Au Flamand inconnu

Que savons-nous du Flamand ? En vérité, pas grand-chose. Certes, on n’ignore pas qu’en été il met à notre disposition quelques kilomètres de plages qui sentent bon l’huile solaire et la gaufre de Liège (même qu’on se demande où il les range pendant le reste de l’année), mais on se doute bien que la Flandre ne se limite pas à ce cliché odorant. Heureusement, un sondage vient de paraître, éclairant notre lanterne sur ce voisin inconnu.

Une des questions demandait aux Flamands de définir leur identité. Les résultats n’ont pas déçu : 48 % d’entre eux se sentent d’abord et avant tout flamands. Eux, on les reconnaît facilement : ce sont ceux qu’il n’est pas nécessaire de payer pour qu’ils acceptent d’agiter des drapeaux au lion noir à l’arrivée des courses cyclistes. 37 % des sondés, par contre, revendiquent leur belgitude. Eux aussi, on les voit du premier coup : ils n’ont pas besoin d’un service voiturage pour aller assister à toutes les Joyeuses Entrées et s’égosiller à coups de  » Leve de Koning ! Leve de Koningin ! « . Enfin, 14 % des répondants disent, avant tout, être européens. Eux non plus, pas de problème pour les identifier : ils ont un grand sourire, le dimanche matin, quand ils font la file pour aller élire leur eurodéputé.

Attendez… 48 + 37 + 14, ça fait… 99 ! Il y a donc un Flamand sur cent qui ne se sent ni flamand, ni belge, ni européen. Mais alors, il se sent quoi ? Allemand et il attend avec impatience le retour de ses cousins germains (il risque d’attendre longtemps mais personne n’a le courage de le lui dire) ? Supporter du Club de Brugge ? Ressortissant de son village (et ceux du village d’à côté ne sont que de sales étrangers ?) Franstalig coincé là par une frontière linguistique qui lui est tombée dessus sans crier gare/station et qui, depuis, rôde le long du grillage pour tenter de trouver une brèche qui lui permettrait de revenir en francophonie ? Originaire de la planète Mars, même que, bientôt, une soucoupe va venir pour le ramener à la maison ? L’esprit se perd en conjectures, se dit que ce 1 % est diablement intéressant et regrette juste que 1 %, au total, ça ne fasse pas grand monde.

Alors, on relit un peu mieux les indications en tout petit à côté des résultats. Et on découvre que la marge d’erreur de cette enquête est de 4 %. Voilà que, tout à coup, nos Flamands inconnus ne sont plus 1, mais 5 % ! 5 %, ça fait déjà une minorité. Avec conseil consultatif, élu au parlement flamand et possibilité d’inviter un représentant du Conseil de l’Europe pour réclamer plus de droits, ce que les 95 % restants vont se dépêcher de leur refuser, comme d’habitude. Pas grave : Flamands d’origine extraterrestre, unissez-vous ! Ça ne fera probablement pas avancer le schmilblick, mais ça aidera à compliquer un peu plus nos institutions. Et ça, c’est jamais de refus.

Marc Oschinsky

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