Kim Jong-Un © Reuters

La crise coréenne vire à l’affaire personnelle

Le Vif

Les tensions sur la péninsule coréenne ont pris vendredi une tournure personnelle entre les dirigeants du Nord et du Sud, qui se sont mutuellement menacés d’en finir avec l’autre.

Le leader nord-coréen Kim Jong-Un a ainsi supervisé des exercices d’artillerie consistant à simuler des frappes contre le bureau et la résidence de la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye.

Cette dernière a répliqué en accusant Kim de mener son pays « sur le chemin de l’autodestruction », laissant entendre qu’il était temps de changer de régime.

Le climat n’a cessé de se détériorer depuis le quatrième essai nucléaire nord-coréen début janvier, suivi en février par le lancement d’une fusée, largement considéré comme un essai déguisé de missile longue portée.

Les tensions ont redoublé du fait des manoeuvres annuelles conjointes entre les Etats-Unis et la Corée du Sud, actuellement en cours. Le Nord menace presque quotidiennement les deux pays de frappes nucléaires ou conventionnelles.

Pyongyang a encore menacé mercredi Park Geun-Hye et ses alliés américains d’une « fin misérable », affirmant se tenir prêt à plonger le bureau de la présidente dans « un océan de flammes et de cendres ».

Kim Jong-Un est allé au-delà de la simple rhétorique en supervisant, rapporte vendredi l’agence officielle nord-coréenne KCNA, des exercices d’artillerie avec des munitions réelles simulant des frappes contre Mme Park.

Ruines et cendres

« Des obus d’artillerie ont fusé comme l’éclair et frappé intensément et furieusement des cibles simulant Cheong Wa Dae et les organes de gouvernement rebelles à Séoul », affirme KCNA.

Cheong Wa Dae est le nom coréen de la Maison bleue, siège de la présidence sud-coréenne.

A en croire l’agence, il s’est agi des plus importants exercices du genre jamais menés, impliquant des « centaines de types différents » de pièces d’artillerie longue portée.

« Si les ennemis nous provoquent, la réplique implacable de notre artillerie réduira Séoul en ruines et en cendres », a déclaré Kim, selon KCNA.

Le Rodong Sinmun, organe du parti au pouvoir à Pyongyang, a publié dans son édition de vendredi une quarantaine de photos en couleur de cet exercice, montant le leader nord-coréen observant aux jumelles sur un banc l’artillerie et les batteries lance-roquettes pilonnant une île.

L’agence sud-coréenne Yonhap affirme sur la foi de sources militaires que ces exercices se sont tenus jeudi près de la ville côtière de Wonsan.

Lors d’une allocution vendredi, la présidente Park a affirmé que le Sud ne se laisserait « pas effrayer un instant par les menaces ».

« Avec les provocations irresponsables, le régime nord-coréen va s’engager sur le chemin de l’autodestruction », a-t-elle déclaré en relevant que la communauté internationale était unie autour de la même stratégie de sanctions contre Pyongyang.

« Nous avons aujourd’hui l’opportunité de provoquer un changement du régime nord-coréen », a-t-elle ajouté.

Les manoeuvres militaires américano-sud-coréennes sur la péninsule sont chaque année un facteur de tension entre les deux frères ennemis.

Cela a particulièrement été le cas cette année du fait de l’inclusion, dans ces exercices de défense entre les forces américaines et sud-coréennes, d’un scénario prévoyant des frappes pour « décapiter » la direction du régime nord-coréen.

L’agence KCNA précise que les tirs d’artillerie de jeudi sont une réponse directe aux opérations des « forces des gangsters que sont Park Geun-Hye et les Etats-Unis ».

Le Conseil de sécurité des Nations unies a imposé une nouvelle volée de sanctions contre le régime le plus isolé au monde en réponse à ses essais nucléaire et balistique prohibés.

Le Nord a du coup multiplié les annonces belliqueuses sur les progrès de ses programmes, affirmant ainsi être parvenu à miniaturiser des têtes thermonucléaires pouvant être placées sur un missile balistique, créant ainsi une « vraie » dissuasion nucléaire.

Pyongyang a également soutenu avoir réussi un exercice de simulation de la technologie relative à la rentrée dans l’atmosphère d’une ogive nucléaire, nécessaire pour mener à bien une frappe de longue portée.

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