Informatique : les affaires reprennent

Souvent annoncée, mais pas encore vraiment constatée, la relance du secteur informatique semble enfin s’amorcer. Confirmation et analyse avec Luc Toorens, directeur de la société de services informatiques, Aubay

Informations : www.aubay.be

Plus de 320 salariés û dont une centaine issus du récent rachat d’un concur-rent û, en dix ans, l’entreprise Aubay a bien grandi. Au point de devenir, avec un chiffre d’affaires de 26 millions d’euros en 2004, un acteur majeur, mais discret, du secteur des nouvelles technologies belgo-luxembourgeoises. Dans son portefeuille de clients, de nombreuses pointures : police fédérale (élaboration de projets visant à traiter l’énorme masse de documents internes et administratifs), Belgocontrol (qui gère l’espace aérien du pays), banques, groupes d’assurances, acteurs majeurs des télécommunications ainsi que plusieurs ministères, dont ceux de l’Emploi, de l’Intérieur, de l’Economie… Que ce soit dans le public ou dans le privé, Aubay a donc pu suivre au mieux l’évolution des outils informatiques durant une époque clé pour le secteur.

 » Si je dois analyser les dix dernières années, explique Luc Toorens, je parlerais d’une évolution en trois paliers. Sans surprise, la phase la plus porteuse est antérieure à 2000. Avec le problème du bogue et du passage à l’euro, il y avait du travail pour tout le monde. J’en veux pour preuve la pénurie d’informaticiens. Même les plus mauvais trouvaient du travail. La deuxième phase, c’est-à-dire la crise, est arrivée très vite. De nombreux projets d’envergure ont été abandonnés, ce qui a nui à de nombreuses petites structures qui ont disparu ou se sont fait racheter. La troisième période, la reprise, a souvent été annoncée, mais n’est jamais arrivée. Pour notre société, le premier signe tangible de celle-ci n’est visible que depuis la fin 2004. Alors que c’était devenu une habitude, les précédentes années, aucun client ne nous a demandé une réduction drastique de nos tarifs. A tel point que l’on peut à présent envisager de les revoir à la hausse. Les commerciaux constatent également que les projets laissés en jachère ressortent des tiroirs. Le client envisage à nouveau de développer des solutions nécessaires à l’évolution de ses activités informatiques.  »

Résultat, le marché est à la recherche d’informaticiens.  » Je peux même dire, précise Toorens, que nous rentrons dans une phase de recrutement. Et, bizarrement, la chose n’est pas aisée. Alors qu’avant la crise les informaticiens bougeaient beaucoup, l’éclatement de la bulle Internet les a rendus casaniers. Ils rechignent à abandonner leur poste. Ils misent sur la stabilité de l’emploi et non plus sur les salaires mirobolants. Là où la course aux revenus était de mise, ils jouent, à présent, la sécurité.  »

Autre grande tendance du marché, les sociétés délèguent de moins en moins la totalité d’un projet à une société extérieure. Sauf dans les petites structures, qui travaillent généralement avec des progiciels (ensemble de programmes professionnels dédiés à un travail bien précis), les entreprises disposent à présent d’un service informatique interne.  » On ne vend donc plus de projets clés en main, continue Toorens. On travaille de plus en plus comme une société d’étude et d’audit ( NDLR : rédaction de cahiers des charges, élaboration d’architectures informatiques, conseils, organisation). Ce changement nous oblige à développer constamment notre expertise ainsi que notre capacité à injecter rapidement des ressources et du personnel sur un projet. Nous avons encore beaucoup de travail à effectuer en termes d’information. L’arrivée d’Internet a, par exemple, mis en exergue les problèmes liés à la sécurité. Le client est conscient de ce risque, mais celui-ci n’est pas encore une priorité en matière d’investissement. A nous de le convain- cre qu’une bonne sécurité devient vitale pour son entreprise. Mais, à mon avis, il va le comprendre très vite.  »

Vincent Genot

Vincent Genot

 » L’arrivée d’Internet a mis en exergue les problèmes liés à la sécurité. Le client est conscient de ce risque, mais celui-ci n’est pas encore une priorité en matière d’investissement  »

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