Carte blanche

L’open data, loin des geeks, près des gens

Aujourd’hui à Bruxelles se tient la conférence Open Belgium, une journée importante pour toutes celles et ceux qui s’intéressent à la transparence des données et à leur puissance pour notre démocratie.

Car l’ « Open data », c’est ça. C’est à la fois une philosophie d’accès à l’information, un mouvement, et une pratique de publication de données librement accessibles et exploitables. Et non, ce n’est pas un truc de geek. C’est un truc de citoyens. Et c’est ce qui le rend important et si utile.

L’accès à l’information et aux données occupe une place centrale dans nos sociétés modernes et connectées, particulièrement depuis l’apparition de l’internet mobile. Les autorités publiques, par leur fonction, disposent d’un grand nombre d’informations, concernant par exemple les espaces verts, les éclairages, les parkings, les arrêts de bus, les pistes cyclables,… Rappelons que les données publiques sont par définition… publiques. Elles appartiennent donc à tout le monde. A cet égard, elles devraient être largement et facilement accessibles, car elles représentent de formidables opportunités.

Pour notre démocratie, déjà, car elles signifient des citoyens mieux informés et plus impliqués, et des élus qui travaillent en toute transparence. Imaginez une commune qui publie ses données budgétaires pour que ses habitants puissent savoir quels sont les investissements réalisés ou vérifier si les engagements pris se traduisent en faits. Rendre accessible les infos publiques dont on dispose, c’est également faire gagner du temps et de l’argent à d’autres. Il n’est en effet pas rare qu’une administration commande une étude statistique déjà réalisée par une autre, simplement parce qu’elle n’en connaît pas l’existence.

Les données ouvertes sont aussi des trésors pour les journalistes et l’information au public, grâce à l’essor du datajournalisme, et représentent un vecteur important de développement économique.

Mais si l’open data, c’est si bien, pourquoi on n’en parle pas plus ? Parce que c’est une question de culture et d’habitudes. Parce que le réflexe ‘partage’ doit encore se généraliser, entre autres au niveau des administrations, pour que la mise à disposition des données publiques se fasse dans un format qui rend possible leur réutilisation.

La Belgique fait partie des pays dynamiques en la matière. C’est ce que nous dit le Portail européen des données, qui recueille les métadonnées (c’est-à-dire les données sur les données) des informations du secteur public disponibles sur les portails de données publics – dit Portails ‘Open Data’ – des différents Etats européens. En effet, le Portail européen des données indique que l’index de maturité de la Belgique est de 65,2 %.

Nous écologistes, nous voulons aller plus loin en matière d’open data et désirons mettre en place une vraie politique de données ouvertes en Belgique. Nous avons d’ailleurs déposé une proposition de loi, de décret, d’ordonnance à chaque niveau de pouvoir, pour que le monde politique s’engage et bascule dans un nouveau modèle plus transparent, plus collaboratif, plus efficace. Il faut aussi que les Gouvernements mettent en oeuvre les législations une fois qu’elles sont adoptées par les Parlements[1].

Pour nous, c’est simple, l’accès aux données publiques devrait être la règle, dans le respect du cadre prévu par le législateur. Et nous souhaitons également encourager les acteurs économiques à partager leurs données, anonymisées, quand elles représentent un intérêt pour la collectivité. C’est par exemple la clé d’outils collaboratifs ou d’app mobiles comme Too good to go qui lutte contre le gaspillage alimentaire en permettant aux enseignes ou aux restaurants de faire savoir ce qui reste à la fermeture. C’est également ce qui permet aux usagers des transports en commun d’obtenir les informations en temps réels concernant le trafic.

La transparence, dans le respect des balises concernant les données sensibles et de vie privée, bien sûr, on y gagne tous. Alors, allons-y !

[1] A titre illustratif, la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Wallonie ont adopté un décret conjoint en la matière en juillet 2017 mais la mise en oeuvre se heurte à l’absence d’arrêté d’application pris par les Gouvernements…

Margaux De Ré, entrepreneure spécialisée dans le secteur numérique et candidate Ecolo à la Région de Bruxelles-Capitale

Gilles Vanden Burre, député fédéral Ecolo

Stéphane Hazée, chef de groupe Ecolo au Parlement de Wallonie

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire