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La galère des sans-grade du tennis

Loin des lumières de Roland Garros, de ses stars et des millions d’euros de gains, l’envers du décor est souvent sombre pour les sans-grade du tennis qui galèrent, comme Elixane Lechemia, dans l’anonymat du circuit secondaire.

A 25 ans, cette Lyonnaise, 344e joueuse mondiale et 19e française, est professionnelle mais ne gagne pas d’argent. Elle en perd même.

« Mon objectif est d’atteindre la 230e place mondiale afin d’être admise aux qualifications de l’Open d’Australie, en janvier. Il me manque environ 120 points », confie à l’AFP la jeune femme, qui a gagné trois titres en 2016 dans des tournois mineurs gérés par la Fédération international de tennis (ITF).

En 2013, selon une étude de l’ITF, 3.900 joueurs sur les 8.874 recensés dans le monde n’avaient perçu aucun gain sur le circuit masculin. Chez les dames, la proportion était de 2.212 sur 4.862.

Tous ne sont d’ailleurs pas classés: il faut au moins un point pour être répertorié à l’ATP (Association of Tennis Professionnals) qui régit le circuit pro masculin et trois points (obtenus dans trois tournois différents) pour la WTA (Women’s Tennis Association) et le classement féminin.

Le rang à partir duquel on cesse de payer pour jouer était le 253e mondial chez les dames et le 336e pour un garçon avec, pour une saison, un budget moyen autour de 40.000 euros, n’incluant pas les frais d’entraînement ni de coaches.

Le circuit pro français pour se renflouer

Pour les Français, s’engager sur le Circuit national des grands tournois (CNGT) est souvent plus avantageux. Les épreuves sont jouées en un week-end pour le tableau final et les frais sont pris en charge, à l’inverse des compétitions à l’étranger.

« Certains se consacrent à ce circuit pro français et gagnent correctement leur vie. D’autres, comme moi, viennent y jouer. C’est intéressant financièrement mais cela ne rapporte aucun point WTA, hélas. Il faut savoir planifier ses tournois », dit Elixane. Elle organise elle-même ses déplacements et son hébergement.

« Parfois, on fait du covoiturage pour se rendre au nord de l’Espagne ou de l’Italie, sinon c’est l’avion ou le train. On n’est jamais seule dans les chambres d’hôtel. Il faut mutualiser les frais. Ces calculs incessants peuvent user de l’énergie », explique-t-elle.

Pour compléter son budget annuel, il y a les championnats inter-clubs qu’elle dispute avec le TC Dardilly-Champagne (Nationale 3) mais aussi en Allemagne et en Italie.

Car les sponsors sont inexistants ou presque à ce niveau du circuit. L’aide financière de la famille ou de proches est parfois nécessaire et souvent sans retour, ou peu.

Elixane Lechemia a sollicité, sans succès, une invitation pour les qualifications de Roland Garros qui aurait été un vrai coup de pouce: une défaite au premier tour permet d’empocher 5.000 euros. La somme atteint 18.000 euros pour une élimination au troisième tour.

« Si je pouvais, je ne disputerais que des tournois internationaux et je n’irais pas chercher de l’argent sur le CNGT pour survivre », admet la joueuse qui vit encore chez son père.

Survivre

Survivre : le terme est lâché, et pourtant Elixane conserve toute sa passion et surtout le mental pour se battre. « J’ai toujours rêvé d’être professionnelle. J’ai débuté à huit ans mais je suis arrivée au haut niveau sur le tard, vers l’âge de 14 ans », dit-elle.

Finaliste du championnat de France juniors, elle était 600e à la WTA à 18 ans au moment d’intégrer le Centre national d’entraînement à Roland Garros puis de le quitter sans la réussite escomptée, à 21 ans.

Son séjour aux Etats-Unis, à l’Université de Caroline du Sud, où elle a décroché un « bachelor » en marketing et management entrepreneurial tout en disputant le championnat universitaire par équipes, l’a totalement remotivée et l’a décidée à tenter de nouveau sa chance sur le circuit en 2016.

A l’origine pour deux ans en espérant, avec « une grosse envie », réaliser enfin un premier rêve: atteindre des qualifications en Grand Chelem.

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