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TAS : L’affaire Contador détruira-t-elle la lutte antidopage ?

Cette semaine se déroulent les auditions d’Alberto Contador concernant « l’affaire du clenbutérol » devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). El Pistolero pourrait bien démolir les fondations de la lutte antidopage.

Avant même le prononcé du jugement, l’affaire Contador est un triste exemple de la justice de classe. L’Espagnol a été contrôlé positif au clenbutérol il y a près de 500 jours, lors de la deuxième journée de repos du Tour 2010. Les auditions du TAS de Lausanne ne commencent que cette semaine et il n’y aura pas de jugement cette année. Le TAS aurait pu éviter l’obstacle en appliquant strictement le code de l’AMA, comme il le fait pour les petits poissons. L’article 2.1 estime les sportifs responsables de toute substance interdite présente dans leur corps. Ni la cause (transfusion sanguine ou contamination par la nourriture) ni la quantité n’ont d’importance.

La prudence des plus hautes instances sportives trahit leur peur. Il ne faudrait pas que la condamnation du triple vainqueur du Tour ait des conséquences sur la lutte antidopage. Hans Vandeweghe, directeur de la Ligue flamande et autorité en matière de dopage, compare l’impact possible de l’affaire avec les suites de l’arrêt Bosman. « Contador est multimillionnaire. Contrairement à la majorité des autres sportifs, il a les moyens d’aller en appel contre son éventuelle condamnation par le TAS. »

El Pistolero devrait d’abord se tourner vers un tribunal fédéral helvétique, comme Alejandro Valverde avant lui. « Mais cette voie est en contradiction avec le droit européen car l’Union européenne ne reconnaît pas le droit suisse. Contador peut se tourner vers la Cour européenne des droits de l’Homme. » Il placerait ainsi une bombe sous la procédure traditionnelle d’appel du TAS.

Il y a pire. Les avocats de Contador, parmi lesquels Jean-Louis Dupont, devenu célèbre suite à l’arrêt Bosman, pourraient contester tout le code de l’AMA à Strasbourg. Ce code stipule qu’un sportif contrôlé positif est coupable jusqu’à preuve du contraire. « En matière de dopage, la présomption de culpabilité suffit pour prononcer une condamnation alors que la procédure juridique normale s’appuie sur la présomption d’innocence », explique Vandeweghe. « Ce procédé ne tiendra jamais face au droit européen. » Valverde avait renoncé à la Cour européenne mais des preuves ADN l’accablaient. Contador, lui, est persuadé d’obtenir gain de cause à Strasbourg, puisqu’il n’existe aucune preuve de sa culpabilité.

Scientifiques et juristes planchent sur le sujet depuis 500 jours. Cherchent-ils l’ultime preuve contre Contador ou plutôt une échappatoire honorable ? Selon Vandeweghe, une issue possible serait un non-lieu pour Contador et l’instauration d’une norme plus élevée pour le clenbutérol. Actuellement, l’anabolisant est soumis à la tolérance zéro. Si l’AMA relevait le taux minimum, elle reconnaîtrait que le produit continue à être injecté par les éleveurs européens de bétail et peut donc se retrouver dans un steak.

Benedict Vanclooster, Sport/Foot Magazine

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