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Huit raisons pour lesquelles les États-Unis lâchent des bombes en Irak et pas en Syrie

Le Vif

Les États-Unis se décident à lâcher des bombes en Irak alors qu’ils ne font rien en Syrie où se déroule pourtant un combat tout aussi sanguinaire qui a déjà fait plus de 160. 000 morts. Voici 8 points pour comprendre.

Depuis le moment où le président américain a donné son accord pour bombarder l’état islamique dans le Nord de l’Irak, une question taraude de nombreux esprits. Pourquoi les États-Unis interviennent-ils dans ce cas-ci alors qu’ils n’ont pas bougé le petit doigt pour la Syrie où depuis trois ans se déroule un combat sanguinaire ? Même lorsque la Syrie a franchi la ligne rouge en utilisant des armes chimiques, rien n’a été fait. Ce deux poids deux mesures posent question. Tentative de réponse en huit points.

1. La protection des Américains à Erbil Il y a deux mois, la ville de Mossoul est tombée dans les mains de l’EIIL (État islamique aujourd’hui). Malgré le fait qu’il s’agissait là de la deuxième plus grande ville d’Irak, il n’y avait, semble-t-il, toujours pas de raison d’intervenir. Ce n’est qu’à partir du moment où la ville kurde d’Erbil est à son tour tombée dans l’escarcelle de l’État islamique que les Américains sont montés au créneau. À côté des populations civiles, les États-Unis souhaitent également protéger ses troupes qui sont stationnées à Erbil. Par ailleurs, le pays a aussi un consulat dans cette ville. Et la dernière chose qu’il souhaitait, c’est de revivre le traumatisme que fut l’attaque du consulat dans la ville libyenne de Benghazi .

2. Le pétrole

La ville d’Erbil est aussi le centre névralgique de l’industrie du gaz et du pétrole dans le Nord de l’Irak. Ce qui est un gage de relative stabilité économique dans la région. Dans une interview dans les colonnes du New York Times, Obama jure que ce n’est pas la seule raison qui pousse les États-Unis à défendre la ville : « La paix et la croissance économique d’Erbil peut être un exemple à suivre pour le reste du pays. C’est quelque chose que nous devons défendre ».

3. Statuquo en Irak, nouvelle situation en Syrie

Les États-Unis expliquent leur attaque par le fait qu’il faut défendre les Kurdes de la région. En Irak, il existe un statuquo, ce qui n’existe plus depuis longtemps en Syrie. Il semble que le président américain souhaite maintenir ce qui est « bon » plutôt que de rétablir quelque chose qui est « mauvais ».

4. Le Kurdistan est partenaire fiable

Alors qu’il ne veut pas être mêlé aux deux guerres, Obama intervient tout de même en Irak, car il considère le Kurdistan irakien comme un partenaire fiable. En Syrie il n’existe rien de tel. En soutenant les Kurdes et en leur laissant la main, les États-Unis ne s’embourbent pas trop profondément dans le conflit. En Syrie les cartes sont moins claires et on ne sait pas quel parti est contre qui et plusieurs groupes extrémistes y sont actifs.

5. Bombarder l’EIIL serait aider Assad

En Syrie l’EIIL combat sur deux fronts. Le premier contre les rebelles et le second contre le régime de Bashar al-Assad. Si les États-Unis détruisent les positions de l’EIIL, ils aident indirectement Assad.

6. Bombarder Assad serait aider l’EIIL

Un argument que l’on entend aussi régulièrement est que si les États-Unis ne bombardent pas l’EIIL, il pourrait au moins mettre à genou le régime syrien. Mais là aussi c’est un jeu dangereux, car cela ne ferait que renforcer l’EIIL.

7. Nour al-Maliki a demandé de l’aide

Barack Obama se protège en argumentant que c’est le président irakien lui-même qui a demandé l’intervention des États-Unis. Et c’est également Maliki qui aurait approuvé l’intervention. Ce qui dédouane de facto les États-Unis. Pas complètement incompréhensible lorsqu’on connait le passé délicat des Américains en Irak. Grâce à la demande irakienne, les États-Unis n’ont pas eu besoin de demander l’autorisation du conseil de sécurité l’ONU. Pour la Syrie, une telle autorisation serait nécessaire, or la Russie a déjà mis son véto dans le passé. Et cela semble une évidence qu’une telle demande ne viendra probablement jamais d’Assad.

8. Le soutien international pour l’Irak

Juste avant l’annonce l’opération en Irak, le conseil de sécurité de l’ONU dénonçait les atrocités commises en Irak. Ils ont accusé l’organisation de l’État islamique de perpétrer des crimes contre l’humanité. Ce message fort laisse à penser que le conseil de sécurité n’est pas opposé aux attaques.

Annelies Van Erp

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