Entre bide et musique

Vincent Genot
Vincent Genot Rédacteur en chef adjoint Newsroom

Pour l’amour du kitsch et du second degré, de doux dingues ont puisé dans leurs économies pour lancer une radio Internet sur laquelle ne passent que de vieux standards un peu ringards

Informations : www.bodink.org et www.vorbis.com et www.sabam.be

V ictor le footbaliste, Ça gaze pour moi, Merguez partie, Com’ci com’ça (Comment ça va ?), Da da da ou bien encore La Danse des canards… A moins de plonger dans les vieilles caisses de 45-tours d’un ancien loueur de juke-box, il y a peu de chance de retomber sur ces chansons qui ont fait les grands soirs de tous les bistrots du pays.  » Il y a des morceaux de musique qui ont marqué leur époque avant de disparaître complètement des programmations des radios, explique Gilles Van Eylen. Avec trois amis, déjà présents dans l’équipe qui animait le site Bide & Musique, nous avons décidé de monter une radio en ligne qui ne passerait que d’anciens tubes oubliés. »

Le 1er avril 2005, radio Bodink est lancée sur le Net. Bodink ? Un clin d’£il à la pâtisserie bruxelloise composée de restes de boulangerie.  » C’est un grand mélange de plein de choses, rigole Van Eylen. Il est difficile de dire exactement ce qu’il y a dedans mais, en tout cas, c’est rond et c’est bon. Comme nos disques.  »

Pour la diffusion, le choix technique s’est porté sur le streaming. Il permet de commencer la lecture d’un flux audio au fur et à mesure de sa diffusion. Il s’oppose à l’écoute par téléchargement qui nécessite de récupérer la totalité d’un morceau avant de pouvoir l’entendre.  » Comme on ne peut pas enregistrer, et donc copier, les morceaux diffusés en streaming, le prix demandé par la Sabam pour les droits d’auteur est raisonnable. Actuellement, précise Van Eylen, nous payons 247, 53 euros par trimestre. Cela nous donne droit à 120 heures de diffusion hebdomadaire. Résultat, en semaine, nous émettons de 9 heures à minuit. Par contre, le week-end nous faisons la fête jusqu’à 4 heures du matin…  » Rayon compression (de la musique), Bodink à choisi de faire appel au format Ogg/Vorbis. Equivalent du format MP3, Ogg/Vorbis a l’avantage d’être totalement libre, là où une grande partie de la technologie MP3 est brevetée. Les sociétés détentrices de ces brevets exigent des redevances, non pas aux utilisateurs particuliers, mais bien aux compagnies qui conçoivent des logiciels et du matériel qui permettent de créer des fichiers MP3. Comme la radio émet actuellement grâce aux fonds de ses créateurs, Ogg/Vorbis est donc un sérieux moyen de réduire les coups de son fonctionnement.

Pour la récupération des vieux 45-tours, la collecte s’effectue principalement dans les trocs, les brocantes et les fonds de grenier. Quand un disque intéressant est déniché, il est dépoussiéré, encodé au format Ogg/Vorbis et sa pochette est numérisée. Le tout ira rejoindre la base de données qui contient déjà 450 morceaux. Comme le travail se fait de manière bénévole, principalement après les heures de boulot, le développement de la collection se fait petit à petit. La discothèque de la radio s’enrichit en moyenne de 7 nouveaux morceaux tous les dix jours.

A la création de l’ASBL, les quatre fondateurs ont mis chacun 500 euros dans le projet. Déduction faite des 1 000 euros payés à la Sabam chaque année et des 700 euros pour les frais de serveurs, Bodink a de quoi fonctionner pendant une année.  » Après, la suite de l’aventure déprendra beaucoup du nombre de nos futurs adhérents « , termine l’animateur. En effet, si l’écoute de la radio est entièrement gratuite, on ne peut y réaliser sa propre programmation qu’en payant 25 euros de cotisation. Mais, que ne ferait-on pas pour se repasser en boucle Banana split, Meurtre à Hawaï ou Partenaire particulier

Vincent Genot

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