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Steve Darcis range sa raquette: retour sur la belle carrière du « Shark »

Eliminé par le Français Elliot Benchetrit au 1er tour des qualifications de l’Open d’Australie jeudi, Steve Darcis, 35 ans, a fait ses adieux au tennis professionnel. Le Liégeois, qui fut 38e joueur du monde, a réussi une belle carrière, mais tracassé par les blessures dont une sérieuse au coude qui l’aura forcé à lever le pied ces dernières années, « Mister Coupe Davis » s’arrête comme joueur. Il intégrera l’AFT, l’Association francophone de tennis, dès le 1er mars.

Steve Darcis, aujourd’hui 176e mondial, avait annoncé le 12 octobre dernier en marge de l’European Open à Anvers son retrait à l’issue de cet Open d’Australie. « La tête et le corps ne suivent plus », avait-il justifié fatigué de lutter contre les blessures et de cravacher pour revenir au premier plan. Ce qu’il a cependant toujours réussi à faire.

L’un des meilleurs joueurs belges de sa génération tire sa révérence avec deux titres ATP à son palmarès, à Amersfoort aux Pays-Bas en 2007 sur terre battue et à Memphis aux Etas-Unis en 2008 sur surface dure, disputant cette année là encore une nouvelle finale à Amersfoort.

Surnommé le « Shark », le Liégeois sera affublé aussi du titre de ‘Mister Coupe Davis’ pour ces exploits et la conquête répétée de points décisifs dans cette compétition par équipes dont il disputera la finale en 2015 (à Gand contre la Grande-Bretagne) et 2017 (à Lille face à la France).

Les blessures auront donc singulièrement contrarié sa fin de carrière. L’une des plus marquantes aura été cette blessure à l’épaule encourue lors de son plus gros exploit en simple lorsqu’il mettait à terre Rafael Nadal, alors numéro 1 mondial, au premier tour sur le gazon de Wimbledon en juin 2013. Las, il devra déclarer forfait pour le 2e tour et être opéré en octobre, ce qui le mettra sur la touche pour 8 mois.

Régulièrement en souffrance avec son dos aussi, ce sont pourtant deux opérations au poignet qui le tiendront ensuite éloigné des courts durant trois mois. Une nouvelle opération, au coude cette fois, gâchera toute son année 2018. La suite est connue, une nouvelle fois, Steve Darcis parviendra à revenir au premier plan pour finir debout, comme il l’avait souhaité, et la tête haute sur les courts australiens.

Une histoire particulière avec la Coupe Davis

Pour revenir en détails sur sa longue carrière, après une demi-finale en 2002 à Wimbledon chez les juniors où il fut classé 8e mondial, c’est en 2003 que Steve Darcis a débuté sur le circuit Futures, remportant un tournoi en République tchèque en fin d’année, jouant plusieurs années sur le circuit Challenger avant d’arriver sur le circuit principal en 2006, à Amersfoort aux Pays-Bas.

C’est sur cette terre battue d’Amersfoort, l’année suivante, qu’il allait se révèler au grand public. Pour son deuxième tournoi ATP, il aligne huit succès de rang et remporte le tournoi, devenant le cinquième joueur belge à s’adjuger un rendez-vous ATP, après Bernard Mignot, Filip Dewulf, Olivier Rochus et Xavier Malisse.

L’année suivante, ‘Shark’ s’offre en février un deuxième titre, à Memphis. Quelques mois plus tard, en juillet, il s’incline en finale, à nouveau, à Amersfoort. Cette année-là, il atteint en mai la 44e place à l’ATP. Il s’agira de son meilleur classement pendant près de dix ans. Ce n’est qu’en mai 2017 avec une 38e place qu’il parviendra à se hisser encore plus haut au ranking mondial.

Steve Darcis compte dix trophées sur le circuit Challenger à son palmarès dont le dernier en 2017, à Bordeaux et 9 sur le circuit Futures.

En Grand Chelem, son meilleur résultat est un 3e tour atteint en 2011 à Roland-Garros et en 2017 à l’Open d’Australie.

En Coupe Davis, où il a débuté dès 2005, ses exploits sont multiples et spectaculaires. ‘Shark’ devient ‘Mister Coupe Davis’, celui qui offre le point décisif à la Belgique.

Cela arrive en barrage pour maintenir la Belgique dans le groupe mondial en 2009 et 2014 contre l’Ukraine, en 2010 contre l’Australie et en 2013 contre Israël. Mieux, en 2015 et 2017, respectivement contre l’Argentine et l’Australie, c’est lui qui envoie la Belgique en finale.

Lors de l’épopée 2017, il offre aussi la qualification aux Belges, privés de David Goffin, en Allemagne, au premier tour, en effaçant Alexander Zverev. Malheureusement, il ne pourra pas rééditer ses exploits en finale, la Grande-Bretagne (2015) et la France (2017) privant la Belgique du Saladier d’argent. La lourde défaite (6-3, 6-1, 6-0) contre Lucas Pouille à Lille sera d’ailleurs son dernier match avant un long moment: une blessure au coude le contraint à faire l’impasse sur toute la saison 2018.

Steve Darcis est pourtant revenu, une fois encore, au plus haut niveau en 2019 avec notamment deux ultimes barouds d’honneur pour son pays, en décembre en Coupe Davis à Madrid, la première disputée sous la nouvelle forme d’une phase finale, et la semaine dernière à ATP Cup à Sydney. Il est ensuite venu à Melbourne, où sa carrière de joueur professionnel s’est arrêtée ce jeudi 16 janvier.

Il va devenir coach

Le Liégeois, 35 ans, a déjà toutefois une idée de ce qu’il va faire dans les mois à venir.

« Je commence à l’AFT (l’aile francophone de la fédération de tennis, ndlr) en mars avec les plus de 18 ans, avec le Team Pro », a révélé Darcis. « C’est un beau projet. Il y a de bons joueurs, des jeunes qui sont motivés. Moi aussi, j’ai envie de commencer, de me lancer dans autre chose, même si l’adrénaline des matches, le fait de se faire mal sur un terrain, va me manquer. Je me suis fixé une limite de 5 kilos à prendre » a-t-il souri. « Il va donc falloir que je continue à faire un peu de sport, sinon je vais en prendre 15. J’ai encore envie de faire des trucs, mais je ferai des trucs plus marrants. Maintenant, pour entraîner les jeunes, je devrai aussi rester en forme et jouer un peu ».

Steve Darcis s’était déjà lancé dans le coaching en 2018, lorsqu’il était sur le flanc à la suite d’une blessure au coude droit. Il avait notamment accompagné Yanina Wickmayer sur le circuit à Wimbledon et à l’US Open. Et il se murmure qu’il pourrait succéder, à terme, à Johan Van Herck, comme capitaine de Coupe Davis.

« Je n’en sais rien. Ce n’est pas moi qui décide. Pour l’instant, Johan est là et il réalise un boulot incroyable. Il est indéboulonnable. Est-ce qu’un jour on va me le demander ? L’avenir nous le dira. Bien sûr que l’envie est là, mais ce n’est pas moi qui vais décider », a poursuivi le ‘Shark’. « J’ai vécu une expérience géniale comme capitaine de la Belgique lors de l’ATP Cup. C’est la meilleure compétition que j’ai pu faire de toute ma carrière. L’endroit, le format, les joueurs motivés, tout était réuni. Je me suis investi à fond. Je ne sais pas si j’ai été bon, il faudra le demander aux autres, mais en tout cas, c’était très chouette ».

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