John Baete

Vilanova, un nouveau Guardiola ?

Les deux matches du Barça contre Chelsea ont apporté de l’eau au moulin de ceux qui voudraient supprimer le hors-jeu. Quand les Bleus étaient arcboutés dans leur rectangle, l’équipe de Pep Guardiola, habituée à percer si souvent par le centre, tentait de façon pathétique de passer par les ailes.

Par John Baete

Mais là, sans David Villa, personne n’était en mesure de déborder pour centrer valablement en retrait. Les seuls centres envoyés des ailes étaient hauts et autant de caviars pour les Blues. Ce n’est pas nouveau : les Blaugranas sont les premiers à réaliser que face à une défense renforcée, ils calent et deviennent en plus vulnérables aux contre-attaques hyper rapides. Ce scénario s’était déjà déroulé contre l’Inter Milan et il s’est répété la semaine dernière contre Chelsea.

Sans règle du hors-jeu, le Barça aurait pu placer des joueurs jusqu’aux points de corner et écarteler le béton armé pour trouver des espaces pour les une/deux. Présenté à juste titre comme une victoire de l’intelligence dans le foot, le hors-jeu a trouvé ses limites dans ce type d’affrontement. Il a même sublimé le choix des cyniques. Difficile de contester que ces deux confrontations ont accouché de résultats illogiques, mais les poètes sont les premiers à accepter la fantaisie douloureuse du foot.

Outre sa démonstration de beau jeu qui a accumulé des vraies occasions de but, Barcelone a fait preuve de sa dignité habituelle dans l’élimination. Pas de trucages, pas de jérémiades, pas de critiques à l’adversaire (au contraire, le coach a loué le courage et la force mentale des Anglais!). Un respect total de l’adversaire et de l’arbitre, quoi qu’il arrive. Pas étonnant: quand on glorifie autant l’esprit du jeu et la technique, on vénère tout ce qui va avec Més que un club, une philosophie de vie.

Le départ annoncé de Guardiola pose problème à ce niveau-là. Son adjoint Tito Vilanova aura-t-il autant de charisme? S’il ne faut pas avoir été un grand joueur pour devenir un bon entraîneur, il vaut mieux avoir été un grand joueur pour respecter le jeu et créer une équipe inoubliable. Vilanova s’est fait connaître l’an dernier en étant celui qui a failli avoir l’oeil crevé par le pathétique (et par derrière) José Mourinho lors d’un clash pendant un Clasico. A part ça, pas grand-chose: formé à la Masia, Vilanova a eu une carrière discrète de médian mais n’a joué qu’une vingtaine de matches en Liga, étalés sur trois ans au Celta Vigo. L’idéal du Barça, il l’a chevillé au corps puisqu’après sa carrière de joueur, il est revenu au club pour entraîner les jeunes et progressivement remonter vers l’équipe A.

La question est claire: saura-t-il résister dans la protection du beau jeu quand la pression sera là. Guardiola l’a bien fait dans le sillon tracé par Johan Cruijff. Mais Vilanova ne fera-t-il pas trop rapidement des concessions aux médias, aux socios, à la direction blaugrana? Quand on en vient au débat d’idées sur le beau football, le courage ne suffit pas: il faut aussi avoir une carrure et ne dépendre de personne.

En plus, la passation de pouvoir se déroule à une période un peu délicate: pas de finale et très vraisemblablement pas de titre national. Difficile interrègne… « Mais c’est ça qui est beau en football. Parfois on sourit et parfois, c’est votre tour d’être triste », avait dit Guardiola après l’élimination par les Blues.

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