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The greatest on tour

Parce qu’aucun tweet, aucun hommage et même aucun livre ne peut refléter la grandeur de Mohamed Ali, dont les funérailles ont lieu aujourd’hui, voici une petite histoire, pratiquement oubliée de tous. Elle raconte la visite en Belgique du plus grand, en 1979. Trois journées agitées qui contrastent singulièrement avec la réputation de l’icône de la boxe.

Vendredi 1er juin 1979. Alors que, dans les coulisses du Country Hall du Sart-Tilman à Liège, Mohamed Ali se prépare pour un combat-exhibition face au héros local, Albert Syben, le journaliste de La WallonieFrancis Remy aperçoit l’ex-boxeur Joe Cornélis (61) assis sur une chaise. Il est mal placé, certes, mais il a tout de même pu obtenir un ticket pour voir une dernière fois à l’oeuvre le plus grand de tous les temps. Un peu plus tard, alors qu’Ali se fraye un chemin entre les fans pour se rendre vers le ring, Remy, qui l’a interviewé un peu plus tôt dans la journée, l’interpelle pour lui demander s’il est d’accord de rencontrer pendant quelques minutes un quadruple champion de Belgique de boxe. The Greatest se dégage de la foule, se dirige vers Cornelis, lui serre cordialement la main et lui fait l’accolade avant de se laisser photographier avec le Liégeois, très ému.

Cette rencontre avec l’ex-boxeur wallon constitue l’un des rares moments de sa visite en Belgique au cours desquels Mohamed Ali a pu rompre le protocole publicitaire.  » On aurait dit un homme-sandwich « , dit Remy.  » Il n’était déjà plus aussi impressionnant qu’avant, il parlait lentement, d’une voix monotone. Physiquement, il était totalement hors forme. Seule la façon chaleureuse dont il avait enlacé Cornelis démontrait encore que c’était un grand homme.  »

Neuf mois plus tôt, l’Américain, alors âgé de 37 ans, a pourtant repris le titre de champion du monde des poids lourds à Leon Spinks. Mais à l’époque, déjà, il est évident qu’il arrive en fin de carrière. Un an plus tôt, le docteur Ferdie Pacheco lui avait déjà conseillé de se retirer car ses réflexes étaient moins aiguisés. Après sa victoire contre Spinks (c’est la première fois qu’un poids lourd décroche trois titres de champion du monde), le champion du peuple déclare qu’il aurait été le plus grand idiot au monde s’il était parti sur une défaite.  » Je veux me retirer en champion.  »

GRÂCE À FIAT

Pour IMG, sa nouvelle équipe de management, le moment est venu de préparer son après-carrière : un rôle dans une série télé, des conférences, un accord publicitaire avec un producteur de pommes de terre, des adieux à la télévision… Revenu total : 2,5 millions de dollars. Une bonne chose pour un boxeur qui, au cours des années précédentes, a perdu des millions en signant des dizaines de contrats boiteux. Profondément croyant, il a également injecté beaucoup d’argent dans le mouvement Nation of Islam emmené par Elijah Muhammad.

Autre moyen de renflouer le compte en banque d’Ali : une tournée d’adieux lucrative dans dix pays d’Europe devant rapporter environ trois millions de dollars. En échange, le plus grand de tous les temps s’engage à faire la promotion de sponsors et des combats-exhibitions face à des champions locaux. Pendant trois jours, cette tournée passe par la Belgique à l’initiative de Fiat Belgio, avec l’aide du COIB et de la fédération belge de boxe.

La firme automobile italienne est déjà présente dans le monde du sport depuis un bout de temps – elle a notamment sponsorisé une équipe cycliste – et, avec la chaîne de supermarché GB, elle a mis six millions de francs belges sur la table – une petite fortune à l’époque – pour accueillir Ali.

Celui-ci a ses exigences également. La conférence de presse est strictement minutée et il ne répondra à aucune question concernant la religion, la politique, le sexe et les femmes. Malgré la présence de sa femme, Veronica Porche, il exige aussi la compagnie de deux jeunes femmes noires (taille minimum : 1,79 m) afin de se « détendre » après ses combats.

ACCUEILLI PAR MERCKX

Après des passages par Londres et Oslo, Mohamed Ali atterrit à Zaventem le 31 mai 1979 à midi, avec deux heures de retard. Entouré de toute une cour, l’Américain descend de son avion privé, vêtu d’un costume bleu. Sa femme Veronica lui tient la main, l’autre est occupée par une mallette en cuir. Sur le tarmac, outre quelques fans et photographes, le comité d’accueil est composé de représentants de Fiat, de la fédération de boxe, du COIB et d’un certain Eddy Merckx.

 » J’avais couru sous le maillot de Fiat en 1977 et j’avais conservé de bons contacts avec la firme « , raconte le Bruxellois.  » C’est pourquoi ils m’avaient demandé d’accueillir Ali. C’était un grand honneur mais, manifestement, il ne me connaissait pas – ce qui était logique car, à l’époque, le cyclisme était un sport totalement méconnu aux Etats-Unis. Ali semblait fatigué et ne parlait pas beaucoup. Nous nous en sommes donc tenus aux salutations d’usage et à la poignée de mains pour les photographes.  »

Le boxeur prête davantage attention à Freddy Cousaert, un Ostendais aujourd’hui décédé qui allait devenir, plus tard, le manager de Marvin Gaye.  » Freddy avait déjà rencontré quelques fois Ali au Q Club, une discothèque de Londres fréquentée par de nombreux musiciens et sportifs de couleur et dont le propriétaire était son ami « , explique son frère Rudy.  » Comme Freddy connaissait aussi beaucoup de monde dans la boxe belge, on lui avait demandé d’être son accompagnateur et traducteur pendant son séjour en Belgique.  »

Un douanier lui demande le plus sérieusement du monde s’il a quelque chose à déclarer, Ali secoue la tête de gauche à droite et prend la direction du Hyatt Regency Hotel, où il est l’invité d’honneur de l’American Club, dont les membres ont payé 2.000 francs pour un dîner exclusif en compagnie de leur compatriote. Mais un quart d’heure plus tard, après une courte interview, Ali s’enferme dans sa chambre d’hôtel.

CONTRE DES ENFANTS

Le programme est chargé et chaotique : à l’extérieur, un bus à l’emblème de Fiat l’attend. Après un tour rapide de Bruxelles, il prend la direction du parking du… Grand Bazar de la chaussée de Courtrai à Sint-Denijs-Westrem, près de Gand. Le légendaire boxeur y est accueilli tel Saint-Nicolas par une fanfare, des majorettes en mini-jupe, quelques centaines de fans déchaînés et une banderole : « I know that you are The Greatest !  »

Un peu plus tard, une interview avec Louis Ceulemans, journaliste (aujourd’hui décédé) au quotidien Het Nieuwsblad, a lieu dans une tente montée en toute hâte. Ali sort son éternelle blague :  » Tu n’auras pas le temps de compter jusqu’à deux que je t’aurai frappé dix fois « , dit-il à Ceulemans. Celui-ci s’exécute mais Ali ne bronche pas.  » Tu n’a rien vu ? Tu n’as rien vu ? C’est normal : j’étais tellement rapide que tu n’aurais rien pu voir.  »

Un peu théâtral et réchauffé mais ça amuse le public, tout comme son combat sur un ring contre des enfants qui ont remporté un concours de dessin organisé par GB. Jules De Keersmaecker, un fan de Londerzeel, est au premier rang.

 » Ali s’est tellement pris au jeu qu’après un coup, il s’est jeté par terre et a déchiré la manche de son costume gris ! Il a descendu l’escalier du ring, a montré un gros doigt disant que personne ne pouvait le toucher mais une fois arrivé en bas, il m’a quand même gentiment serré la main. Après, il a signé de nombreux autographes sur des photos de lui et sur des cartes distribuées par GB sur lesquelles on pouvait lire : Un champion du monde en visite chez le champion des prix. « 

LE KUIPKE À MOITIÉ VIDE

Le soir, The Greatest remet le couvert au Palais des Sports de Gand à l’occasion du « Mohamed Ali Ritmo Show », un combat-exhibition au nom du nouveau modèle de Fiat à bord de laquelle il entre sur la piste cycliste dans le noir, les projecteurs braqués sur lui. Avec son mètre nonante et un, il a eu un peu de mal à entrer dans la citadine mais il salue le public d’un Kuipke même pas à moitié rempli. Ce qu’il n’apprécie guère, d’ailleurs.  » Dommage que la salle ne soit pas pleine. Sans doute que c’était trop cher. Moi, j’aurais laissé les gens entrer gratuitement.  »

Eddy Merckx, pour la circonstance, était assis aux côtés de Veronica, la femme d’Ali. Jean-Pierre Coopman était présent également, au troisième rang. Alors que Louis Ceulemans l’interviewait à nouveau et qu’il ressortait sa blague (« Tu n’a rien vu ? « ), l’oeil d’Ali se posait sur son ancien adversaire.  » Comme j’avais fortement maigri, il ne m’a pas reconnu tout de suite. Mais quand je lui ai fait signe, ça a fait tilt. Il a passé sa tête entre deux cordes, a crié Cooperman ! et m’a fait signe de monter sur le ring.

Je n’oublierai jamais ce qui s’est passé ensuite. En 1976, à l’occasion de la conférence de presse précédant notre combat à Porto Rico, j’avais fait deux bises à Ali, qui était très surpris. Trois ans plus tard, il s’en souvenait encore car cette fois, c’est lui qui me fit deux bises et me serra dans ses bras. Ce gars, c’était une crème !  »

SUR SON TALENT

Ali à l'entraînement.
Ali à l’entraînement.© EXPRESS SYNDICATION/MAXPPP

Après l’intermède Coopman, le combat-exhibition peut commencer. Contrairement à ce qui avait été annoncé, son sparring-partner n’est pas Jimmy Ellis mais le boxeur flandrien Robert Desnouck (28).  » Albert Faccenda, le président de la fédération belge, n’avait appelé mon manager, Charles De Jager, que le jour même, lui demandant si je pouvais remplacer Ellis pour 15.000 francs « , raconte Desnouck, aujourd’hui âgé de 65 ans.

 » Je travaillais dans une usine de meubles mais je n’ai pas hésité un seul instant. C’était un immense honneur. Je n’étais cependant pas nerveux car j’avais déjà vu Ali à Porto Rico lors du combat de Coopman.  » Le champion du monde, visiblement trop lourd, veut un combat tranquille mais c’est sans compter sur la motivation de Desnouck.

 » Dans son interview à Ceulemans, Ali avait dit que le public assisterait à trois fois trois minutes de combat professionnel et je voulais m’en montrer digne. De plus, nous portions tous les deux un casque, nous pouvions donc frapper plus fort. Ali s’énervait et, de temps en temps, il cognait. Après le combat, il a même refusé de se faire photographier avec moi.  »

Le champion du peuple s’est cependant tourné vers le public :  » Veuillez m’excuser, je ne suis pas en très grande forme. J’ai dix kilos de trop. Je n’ai boxé que sur mon talent.  » Ali, musulman convaincu, n’a visiblement pas oublié ses convictions religieuses. Lors de la conférence de presse d’après-match, il rompt la règle qu’il avait lui-même édictée de ne pas parler de religion.

UN PRIX EN PLAQUÉ OR

– Qu’allez-vous faire de l’argent remporté pendant cette tournée ?

– Le donner : je fais construire une mosquée en Californie.

-Vraiment ?

-Vraiment ? Dieu me punirait si je vous mentais. Pourquoi le ferais-je ?

-Beaucoup de gens pensent que vous faites du show.

-Les gens se jugent sur des faits, Allah vous juge sur le coeur. Il sait ce que je pense et c’est tout ce qui compte pour moi. Vous pouvez croire ce que vous voulez mais pas me punir. Allah bien. C’est lui l’autorité.

Après une nuit amusante (ou pas) en compagnie de sa femme Veronica et de deux dames de compagnie suivie d’un bref passage par le Westland Shopping Center d’Anderlecht, Ali est reçu au Carlton Hotel de Bruxelles où il reçoit le Prix Dag Hammersköld, une distinction qui porte le nom du secrétaire général de l’ONU assassiné et remise aux personnes luttant pour la paix dans le monde.

L’initiative émane d’Urbain Bob Dirix, un vicomte limbourgeois controversé converti à l’islam. Il a épousé une princesse indonésienne et préside l’Académie Diplomatique pour la Paix. Vêtu d’un tabar blanc, comme les Templiers, Dirix passe une chaîne en plaqué or au cou d’Ali.

 » Elle est plus grande que ma médaille olympique de Rome « , rigole le boxeur, qui ne comprend pas que la distinction constitue surtout une belle publicité pour cette association douteuse. Le même jour, Will Tura est récompensé pour son engagement en faveur des moins bien lotis.  » J’ai serré la main d’Ali et posé pour la photo avec lui, rien de plus « , dit le chanteur.  » Il ne me connaissait pas.  »

FACE À ALBERT SYBEN

Le soir, un deuxième combat-exhibition a lieu à Liège face à Albert Syben (26). Dans un premier temps, lorsque le COIB l’a contacté, le boxeur wallon a refusé.  » Ils voulaient que je boxe gratuitement. Après, on m’a proposé 30.000 francs mais je trouvais que c’était trop peu car j’étais professionnel. Je n’ai accepté que très tard, lorsque le directeur de Fiat Belgique m’a offert une Fiat Ritmo. Il payait même la TVA de sa poche.  »

L’entourage d’Ali, et notamment son coach, Angelo Dundee, n’était pas tellement heureux à l’idée de rencontrer Syben.  » Ils ne me connaissaient pas et craignaient que je boxe à fond mais je ne ressentais pas le besoin de prouver quelque chose. Ce fut donc un combat tranquille, sans coups trop forts. Je n’avais même pas de casque. Ali n’a pas dû faire beaucoup d’efforts et il s’est même agenouillé à deux reprises pour amuser le public.

Après le combat, il m’a félicité au cours du dîner VIP dans la cafeteria. J’étais assis à côté de lui mais nous n’avons pas beaucoup parlé. Je ne connaissais que quelques mots d’anglais et, toutes les 30 secondes, quelqu’un l’approchait. Je m’ennuyais plus que lui car il restait étonnamment calme et professionnel. A un certain moment, pour rigoler, quelqu’un a piqué quelque chose dans son assiette et il a fait semblant de lui décocher un uppercut à la mâchoire, pour la plus grande joie des photographes.  »

UNE PHOTO DÉDICACÉE

Mohamed Ali durant sa conférence de presse en Belgique.
Mohamed Ali durant sa conférence de presse en Belgique.© BELGA

Syben, aujourd’hui âgé de 63 ans, est désormais coach et policier à Liège. Malgré deux combats européens pour le titre, on l’associe toujours à ce combat-exhibition face au plus grand.  » C’est ce qui me rend exemplaire auprès des jeunes boxeurs, même si mon meilleur souvenir est une première rencontre très courte avec un Ali particulièrement sympathique dans son hôtel à Bruxelles. Ma fille avait quatre ans, il l’a prise dans ses bras pour la photo qu’il a dédicacée plus tard. Un superbe souvenir.  »

Le dernier jour de sa visite en Belgique, Mohamed Ali est reçu au GB de la chaussée de Breda à Schoten, où il est accueilli avec la même ferveur qu’à Sint-Denijs-Westrem, musique et majorettes comprises. Cette fois, il fait sa joyeuse entrée à bord d’une petite Fiat Ritmo orange. Debout, la tête dépassant par le toit ouvrant, il salue la foule, entouré de gardes du corps du GB. On dirait le pape.

Sur le parking, il est à nouveau interviewé par Louis Ceulemans sur un ring et il « combat » face à quelques boxeurs du Boxing Club Wilrijk. Ali adore les enfants et c’est l’un des rares moments de la tournée où il semble vraiment prendre du plaisir.  » Ils sont plus beaux et plus importants qu’un titre de champion du monde « , dit-il sincèrement.

L’Américain semble moins heureux lorsque, pendant le repas de midi au restaurant voisin Ten Weyngaert, des clients ne cessent de le photographier.  » Il semble avoir perdu le sourire « , écrit un reporter de Het Laatste Nieuws présent sur place. Jimmy Ellis, son sparring-partner, se fait même rappeler à l’ordre parce qu’il a bu quelques verres de vin et qu’il est un peu trop joyeux.

PFAFF PLUS POPULAIRE

Un peu plus loin, à une autre table, ça rigole ferme : les joueurs de Beveren fêtent le titre. Parmi eux, le très populaire Jean-Marie Pfaff doit même signer plus d’autographes qu’Ali.  » Il n’avait jamais entendu parler de football et encore moins de Beveren « , raconte l’ex-Soulier d’Or.  » Mais tout le monde a pu être pris en photo avec lui. Moi, j’en suis resté là car je ne parlais pas anglais. Ali m’a également regardé droit dans les yeux pendant quelques secondes.

C’était sans doute sa façon de voir si j’étais quelqu’un de sérieux ou pas. Je me sentais tout petit, surtout quand je lui ai serré la main, une paluche qui avait du mal à tenir le stylo avec lequel il devait signer. Il avait également des difficultés à écrire Jean-Marie. Il pensait que je m’appelais John.  » (il rit).

Bert Cluytens, un attaquant, se fait aussi prendre en photo avec le plus grand boxeur de tous les temps.  » J’ai même mis prudemment mon poing sur sa mâchoire. Il y a quand même peu de joueurs qui peuvent dire qu’ils ont mis une pêche à Ali, hein. »

Après une dernière photo de groupe, Ali prend la direction de l’aéroport de Deurne. Sa femme, Veronica, raconte qu’elle a acheté une poupée pour les enfants et un napperon en dentelle tandis que le plus grand fait encore semblant de boxer pour le cameraman. Il est plus souriant que lors de ses combats à Gand et à Liège et il ressemble à nouveau à celui qui vole comme un papillon et pique comme une abeille.

Un petit mois plus tard, le 27 juin 1979, Ali annonce officiellement sa retraite. Une première fois, du moins, car il effectuera un court come-back au cours duquel il fera triste figure face à Larry Holmes et Trevor Berbick. Un départ en mineur pour cette légende de la boxe qui a dominé son sport et inspiré ou amusé pendant des années des millions de personnes de toutes races. Y compris sur deux parkings de GB en Belgique.

« La Belgique ? Une très belle ville ! »

Aujourd’hui, une visite d’un MohamedAli en Belgique provoquerait un raz-de-marée médiatique mais en 1979, son passage a peu attiré l’attention, tant dans les journaux qu’à la télévision. « Les journalistes sportifs considéraient cela comme un show qui n’avait rien à voir avec la boxe », raconte Marc Hendrickx, auteur de la première biographie d’Ali parue en néerlandais.

La chaîne publique flamande avait toutefois chargé le jeune journaliste Carl Huybrechts, 27 ans à l’époque, d’interviewer Mohamed Ali. « Je me suis présenté dans son vestiaire en disant : I’m Carl, from Belgium radio and television. «  ll s’est montré très sympathique et m’a dit : Sit down, how are you ? Dans mon enthousiasme de débutant, je lui ai alors demandé ce qu’il pensait de la Belgique, ce qui n’était pas très original. Il m’a répondu le plus sérieusement du monde : « C’est une belle ville ! « La suite, je ne m’en souviens pas, sauf que les images étaient très sombres. »

On peut s’en apercevoir en consultant les extraits que la VRT conserve soigneusement. Après la première question de Huybrechts, Ali est égal à lui-même : il parle lentement mais est sincère et pas du tout modeste. » Cette tournée donne l’occasion aux gens de voir un champion. Je ne m’entraîne plus car les affaires en dehors de la boxe me prennent beaucoup de temps : je voyage, je participe à des émissions de télévision, je fais de la publicité… Il y a encore beaucoup de choses que je veux faire, j’ai l’embarras du choix : des combats-exhibitions, des films, des conférences, des affaires… Par contre, je ne combattrai plus pour des titres. »

Huybrechts lui demande alors s’il va tenter de rester célèbre. Ce à quoi le plus grand répond : « Je ne peux rien y changer : je suis l’homme le plus célèbre au monde. Mon nom est immortel. Même après ma mort, il me survivra. » Trente-sept ans plus tard, force est de constater qu’il avait raison.

Par Jonas Creteur

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