Salade romaine

Appoline Lonlère à Rome, de Stanislas Cotton, nous emmène dans un étrange labyrinthe. Un monologue éblouissant, drôle, émouvant, interprété par une révélation

Martine est à la plage, Bécassine à Quimper. Et Appoline? Elle, elle passe quelques jours à Rome. En solitaire, libre comme l’air, histoire de mieux retrouver, au retour, son Nicéphore de mari, « son chou, son trésor enfoui ». Et puis, la Ville éternelle, celle où mènent tous les chemins, quel bonheur! Appoline connaît d’ailleurs bien le Capitole: un poster en est affiché chez elle, sur la porte des toilettes! La voilà dans sa chambre d’hôtel, prête à jouer les parfaites touristes. Tiens! Une lettre… Un mystérieux Gianfranco Tomacelli lui fixe rendez-vous. Légèrement inquiétant. Excitant, aussi…

Voilà notre Appoline, « Gauloise parmi les Romains », arpentant les rues de Rome, dans une étrange course-poursuite, se racontant des histoires, dévoilant ses facettes – petite fille perdue, femme amoureuse et coquette, ou très en colère façon « femmes au bord de la crise de nerfs » – et quelques fantasmes: l’espionne (nom de code: zéro zéro sexe) et la tombeuse de mecs (« un lit aux draps de satin l’attend dans chaque port »)… Mais elle est brave, Appoline: elle ne va quand même pas craquer parce qu’un inconnu lui laisse, à chaque rendez-vous, un autre message, qui lui en fixe un nouveau! Elle s’admoneste, cherche le siège éjectable, se reprend, tangue, appelle le public à son secours (« Qu’est-ce que tu ferais, toi, les gens? »), le prend à témoin de ses tribulations, jusqu’à la déflagration finale, au centre du labyrinthe…

Appoline Lonlère à Rome, de Stanislas Cotton – dont le récent et superbe Bureau national des Allogènes a fait un tabac, aux Martyrs, à Bruxelles – occupe une place de choix dans le Festival du monologue de l’L, à Bruxelles, joliment intitulé Enfin seul. Un festival où fourmillent jeunes auteurs, comédiens et metteurs en scène. En l’occurrence, le texte de Cotton est empoigné par deux toutes jeunes femmes surdouées, à découvrir d’urgence: la metteuse en scène Laure Bourgknecht et la comédienne Maryse Dinsart, qui sort de l’école… Eblouissante de charme et de talent!

Bruxelles, l’L, 7, rue Major René Dubreucq. Les 14, 15 et 16 mai. Tél.: 02-512 49 69. Texte édité chez Lansman.

Elisabeth Mertens

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