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La Coupe Davis, une passion française

La Coupe Davis a pris la poussière mais y toucher, c’est provoquer une levée de boucliers en France… Le rejet de la réforme tire sa source dans la passion, presque centenaire, tissée depuis la saga des « Mousquetaires » jusqu’aux épopées de la bande à Noah.

A lire et entendre ses défenseurs, la vénérable compétition par équipes, créée en 1900 par l’Américain Dwight Davis, est un patrimoine en péril et le ravalement de façade, censé lui redonner de l’éclat, une hérésie. « La fin de la Coupe Davis. Quelle tristesse. Ils ont vendu l’âme d’une épreuve historique. Sorry Mister Davis », a estimé le capitaine des Bleus Yannick Noah au sujet de la nouvelle mouture qui, si elle est validée mi-août, changerait radicalement la compétition.

Fini les déplacements partout dans le monde et les tournées en France lors d’un feuilleton à quatre épisodes… Place à un tournoi sur une semaine en novembre dans une seule ville, peut-être en Asie. Tel est le projet de la Fédération internationale, soutenu par le président de la Fédération française – et patron du comité Coupe Davis – Bernard Giudicelli.

Pour Noah, il est impossible de le cautionner. Après le sacre à Roland-Garros en 1983, c’est la Coupe Davis qui lui a fait vivre ses plus grandes émotions sportives. La finale remportée en 1991 à Lyon, lors d’un weekend prolongé à haute intensité dramaturgique, n’aurait pas eu la même saveur dans le format du futur porté par l’ITF.

– L’importance du triomphe de 1991 –

Avant que l’Olympique de Marseille ne remporte la Ligue des champions, que Zidane, Deschamps et consorts ne soulèvent la Coupe du Monde, que les handballeurs ne débutent leur success-story, le capitaine Noah et ses amis Henri Leconte et Guy Forget avaient écrit l’un des chapitres les plus mémorables de l’histoire du sport français.

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Tous les ingrédients du succès héroïque étaient réunis. D’un côté, un joueur revenu de nulle part, Leconte, en état de grâce, associé à Forget, qui venait de réussir sa meilleure saison. De l’autre côté du filet, la sélection américaine réputée imbattable, emmenée par deux des meilleurs joueurs de l’histoire, Pete Sampras et Andre Agassi.

Le triomphe tricolore, célébré en dansant la Saga Africa sur le court de Gerland, avait permis de renouer le fil avec les « Mousquetaires », lauréats six fois d’affilée du Saladier d’argent dans les années 1920-30. C’est d’ailleurs pour accueillir les Etats-Unis que le stade de Roland-Garros avait été créé en 1928…

Les succès de 1996 à Malmö au bout d’un ultime duel décisif où Arnaud Boetsch sauva trois balles de match contre Nicklas Kulti puis l’exploit réalisé sur le gazon de Melbourne en 2001, avec cette fois-ci Forget sur la chaise, n’ont fait qu’entretenir cet intérêt pour la Coupe Davis qui ne passionne plus les meilleurs aujourd’hui.

Pour Lucas Pouille, l’un des protagonistes de la reconquête de 2017, changer la Coupe Davis de cette manière, c’est la dénaturer. « Quand vous ne jouez pas à la maison, ou dans le pays contre lequel vous jouez, ce n’est plus la Coupe Davis. »

– Contestation moins marquée à l’étranger –

Ils sont nombreux, joueurs en activité ou anciens, à stigmatiser le projet de l’ITF: Arnaud Clément, Pierre-Hugues Herbert, Nicolas Mahut, Julien Benneteau, Amélie Mauresmo, ancienne N.1 mondiale et ex-capitaine de l’équipe de France féminine…

A l’étranger, le front de contestation semble moins marqué même si d’anciens N.1 mondiaux, les Australiens Lleyton Hewitt et Patrick Rafter, ainsi que le Russe Ievgueni Kafelnikov ont apporté leur voix aux critiques.

L’Américain Andy Roddick a lui salué la réforme. Parmi les stars actuelles, le Serbe Novak Djokovic la considère comme « une fantastique nouvelle ». Roger Federer, pour sa part, préconise une nécessaire transformation mais ne sait pas « si (cette réforme) c’est la bonne chose à faire ».

Le capitaine adjoint des Bleus Cédric Pioline juge la mutation « un peu extrême » mais reconnaît que le point de vue français « n’est pas représentatif de l’opinion internationale ». C’est comme si la Coupe Davis restait un événement à part en France, malgré son érosion. Raison de plus pour en profiter à Gênes ce week-end en quart de finale contre l’Italie. Ce sera peut-être le dernier match des Bleus dans le format actuel…

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