Mon R.E.M. favori

Around the Sun est le plus beau et le plus hypnotique des dis- ques du groupe américain

CD chez Warner. R.E.M. en concert le 7 février au palais des Sports d’Anvers. Tél. : 0900 260 60 (0,45 euro/min).

A sa manière, le trio d’Athens reprend la méthode du protest-song des années 1950-1960, alors que le règne de la guitare était encore acoustique : trouver dans le dépouillement les ressources les plus inouïes pour dire non. Non aux formes les plus insidieuses du conservatisme et, donc, de l’actuelle surenchère Bush. Around the Sun n’est cependant pas à proprement parler une £uvre de protest û et encore moins un disque folk û mais un tissu de mélodies fluides, convoquées dans une enveloppe charnelle, qui dit deux ou trois choses contre l’aveuglement idéologique. Comme si R.E.M. avait voulu réaliser une médecine musicale aux composantes homéopathiques : donner de l’espace aux informations, dont chacune d’entre elles compte, énormément. Ainsi, les treize plages de ce treizième disque se marient toutes dans le sillon de la première : ce Leaving New York au pas rythmique posé, au refrain attachant. Un rêve de musique éveillée, comme le titre suivant, Electron Blue, ou encore la troisième plage, The Outsiders, qui accueille la prosodie rap de Q-Tip, lui aussi en roue libre d’hypnothérapeute.

Evidemment, on craint un peu que cette fausse quiétude n’amène la somnolence, mais c’est plutôt l’inverse qui se produit : après 13 morceaux, on n’a pas envie de sortir de ce cocon au confort XXL, pas envie de quitter les vapeurs vocales de Michael Stipe, les subtilités mélancoliques des guitares ou ces ponts d’orgue qui renvoient aux strates  » procolharumesques « . A deux ou trois reprises pourtant, R.E.M. accélère le pouls : sur Wanderlust et Aftermath, fières pop-songs, ou Final Straw, ce dernier directement inspiré de l’entrée en guerre des Etats-Unis en Irak. La rapacité des ego et de la géopolitique sous- tendent plusieurs textes que Michael Stipe a voulus moins métaphoriques qu’à l’habitude, même s’il ne sert jamais l’idéologie en suppositoires. En examinant de plus près les phrases de I Wanted to Be Wrong ou de la plage titulaire, on peut imaginer que cette dernière parle des dérives des médias soumis au pouvoir. Peut-être. Sans doute. R.E.M. est encore un mystère et doit le rester.

Ph.C.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire