© REUTERS/Susana Vera

Nadal: « Le jour où je ne serai plus inquiet à propos de ma forme ou de mon tennis, je ne gagnerai plus »

Auréolé de ses 11 titres à Monte-Carlo et Barcelone, et de sa huitième victoire à Rome, Rafael Nadal sera à nouveau l’homme à battre à Roland Garros. Dans l’histoire du tennis, seule une personne a réussi à remporter 11 fois un seul et même tournoi du Grand Chelem. Il s’agit de l’Australienne Margaret Court, lauréate à onze reprises de l’Australian Open entre 1960 et 1973. L’Espagnol peut devenir le deuxième, s’il triomphe une nouvelle fois sur la terre battue parisienne, le dimanche 10 juin prochain. Entretien.

Rafa, qu’est-ce que cela vous fait d’être de retour à Roland Garros?

Je suis ravi d’être là. Tout le monde connaît l’importance que ce tournoi revêt pour moi. J’y ai vécu tellement de moments magiques. C’est l’événement le plus important de l’année pour moi et probablement celui où je suis le plus nerveux avant l’entame du tournoi et pendant la quinzaine. Mais on ne peut pas réduire notre sport aux quatre levées du Grand Chelem. Gagner à Monte-Carlo représente également beaucoup pour moi, puis enchaîner avec Barcelone, devant mon public, Rome. Tous ces titres sont importants à mes yeux.

En treize participations à Paris, vous avez gagné dix fois et subi seulement deux défaites. C’est incroyable, non?

Oui. Et j’en suis très heureux. Toutes ces victoires ont été uniques, même si certaines ont évidemment été plus particulières que d’autres. Ce fut le cas de la dixième, pour la cérémonie qui avait suivi et parce que j’avais 31 ans. Je ne suis plus un gamin (sourire). Tout a commencé pour moi ici en 2005 et lorsque j’y repense, j’avoue que j’étais persuadé qu’en 2017, je ne jouerais plus au tennis. Je m’imaginais en train de pêcher sur mon bateau à Majorque. Je n’aurais jamais cru que j’aurais une aussi longue carrière et que je gagnerais autant de titres (NdlR: 78, après celui à Rome dimanche passé). Mais bon, je suis toujours là. Et je suis toujours motivé.

Vous serez également à nouveau le grand favori pour remporter un onzième titre…

On me considère comme le favori à Roland Garros depuis ma première victoire en 2005. Mais je vais peut-être vous étonner en vous disant que je me fiche de savoir si je suis le favori ou pas. Lorsque j’entame un tournoi, je ne crois pas que je suis le favori. J’essaye simplement de me préparer le mieux possible pour être compétitif. J’ai toujours été particulièrement respectueux de mes adversaires. Vous devez toujours garder en tête que vous pouvez perdre. Le jour où je ne serai plus inquiet à propos de ma forme ou de mon tennis, je ne gagnerai plus.

Qui seront vos principaux rivaux à Paris? Thiem, qui est le seul à vous avoir battu sur terre battue cette année, à Madrid? Alexander Zverev, vainqueur à Madrid et qui vous a poussé dans vos derniers retranchements en finale à Rome?

Il est clair que sur cette surface, Thiem est l’un des adversaires les plus dangereux. Quand il joue vraiment bien, il est difficile de l’arrêter. Il n’a peut-être pas encore atteint le niveau de régularité que j’ai eu durant tant d’années, mais il n’y a pas une grande différence entre nous. C’est un peu la même chose pour Zverev. Quand vous êtes capable de gagner un tournoi Masters 1000, vous êtes capable de bien jouer partout. Il est impossible qu’il n’ait pas de bons résultats en Grand Chelem avec le niveau de jeu qu’il affiche. Jouer en cinq sets est un gros avantage pour les meilleurs et Sasha (NdlR: le surnom d’Alexander) est l’un des meilleurs. C’est juste une question de temps. Mais il y a d’autres bons joueurs…

Djokovic?

Incontestablement. Je suis bien placé pour savoir qu’il n’est pas évident de revenir de blessure. Il a remporté 12 tournois du Grand Chelem. Il est trop bon pour ne pas revenir au sommet s’il le désire. Il est l’un des meilleurs joueurs de l’histoire. Il est capable de changer facilement la direction de la balle, ce qui est l’une des choses les plus difficiles à réaliser dans notre sport, pour trouver des angles incroyables. C’est Novak, ça. Et je trouve qu’à Rome, il a connu sa meilleure semaine depuis le début de l’année.

Que pensez-vous de David Goffin, que vous avez battu en demi-finale à Barcelone? De quoi est-il capable?

David est l’un des joueurs les plus complets de la planète. Il maîtrise tous les coups, il lit remarquablement le jeu et se déplace très bien. Chaque année, il s’améliore et il est l’un des meilleurs sur terre battue. Le premier set avait été très accroché (NdlR: l’Espagnol s’était imposé 6-4, 6-0), mais j’avais su garder une bonne intensité pour faire la différence. Et puis, c’est une très bonne personne, ce qui est peut-être le plus important. J’ai toujours eu une très bonne relation avec lui. L’an dernier, il avait été malchanceux à Paris, mais il a très bien réagi par la suite.

Il n’est pas le plus grand par la taille. Est-ce un désavantage dans le tennis moderne?

Il mesure combien? 1,80 m? Ce n’est pas si petit. Bien sûr, si vous êtes plus grand, comme Zverev, cela aide sacrément au niveau du service. Le filet est toujours à la même hauteur depuis je ne sais combien d’années et les joueurs ne cessent de grandir (sourire). Maintenant, Goffin est vif comme l’éclair. Et il est très talentueux. Il a tout pour devenir un grand joueur.

On parle beaucoup des records de Roger Federer. Mais vous aussi, vous en avez établi quelques-uns. Comme remporter dix fois Roland Garros. Y en a-t-il un qui vous tienne particulièrement à coeur?

Certainement. Quand vous réalisez des choses qui sont uniques, c’est toujours particulier. Il y a certains records qui me réjouissent. Je pense que durant X années, j’ai été le joueur à avoir réussi à gagner le plus de tournois du Grand Chelem d’affilée, avec toutes mes victoires à Roland Garros. J’ai aussi gagné 50 sets consécutifs sur la même surface. Maintenant, je ne m’y arrête pas, car je ne sais pas combien de records j’ai établi. Je ne m’en souviens pas. On aura tout le temps de voir cela au terme de ma carrière…

Justement, vous avez pratiquement tout gagné dans votre carrière. Quels sont encore vos objectifs?

Mon objectif est toujours le même: rester en bonne santé. Et le deuxième objectif est d’être heureux. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Si je suis en bonne santé, je suis heureux. Et je sais aussi que j’ai de bonnes chances de bien jouer au tennis et de gagner des titres. Après, je peux perdre aussi, c’est le sport. Et ce n’est pas un drame, n’est-ce pas?

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