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L’incendie d’un hangar relance le débat contre les abus

L’incendie de Wingene où deux chauffeurs polonais sont morts relance le débat sur les conditions pénibles des chauffeurs étrangers et les abus du secteur.

Les conditions de vie des chauffeurs routiers polonais avaient déjà suscité des questions avant l’incendie qui a ravagé un hangar à Wingene. L’Inspection du logement avait été envoyée sur place, mais s’était vu refuser l’accès au bâtiment, confirme le bourgmestre de Wingene, Hendrik Verkest.

Selon le bourgmestre, le bâtiment consistait en une habitation et une vieille annexe servant d’atelier de menuiserie. Officiellement, une seule personne y était domiciliée, mais onze personnes, toutes polonaises, y habitaient en réalité. « La semaine dernière, l’Inspection du logement et un fonctionnaire communal ont été envoyés sur place, mais ils se sont vu refuser l’accès à l’immeuble », explique le bourgmestre.

Le problème des marchands de sommeil concerne de nombreuses communes, selon M. Verkest. Deux personnes sont mortes dans l’incendie qui a totalement détruit le hangar où dormaient ces chauffeurs polonais. Quatre personnes ont été blessées, dont deux ont été emmenées au centre des grands brûlés de Neder-over-Heembeek.

« les chauffeurs vivent souvent dans des conditions lamentables » Le syndicat socialiste du transport FGTB-UBOT n’est pas surpris des événements survenus à Wingene, où deux chauffeurs polonais ont perdu la vie dans l’incendie d’un hangar où ils dormaient. « Nous avons prévenu à de nombreuses reprises que ce genre de choses risquaient de se produire », a indiqué Frank Moreels, secrétaire fédéral de l’UBOT.

Sans vouloir s’exprimer sur ce cas individuel, le secrétaire fédéral indique n’être pas surpris. « Très régulièrement, les chauffeurs étrangers vivent dans notre pays dans des conditions difficiles, en ce qui concerne tant le confort que la sécurité », souligne le syndicaliste.

Enfermés durant le week-end

Ainsi, certaines entreprises de transport enferment leurs chauffeurs étrangers -Polonais, Slovaques, Roumains et autres Européens de l’est- pendant le week-end. « Les chauffeurs travaillent pendant la semaine, puis reviennent dans l’entreprise le week-end et doivent y rester. Ça coûte moins cher. »

L’UBOT a déjà régulièrement dénoncé ces pratiques dans un livre noir, et cartographié les problèmes à l’Inspection sociale. « Ils font ce qu’ils peuvent, mais ils sont en sous-effectifs. Il s’agit souvent de dossiers difficiles qui doivent être traduits. » La CSC-Transcom déplore elle aussi les événements de dimanche matin et pointe la concurrence « mortelle, parfois même littéralement ».

Crombez : la lutte contre les abus est nécessaire

« Ce genre d’événements est dramatique, mais cela témoigne de la nécessité de lutter contre les abus. Nous sommes occupés à adapter la législation. Nous avons essuyé quelques critiques, on nous a reproché d’être trop strict, mais ceci démontre que (ce que nous faisons) est plus que jamais nécessaire », a réagi le secrétaire d’Etat à la Lutte contre la fraude, John Crombez.

Deux personnes sont décédées dans l’incendie qui a totalement détruit le hangar où dormaient des chauffeurs polonais. Quatre personnes ont été blessées, dont deux ont été emmenées au centre des grands brûlés de Neder-over-Heembeek. Des questions subsistent après cet incendie. Seule une personne était domiciliée sur le site, mais dix autres séjournaient sur place.

La section Transports de la FGTB a une nouvelle fois dénoncé dimanche les conditions dans lesquelles sont parfois amenés à travailler des chauffeurs étrangers, souvent des Polonais, Slovaques et Roumains. John Crombez souhaite revoir le modèle de responsabilité en cascade des entreprises en cas de fraude et s’attaquer au phénomène des faux indépendants. Le gouvernement a également annoncé une intensification de la lutte contre la concurrence déloyale.

LeVif.be avec Belga

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