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« Je devrais faire des randonnées en montagne plus souvent »

Auteur d’un épatant retour au premier plan en 2018, Novak Djokovic briguera un septième titre à l’Australian Open, la première levée du Grand Chelem de l’année, qui commence lundi.

Novak Djokovic a vécu une année 2018 exceptionnelle. Encore 22e à l’ATP après Roland Garros, le Serbe, 31 ans, n’a quasiment plus perdu un match depuis pour terminer à la place de n°1. Et malgré une défaite en demi-finale à Doha, la semaine dernière, il partira favori de l’Australian Open, où il a déjà triomphé à six reprises.

Novak, l’an dernier vous aviez quitté l’Australie avec des doutes plein la tête après une défaite en huitièmes de finale. Là, vous y revenez en tant que n°1 mondial et favori pour un septième titre.

« C’est une longue histoire (sourire)… Quand je suis revenu en Australie, après six mois sans tennis, j’avais encore des douleurs au coude. Après ma défaite (NdlR : contre le jeune Sud-Coréen Chung), j’ai dû me rendre à l’évidence que l’opération était la seule issue. J’ai repris à Indian Wells et à Miami, mais ce ne fut pas une réussite. En fait, je n’étais pas prêt, mais j’estimais que j’avais perdu assez de temps. Ce fut une bonne leçon et j’ai remis mon ouvrage sur le métier. J’ai changé de raquette, opéré divers ajustements et tapé un nombre incroyable de balles à l’entraînement pour retrouver mes sensations. Et le déclic est arrivé à Wimbledon ! »

Vous vous y attendiez ? Roland Garros avait été une nouvelle déception après une défaite en quart de finale contre l’Italien Cecchinato…

« Si vous m’aviez posé la question après Roland Garros, j’aurais certainement émis des doutes. Je songeais plutôt à l’US Open. D’un autre côté, mes ambitions sont toujours très élevées et j’ai une part de moi qui croit dur comme fer en mes capacités. En tout cas, je n’aurais pas pu choisir plus bel endroit. J’ai toujours rêvé de gagner Wimbledon, depuis l’âge de 7 ans. Gamin, j’ai confectionné de nombreux trophées improvisés dans ma chambre. Cette quatrième victoire est donc très particulière, car je n’avais encore jamais été sérieusement blessé dans ma carrière. »

Que s’est-il passé après Roland Garros ? Car depuis, mis à part votre défaite en finale du Masters à Londres contre Alexander Zverev, vous avez pour ainsi dire tout gagné…

« Je me le demande encore (sourire). Pour tout dire, je sentais que je n’étais pas très loin du niveau souhaité, mais j’étais passé à côté contre Cecchinato. Cela m’avait terriblement frustré. Il fallait que je déconnecte. Avec mon épouse, nous sommes partis faire une randonnée dans les montagnes pendant cinq jours. Nous nous sommes isolés du monde et nous avons analysé les choses sous un autre angle. Ma femme m’a d’ailleurs épaté, car nous avons dû grimper pendant plus de trois heures pour atteindre le sommet. Sa détermination est incroyable ! Et depuis, le tennis est totalement différent. J’ai gagné Wimbledon, Cincinnati, l’US Open, et je suis redevenu n°1 mondial. Je devrais faire des randonnées en montagne plus souvent (sourire)… »

Saviez-vous que vous êtes aussi le premier depuis Marat Safin à terminer une année n°1 après avoir été classé au-delà de la 20e place durant une partie de celle-ci. C’est fou, non ?

« Je ne le savais pas. J’avoue que si vous m’aviez dit cela il y a six ou sept mois, j’aurais trouvé cela hautement improbable vu mon classement, 22e, et le fait que j’étais encore assez loin de mon meilleur niveau. Cela a été une année fantastique. Je suis très reconnaissant d’avoir réussi, avec l’aide de Marjan (NdlR : Vadja, son ancien coach qu’il a retrouvé) et de toute mon équipe, à retourner la situation. Mon jeu a bien évolué. J’ai aussi eu un peu de chance avec la blessure de Nadal, mais je suis très fier de la manière dont j’ai joué ces derniers mois. Cela me donne beaucoup de motivation pour la suite. »

Vous êtes l’un des rares joueurs à utiliser remarquablement la géométrie du court. Vous étiez fort en maths à l’école ?

« Pas spécialement (sourire). J’étais plutôt attiré par la géographie et les langues. Mais avec mon premier coach, Jelena Gencic, ma maman tennistique comme je me plais à l’appeler, nous avons beaucoup travaillé la psychologie et la stratégie du jeu. J’avais entre 7 et 12 ans. Elle me faisait lire des poèmes, écouter de la musique classique et regarder des tas de vidéos, de tennis et d’autres sports. Et elle mettait l’accent sur la recherche des angles, avec des frappes longues, puis court croisé. Elle avait fait la même chose avec Monica Seles et cela avait plutôt bien fonctionné. »

Vous avez rejoint Pete Sampras avec 14 titres du Grand Chelem suite à votre triomphe à l’US Open. Et vous n’êtes qu’à six succès des 20 de Federer. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

« Pete Sampras est une des légendes de notre sport. En outre, c’était mon idole. Le premier que j’ai vu à la télé quand il a gagné son premier ou deuxième Wimbledon. L’avoir rejoint à ce niveau, c’est merveilleux ! Vous savez, il y a dix ans, je n’étais pas si heureux de faire partie de la même génération que Federer et Nadal. Aujourd’hui, je le suis. J’ai le sentiment que nos rivalités m’ont aidé à devenir le joueur que je suis. Mon développement, ma carrière tennistique, c’est à eux que je la dois. »

Que pensez-vous de David Goffin ? Il a lui aussi été blessé récemment.

« C’est un gars très sympa. On s’entend bien, sur le court et en dehors. Il était et il reste l’un des joueurs les plus talentueux du circuit. Il a eu des moments où il jouait vraiment bien, puis il s’est blessé. Il a une bonne main et il est très rapide. C’est toujours quelqu’un qui peut représenter un vrai défi, sur n’importe quelle surface. »

Qu’attendez-vous de l’Australian Open ?

« C’est un tournoi qui arrive très tôt dans la saison. Il faut donc très vite être au top. J’ai essayé de me préparer le mieux possible. Je n’étais pas très heureux de ma défaite en demi-finale à Doha (NdlR : contre l’Espagnol Bautista Agut), d’autant que j’avais le match en mains, avec un set d’avance et servant à 4-3. Je n’étais peut-être plus très frais, vu que j’avais aussi joué en double avec mon frère, mais c’est ce que j’étais venu chercher : jouer un maximum de matches. Des quatre tournois du Grand Chelem, c’est ici en Australie que j’ai connu le plus de succès. J’espère que cela va continuer. Mon objectif, en tout cas, est de remporter le titre. »

À propos Novak, cette montagne que vous avez escaladé, comment s’appelle-t-elle ?

« La montagne Sainte-Victoire. Elle a été une source d’inspiration pour plusieurs peintres de la Renaissance. Je vous recommande de l’escalader. Des choses formidables se produiront dans votre vie (sourire)… »

Serge Fayat

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