Que faire de votre épargne ?

Depuis l’éclatement du système des subprimes aux Etats-Unis, les investisseurs en Bourse ont subi des pertes parfois lourdes. Les actions belges ont baissé en moyenne de plus de 25 % depuis la mi-2007. Quelques clés pour bien investir en période de tempête.

Depuis quatre ans et les premiers signes de l’éclatement du système des subprimes aux Etats-Unis, les investisseurs ont vu la valeur de leur portefeuille boursier se réduire de manière significative. Le vendredi 5 août, les actions belges affichaient une perte moyenne de plus de 25 % depuis la mi-2007. Or l’actualité du weekend a été particulièrement lourde, avec la première baisse de rating sur la dette des Etats-Unis depuis la création des agences de notation, la réaction virulente des autorités américaines qui ont vertement critiqué cet abaissement et la réunion de la BCE dimanche soir en vue de parvenir à juguler l’hémorragie périphérique. En début de semaine, les places européennes et américaines ont à nouveau clôturé à la baisse tout en évitant le krach redouté.

Nous avons tenté de répondre à quelques grandes questions que les Belges se posent sur leur patrimoine financier et boursier, alors que cette crise financière semble ne pas devoir connaître de fin.

Le patrimoine des Belges est-il en danger ?

Non, du moins pas à court terme. Le portefeuille d’actions ne représente en fait qu’une petite partie du patrimoine financier des Belges. Ce dernier s’était contracté fortement à la suite de la crise de 2008. Les chiffres publiés annuellement par la Banque nationale de Belgique ont montré que le patrimoine a toutefois rapidement rebondi à partir de la mi-2009, notamment grâce à un taux d’épargne remonté vers des niveaux record en raison des craintes sur l’emploi dans la population. Dès la fin de 2009, le patrimoine financier repassait au-dessus de son niveau d’avant la crise.

Proportionnellement, l’épargnant belge a toujours investi une partie relativement faible de son patrimoine sur les marchés boursiers. Et la crise de 2008 n’aura fait que renforcer cette tendance. Les Belges sont restés très prudents dans leurs décisions patrimoniales. Au lieu de placer à nouveau une partie de leur épargne dans les Bourses ou dans les fonds communs de placement, ils ont préféré se tourner vers des produits qui offrent un rendement sûr, comme les comptes d’épargne ou les produits d’assurance-épargne, même si ces produits n’ont souvent offert au mieux qu’une protection relative contre l’inflation.

Alors que les actions cotées représentaient 7 % du patrimoine des Belges à la fin 2007, elles ne pesaient plus que 4 % à la fin 2010. Et les nouvelles de ces derniers mois n’auront clairement pas poussé les particuliers à revenir en masse vers les actions. La chute des marchés boursiers qui a caractérisé ces derniers jours n’aura donc clairement pas le même impact sur le patrimoine des Belges et sur leur consommation.

Quelles sont les causes de la crise actuelle ?

En fait, il s’agit plutôt d’une longue succession de crises provoquées par l’éclatement de la bulle immobilière américaine dans le courant des années 2007 et 2008. Le quasi-effondrement du système bancaire international a forcé de nombreux pays à s’endetter lourdement pour venir en aide aux banques en difficulté. Depuis le début 2010, c’est la crise des pays périphériques européens (Espagne, Portugal, Grèce, Irlande) qui a pris le relais, en faisant petit à petit vaciller la zone euro. Les plans d’urgence se succèdent sans qu’une fin semble se dessiner, et les gouvernements européens sont surtout parvenus à montrer les grandes difficultés à coordonner une réponse efficace. Dernièrement, ce sont des pays de moins en moins périphériques qui sont touchés.

De l’autre côté de l’Atlantique, la crise financière a laissé une économie très affaiblie, qui peine à redémarrer en dépit des importants plans de relance de la Banque centrale américaine. Les émissions de liquidités ont entraîné une baisse du dollar et une hausse des cours des matières premières. Les pays émergents étant de grands consommateurs de ces ressources, ils ont commencé à voir leur inflation décoller. En outre, d’autres événements plus imprévisibles comme le tsunami au Japon ou les troubles politiques en Afrique du Nord ont également joué un rôle dans la montée de la nervosité, sans parler des dissensions budgétaires entre démocrates et républicains aux Etats-Unis.

Ce ne sont toutefois pas directement ces événements qui font aujourd’hui craindre une vraie correction. Depuis le début 2010, les marchés ont évolué dans une bande étroite, sans parvenir à prendre une direction claire à la hausse ou à la baisse. L’indice BEL20 a ainsi oscillé entre 2 300 et 2 750 points sans parvenir à briser ces niveaux depuis plus de 18 mois. Or, depuis les séances des 3-4-5 août, ces niveaux ont été enfoncés vers le bas. Pourquoi maintenant ?

Les résultats des entreprises étaient jusqu’ici restés bien orientés, et avaient permis aux places de bien résister aux mauvaises nouvelles. Depuis quelques semaines, les résultats d’entreprise ont commencé à flancher, alors même que les prévisions de croissance économiques ont été abaissées un peu partout dans le monde. Dans une récente étude, les stratégistes du courtier international Morgan Stanley soulignaient d’ailleurs que la saison des résultats du deuxième trimestre 2011 était bien partie  » pour être la pire depuis le quatrième trimestre 2008 « . Privées de leurs derniers supports, les indices ont rapidement pris l’eau.

Faut-il diaboliser les agences de notation ?

Pour rappel, une agence de notation est mandatée par un émetteur d’obligations (public ou privé) afin de donner une note quant à la qualité des obligations qui vont être émises. Elles vont donc étudier en profondeur les comptes de l’émetteur, et donner un rating qui déterminera le taux à payer par l’entreprise ou l’Etat. Un rating AAA (le meilleur possible) permettra à l’emprunteur de payer un taux très favorable.

Le rôle négatif des agences de notation dans la crise des subprimes est indéniable. Elles ont fait preuve d’un aveuglement coupable et n’ont pas joué leur rôle d’informateur objectif envers les marchés financiers. Moody’s et Standard & Poor’s se faisaient à l’époque une concurrence acharnée sur ce segment en pleine croissance afin d’obtenir un maximum de mandats et ont souvent fermé les yeux sur les risques en octroyant des triple A sans quasiment faire de distinction, par appât du gain.

Aujourd’hui, elles semblent compenser cet excès de laxisme passé par une rigueur inflexible. Toutefois, comme le souligne Etienne de Callataÿ (économiste en chef à la Banque Degroof),  » tout ce qu’elles font ne doit pas être critiqué, et je trouve qu’elles restent très gentilles avec certains pays « . Pour ce qui est des baisses de ratings sur les dettes des pays périphériques, les économistes estiment généralement qu’elles étaient justifiées au vu de l’explosion de la dette dans ces pays, avec des moyens largement insuffisants pour pouvoir en assurer le remboursement.

FRÉDÉRIC LEJOINT

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