Vous êtes Cipollini ou Vanderhaeghe?

Le flamboyant Transalpin a obtenu la revanche dont il rêvait dans la lande limbourgeoise. Champion du monde au terme d’une saison pendant laquelle il avait pesté contre l’organisation du Tour de France, qui l’avait repoussé lui et son équipe, et avait annoncé sa retraite avant de revenir sur sa décision.

Il s’est ré-entraîné à fond les manettes et il a pu compter sur le dévouement total de sa squadra de choc: champion du monde. On ne saura jamais quel a été le rôle motivant du camouflet que Mario Cipollini reçut de Jean-Marie Leblanc l’été dernier, mais il aura certainement été important.

Dans les sports individuels, les athlètes peuvent être redoutables quand ils sont piqués au vif. Mais tous ne nourrissent évidemment pas leurs ambitions de ce combustible, et nombreux sont ceux qui, tétanisés par un contrecoup, sombrent. C’est la différence entre les champions et le reste du peloton, comme le dit le cliché.

Dans les sports d’équipes, c’est forcément différent. Un joueur de football qui s’offrirait une colère comme celle de Cipollini, c’est quasi impossible. On a déjà vu des joueurs quitter l’entraînement ou même le stade après un match en snobant totalement l’esprit et la discipline de groupe, mais tout se réglait toujours après une discussion en face à face avec l’entraîneur et/ou une amende. On ne se souvient pas d’un joueur qui a annoncé sa retraite pour des faits pareils.

Par contre, il y a ceux qui se fâchent souvent sur un terrain. Pour les entraîneurs, ce n’est pas nécessairement un problème. « Il faut des coaches sur le terrain aussi », disent-ils. Et puis, il y a les joueurs qui semblent ne jamais être contents sur le terrain et qui, une fois le match terminé, se répandent en commentaires peu sympas sur leurs coéquipiers.

Sur le terrain, ils râlent parce que certains ne sont pas de parfaits coéquipiers et, une fois le coup de sifflet final, ils se transforment eux-mêmes en mauvais coéquipiers!

C’est souvent le cas d’Yves Vanderhaeghe, un râleur de la pire espèce. (voir l’enquête page 32). On peut comprendre que son rôle ne soit pas agréable tout le temps parce qu’il est là pour boucher les trous laissés par les autres; un demi défensif de l’espèce la plus basique, pour ne pas dire la plus brute.

Vanderhaeghe constitue-t-il une exception footballistique, une espèce de joueurs vouée à la disparition tant son registre est prévisible? Actuellement, les techniciens les plus à la page ne font plus référence à de numéro 6 ou de numéro 10. On a tendance à parler de milieux de terrains qui doivent, de préférence, posséder pas mal de qualités différentes. Prenez l’équipe de France où Vieira a fini par remplacer Deschamps sur le plan numéraire sans jouer dans le même rôle. L’actuel entraîneur de Monaco ne marquait presque jamais, Vieira est plus offensif.

Vanderhaeghe, c’est sûr, possède une efficacité inversement proportionnelle à son élégance technique et c’est pour beaucoup d’observateurs une raison de le bouder. C’est vrai que quand on le voit à l’oeuvre, on prend de plein fouet la constatation que le football belge de haut niveau est ce qu’il est: batailleur mais jamais flamboyant. Et on en revient à Cippolini qui a poussé une colère de seigneur tandis que Vanderhaeghe râle sans arrêt comme un enquiquineur dans la circulation.

Qu’on replace ses coéquipiers sur le terrain, passe encore, mais à le voir évoluer, on a surtout l’impression qu’il exige tellement de replacements défensifs de leur part qu’il pense surtout à se protéger lui-même. Résultat des courses: l’équipe se déséquilibre vers un ultra protectionnisme, ce qui ne sied guère aux équipes un rien conquérantes.

Le pire serait que Vanderhaeghe demande à ses coéquipiers de l’aider à se présenter seul devant le but adverse comme la squadra a amené Cipollini à son sprint de champion…

John Baete

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