Pierre Bilic

Midas Duchâtelet a un problème

L’argent ne brille pas toujours de la même façon : nos stars de la D1 ont intérêt à s’inspirer de l’exemple de Lionel Cox, héros olympique du tir à la carabine couché à 50 m. A force de volonté, le Liégeois – qui sourit tout le temps – a placé son sport sous les spot-lights. Mais pas question pour lui d’imiter le dieu Midas qui transforme tout ce qu’il touche en or.

Par Pierre Bilic

Par contre, il a beaucoup été question de fièvre jaune au plus haut niveau du foot belge. Ron Jans n’a pas encore ajouté le moindre carat à sa ligne d’attaque, muette depuis le début de la saison. Alors qu’on l’attend en haut de l’affiche, le Standard est en panne d’inspiration à la construction et de confiance dans le dernier geste. Comme John van den Brom à Anderlecht, le sympathique Jans découvre notre D1, pauvre en joueurs de haut vol mais qui mettent la gomme quand il faut se replier avant de lancer des contres.

Les coaches néerlandais ignorent cet aspect des choses. Quand Christoph Daum a pris la succession d’ Adrie Koster au Club Bruges en 2011-2012, il a été effrayé par la pauvre condition physique de ses joueurs. Georges Leekens n’a pas encore réglé ce problème ; son équipe, victorieuse chez les Zèbres et en tête du championnat, n’a pas laissé un impression de grande fraîcheur à Charleroi. Le voyage européen à Copenhague n’explique pas tout. Du côté de Waasland Beveren, le staff a été déçu par le déficit de préparation de Karim Belhocine, venu de Sclessin et qui occupe une place de choix dans l’organisation défensive de Dirk Geeraerd. Ce retard s’explique par son temps de jeu limité en 2011-2012 ou par une remise en jambes pas assez poussée cette saison.

Pour le Standard de Jans, Jean-François de Sart et Roland Duchâtelet, les prochains rendez-vous, dont le voyage à Charleroi, le 19 août, valent déjà leur pesant de confiance retrouvée ou de doute confirmé. En attendant, et même s’il n’y a pas encore le feu au lac, Midas Duchâtelet a un problème.

Le trésorier d’Anderlecht, lui qui a vu 11 millions d’euros s’évaporer suite à l’annulation du transfert de Matias Suarez (inflammation du tendon rotulien) au CSKA Moscou a un souci aussi. Herman Van Holsbeeck a bien communiqué en affirmant que son club « a transféré le Soulier d’Or ». La vérité réside ailleurs : ce pactole était nécessaire pour renforcer l’équipe, surtout en défense et les négociations avec Niklas Moisander, l’arrière central d’AZ, ont été suspendues. Et dans quel état physique (opération ou repos) ou mental (sa déception est énorme), reviendra Suarez, parti se reposer et se soigner en Argentine ? Tout cela augmente la pression sur les épaules des joueurs qui doivent se qualifier pour les poules de la Ligue des Champions. Ils sont payés rubis sur l’ongle, c’est à leur tour de rendre des intérêts, histoire de ne pas donner raison à feu Roger Petit qui, comme Jean-Paul Colonval nous l’a rappelé récemment, affirma un jour que « les joueurs deviennent de plus en plus riches et les clubs de plus en plus pauvres ».

Et 50 ans après le premier exploit européen d’Anderlecht (le 26 septembre 1962, les Mauves éliminent le Real Madrid en 16e de finale de la C1 : 1-0, but de Jef Jurion après le 3-3 du match aller), une belle campagne européenne rendrait de l’éclat à l’étoile mauve. Si Anderlecht a rendez-vous avec son histoire, il en va de même pour les Diables Rouges qui, le 15 août, se mesureront pour la 125e fois de leur histoire aux Pays-Bas. Pour ce match amical, ils demandent aux supporters de venir au stade Roi Baudouin tout de rouge vêtu. Belle campagne de communication mais, maintenant, le plus important en vue du début des qualifications pour le Mondial 2014, est qu’ils jouent comme des Diables Rouges, ce qui n’est plus arrivé depuis longtemps. Marc Wilmots se multiplie mais c’est sur le terrain que les Midas d’aujourd’hui doivent transformer les rêves en (or) réalité.

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