demander si Eden Hazard n’a pas repris trop tôt après sa blessure. Seuls les médecins peuvent répondre à cette question. Et encore. Quoi qu’il en soit, le séjour d’Hazard dans la capitale espagnole se mue en chemin de croix, qui continuera au-delà de Pâques. Il est à nouveau confronté à une revalidation de deux ou trois mois. Et ensuite ?

Après cette nouvelle blessure, Roberto Martinez a immédiatement fait savoir qu’il se faisait du souci à propos de son capitaine. Il ne pourra pas rejouer avant fin avril, peut-être même pas avant le courant du mois de mai. Le premier match de l’EURO, contre la Russie, se déroule le 13 juin. Hazard, qui a besoin de jouer beaucoup de matches, devra entamer le tournoi sans rythme. Même s’il parvient à relativiser le grand théâtre du football, il est en proie à de multiples frustrations.

Eden Hazard est le coeur de l’équipe nationale, avec Kevin De Bruyne. Ce sont deux footballeurs doués, dépourvus d’allures de stars. Mercredi, dans le match de Ligue des Champions entre le Real et Manchester City, ils devaient se livrer un duel. À une certaine époque, ils semblaient se freiner mutuellement en équipe nationale. Ils jouent maintenant harmonieusement, grâce à un système qui fait ressortir le meilleur de chacun d’eux. Hazard peut pivoter dans la zone de vérité pour faire la différence, De Bruyne peut utiliser sa passe, en ayant le jeu devant lui.

Roberto Martinez doit maintenant chercher d’éventuelles solutions. Pendant une période de préparation dont cette question sera le fil rouge. Pendant ce temps, en championnat, on peut se demander si Bernd Storck aura droit à une statue à Bruges s’il maintient le Cercle. La manière dont celui-ci a pris l’Excel Mouscron à la gorge, samedi, est inédite pour un candidat à la relégation. L’équipe comportait cinq transferts hivernaux. C’est la grande différence avec Waasland-Beveren, qui n’a pas de dettes mais s’est abstenu pendant le dernier mercato afin de préserver son équilibre financier alors que le Cercle a investi. En ce sens, les transferts hivernaux falsifient la compétition.

Ça ne diminue en rien les mérites de Bernd Storck. C’est un entraîneur positif, qui ne se plaint jamais du manque de qualité de son équipe et dégage toujours un énorme enthousiasme. Par exemple, Dennis van Wijk s’interrogeait sur le niveau d’Ostende à son arrivée. Et Arnauld Mercier, renvoyé depuis par Waasland-Beveren, était l’image même de l’impuissance.

Ce sont des personnalités très différentes de Bernd Storck. L’Allemand ne se défend pas, il ne cherche pas d’excuses. Il vise le maintien, avec une équipe de base où ne figure quasiment aucun joueur issu de Monaco. Ça ne veut pas dire que le projet est relégué aux oubliettes. Un nouveau directeur sportif va arriver et la collaboration des deux clubs va être intensifiée. Le Cercle va continuer à perdre son identité mais c’est un mal nécessaire s’il veut survivre.

Zinedine Zidane et Eden Hazard.
Zinedine Zidane et Eden Hazard.© BELGAIMAGE

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