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Où est le successeur de David Goffin ? « Nos tennismen n’ont pas eu le luxe d’une Clijsters ou d’une Henin »

David Goffin retrouvera-t-il un jour les sommets ? A l’Open d’Australie, le Liégeois a été éliminé au premier tour et pour le moment, aucun joueur Belge ne semble en mesure de suivre ses traces. Qu’est-ce qui ne va pas avec les tennismen belges ? Marc De Hous, commentateur et ex-entraîneur de Kim Clijsters, tente de résoudre le mystère.

Au vu des résultats de ces derniers mois et années, il n’est pas surprenant que David Goffin ait dû faire ses valises au premier tour de l’Open d’Australie.

Marc De Hous : « Contre Daniel Evans (ATP 24), le résultat était logique, même si on ne s’attendait pas à ce qu’il encaisse un 6-0 dans le troisième set. Il a connu quelques problèmes avec le genou, etc., mais le plus gros problème se trouve dans sa tête. Mentalement ça ne va pas et c’est souvent plus difficile à résoudre qu’un problème physique. David Goffin est un garçon sur lequel nous ne savons finalement pas grand chose. Il vit à Monaco, ne donne quasiment jamais d’interviews et s’épanche rarement sur sa vie privée. On doit donc de deviner comment Goffin se sent en ce moment. Tant qu’il ne s’améliorera pas mentalement, il restera un oiseau pour le chat sur le terrain. Parce que les adversaires le savent et le sentent aussi. Cela va augmenter leur confiance en eux. Alors qu’il était très difficile à battre à une certaine époque, tout le monde semble maintenant en mesure de le vaincre quelque soit son classement. Et plus les défaites s’enchaînent, plus vous continuez à descendre dans les classements et à douter. Ca devient un cercle vicieux. »

Après David Goffin, il faut descendre à la 187e place du classement ATP pour trouver trace d’un autre Belge, le jeune Zizou Bergs. Puis viennent Kimmer Coppejans ou Ruben Bemelmans qui ne sont pas dans le top 200, mais qui n’y rentreront pas non plus. De qui devons-nous encore attendre quelque chose dans la relève masculine en Belgique ?

De Hous : « La concurrence pour atteindre le sommet devient si dense qu’il sera de plus en plus difficile pour les Belges de percer dans les années à venir. Ces dernières années, les adolescents semblent également s’affirmer. Il suffit de regarder les cas de Carlos Alcaraz ou de Jannik Sinner. Il y a aussi la génération de Daniil Medvedev et n’oublions pas Novak Djokovic et d’autres qui sont encore compétitifs pour remporter les plus grands titres. De nouveaux joueurs arrivent tout le temps, donc c’est de plus en plus dur. Zizou Bergs est un talent. Mais la concurrence est si féroce qu’on ne peut pas vraiment prévoir ce dont il est capable. Il n’a également que 22 ans et a encore l’avenir devant lui. Mais tout le monde est très proche à ce niveau. Tout se joue sur des détails. Ce dont il a besoin est en fait une semaine de tournoi incroyablement bonne. Prenez le cas d’Emma Raducanu, qui s’est retrouvée au quatrième tour de Wimbledon l’année dernière grâce à une wildcard, dès son tout premier grand chelem alors qu’elle n’avait pas encore réalisé de performance notable. Bergs a aussi besoin de quelque chose comme ça maintenant, un catalyseur qui lui permettra de décoller et d’intégrer le top 100. Chez les juniors, nous avons pour le moment un grand talent en la personne d’Alexander Blockx. A 16 ans, il est presque dans le top 30 des U18. Il est très prometteur, et nous pouvons attendre beaucoup de lui dans les années à venir. »

Le contraste est très grand avec nos dames qui possèdent actuellement quatre joueuses dans le top 100 et une Elise Mertens qui est déjà au troisième tour d’un grand chelem pour la 16e fois de sa carrière. Pourquoi la différence est-elle si grande ?

De Hous :« Cela montre à quel point c’est difficile pour les hommes. Si vous voulez juger certaines dames sur leur niveau technique, il y aurait beaucoup de questions à se poser sur les 100 meilleures joueuses. Tout cela est très beau à voir, mais les joueurs du circuit masculin sont beaucoup plus complets. Prenons l’exemple du deuxième service. Sur le circuit féminin, c’est beaucoup moins difficile, si vous servez de la même manière chez hommes et vous serez massacrés impitoyablement. Le circuit masculin est également beaucoup plus grand que celui des dames, il faut donc se battre encore plus pour s’y faire une place. Et puis, il faut aussi être fort mentalement et on voit beaucoup de grands talents échouer à ce niveau. Lors des matches de grands chelems, il faut gagner trois sets, ce qui est beaucoup plus difficile que deux comme chez les femmes. Une autre explication qie je vois est que la formation belge pour les hommes n’a pas connu le luxe que les femmes ont pu avoir avec l’apogée de Kim Clijsters et de Justine Henin. De tels exemples ont donné envie à de nombreuses filles de jouer au tennis, alors que les hommes n’ont pas eu les mêmes modèles auxquels s’identifier. David Goffin est le meilleur joueur belge de tous les temps. Il a déjà occupé la septième place mondial, mais il n’a jamais remporté de Grand Chelem ou occupé la première place. Clijsters et Henin l’ont fait et cela parle beaucoup plus à l’imagination des futurs joueurs ou joueuses. Il faudra donc peut-être attendre qu’on connaisse la même chose dans le circuit masculin belge pour attirer plus de jeunes garçons sur les courts de tennis. »

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