© USA TODAY Sports

Serena Williams: « Je n’ai pas besoin d’argent ou de plus de titres. Mais je les veux »

Serena Williams peut égaler à l’US Open, où elle a déjà triomphé à six reprises, le record des 24 titres du Grand Chelem détenu depuis 1975 par Margaret Court.

En 1999, à l’âge de 17 ans, Serena Williams remportait à l’US Open le premier de ses 23 titres du Grand Chelem. Aujourd’hui, près de vingt ans plus tard, l’Américaine, qui est récemment devenue maman d’une petite fille, est toujours là. Et à Flushing Meadows, où elle a déjà triomphé à six reprises, elle peut égaler le record du nombre de titres du Grand Chelem détenu depuis 1975 par Margaret Court.

Entretien

Serena, on célèbre cette année les 50 ans de l’US Open à Flushing Meadows. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

« J’ai tellement de bons souvenirs à l’US Open. Beaucoup de gens adorent ce tournoi. Je l’adore moi aussi. C’est emblématique de jouer à New York. J’ai disputé de grands matches dans le stade Arthur Ashe (NdlR : elle a triomphé en 1999, 2002, 2008, 2012, 2013 et 2014). Et connu également des défaites cuisantes. Mais tout cela fait partie de l’histoire de ce tournoi. »

Vous pouvez y égaler le record de 24 titres du Grand Chelem que Margaret Court détient depuis 1975. Un record qui semblait impossible à battre. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

« Pour être honnête, il y avait longtemps que je n’y avais pas pensé. C’est revenu à Wimbledon. J’avais probablement oublié. (sourire) Et je pense que c’est une bonne chose. Je m’étais mis tellement de pression pour arriver à 18 (NdlR: et égaler Chris Evert et Martina Navratilova), que le reste m’importait peu. Mais comme je l’ai dit ces derniers temps, je ne veux pas me fixer de limites. C’est juste un nombre. Je veux essayer de gagner autant de titres du Grand Chelem que possible, mais pour cela il faut gagner sept matches d’affilée. Je n’y suis pas encore. »

Justement, où situez-vous votre niveau à l’heure actuelle ?

« Je suis encore au début. C’est un long come-back. Je viens de commencer. Il faut que je retrouve de la régularité au service, plus que tout, et que je sois également meilleure en retour. En fait, tout mon jeu doit s’améliorer. Je continue, cela dit, à travailler dur pour y arriver. Et j’espère que je vais commencer à gagner plus de matches. »Le fait d’avoir atteint la finale à Wimbledon a dû vous rassurer…

« Oui. Ces deux semaines m’ont montré que je pouvais rivaliser. Ce n’est un secret pour personne que j’ai eu un accouchement très difficile. Donner naissance à Olympia était un sentiment incroyable. Et puis, tout s’est mal passé. J’ai d’ailleurs perdu le fil après quatre opérations, car il y en a eu tellement. C’était devenu une routine quotidienne. En raison de tous les soucis sanguins que j’ai, il s’en est fallu de peu à un moment donné. Heureusement, personne ne me l’a dit. Cela a vraiment été difficile. Il y a eu une période où je ne parvenais même pas à me déplacer jusqu’à ma boîte aux lettres. »

Vous évoquez les difficultés rencontrées lors de votre grossesse et les embolies pulmonaires que vous avez faites. Cela peut être difficile à gérer pour une sportive de haut niveau. Comment faites-vous ?

« Pour moi, avoir à gérer ce risque d’embolie pulmonaire est plus un défi sur le plan mental, car dès que je ressens une douleur dans la jambe, j’imagine le pire. J’ai eu mal à la jambe pendant Wimbledon et je me disais ‘Oh, mon Dieu ! J’ai un caillot et je vais faire une embolie.’ C’est vraiment difficile. Je ne pensais pas que j’aurais ce genre de pensées traumatisantes, surtout que j’ai une fille désormais. Je veux être là le plus longtemps possible pour la soutenir… »

Il paraît que vous avez même expliqué aux médecins, lorsque vous étiez à l’hôpital et que vous rencontriez des difficultés à respirer, ce qu’ils devaient faire…

« C’est vrai. J’ai dit à l’infirmière ‘un Doppler, vous plaisantez ?’ Il me faut un scanner et une perfusion d’Héparine ! Je connais si bien mon corps. Je sais exactement ce qui se passe. Je connais pas mal de trucs en médecine. C’est une science qui m’intéresse particulièrement. Je comprends vraiment comment mon corps fonctionne. »

Pouvez-vous nous raconter ce que c’est d’être une mère et une joueuse en même temps ?

« C’est un plaisir et une joie de rejouer vu tout ce que j’ai traversé. Ces dix derniers mois ont été vraiment dingues. Fouler les courts en tant que maman, c’est super cool ! Car je sais que quoi qu’il arrive, je bénéficierai d’un soutien incroyable et d’un amour inconditionnel lorsque je rentrerai le soir à la maison. C’est une sensation très agréable. Je ne peux pas vraiment la décrire. Je ne m’en étais pas rendu compte jusqu’au moment où c’est arrivé. Et cela me donne beaucoup d’énergie et d’envie d’être encore plus un exemple. C’est l’un des objectifs de ma vie. »

Ces dix derniers mois, qui a fait le plus de pas en avant. Votre fille Olympia ou vous ?

« C’est une très bonne question. Je vais répondre pour elle, car elle bouge ses pieds désormais. Elle marche et elle essaie même de marcher un peu trop vite pour son petit corps. Elle y va vraiment fort. Moi aussi, je trouve d’ailleurs que je suis encore en mode pas de bébé. Chaque fois que je monte sur le court, je veux effectuer un pas de géant en avant, mais il faut que j’apprenne à être patiente. »

Vous espériez quoi à votre retour à la compétition ?

« Pour être honnête, je m’attendais à faire mieux à l’occasion de mes premiers tournois. Ce fut ça le plus dur. Accepter que je n’y étais pas parvenue. Je sais que cela peut paraître bizarre, mais je m’étais beaucoup entraînée pour me remettre à niveau. Je ne dirais pas qu’Indian Wells et Miami furent un rappel à la réalité, mais plutôt un tremplin pour la suite. Se remettre au travail et être prête pour les tournois du Grand Chelem. Tout en trouvant le bon équilibre entre le job de maman et de joueuse de tennis. »

Justement, dans quelle mesure vos priorités ont-elles changé aujourd’hui ?

« Elles ont sacrément changé. Ma priorité, c’est Olympia ! Être simplement près d’elle, prendre soin d’elle, faire des choses avec elle… Il a fallu adapter les horaires en conséquence. Je m’entraîne le matin et je passe le reste de la journée avec elle. Je ne la vois donc pas toute la journée, mais tout de même une bonne partie. Je n’ai jamais compris les femmes avant, quand elles se plaçaient en deuxième ou troisième lieu. Et c’est si facile à faire. »

Que pensez-vous des gens qui considèrent que votre retour coulerait de source et qu’être à nouveau en finale d’un grand tournoi serait une simple routine ?

« C’est un sentiment bizarre. Comment pouvais-je être favorite alors que je n’avais joué que quatre tournois ces dix-huit derniers mois et que la moitié du temps, j’avais porté un autre être humain dans mon ventre ? Mais lorsque je n’étais pas favorite, cela me frustrait également. (sourire) »

Vous avez 36 passés. Qu’espérez-vous encore pouvoir réaliser raquette en mains ?

« Je n’ai pas besoin d’argent, de plus de titres ou de prestige. Mais je les veux. Je veux gagner plus de tournois du Grand Chelem. C’est un sentiment différent. Et je pense qu’avoir un enfant va m’aider. Savoir que je vais retrouver ce magnifique bébé après mes matches me permettra de relativiser et m’apportera plus de sérénité sur le court. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire