Le retour de la Biennale

La 5e Biennale inter- nationale de Charle- roi/Danses rend hommage à l’esprit d’aventure des dan- seurs et des choré- graphes, sous le titre de Passengers

Biennale internationale de danse, à Charleroi, Bruxelles, Mons et Liège. Du 19 mars au 3 avril. Des  » bus cocktails  » se chargent des navettes entre les différents lieux. Tél. : 0800 50 142.

Depuis 1999, la Biennale interna- tionale de Charleroi/ Danses était entrée en léthargie. Faute de moyens suffisants pour maintenir le festival à un niveau international, le calendrier de la Biennale avait été suspendu. Un large public sera donc fort heureux d’apprendre que ces questions sont réglées, et que la Biennale est enfin sortie du purgatoire.

Pour Frédéric Flamand, chorégraphe et directeur artistique de Charleroi/ Danses, l’aspect international est un point très important du festival. Cela permet, par exemple, de confronter le travail de nos chorégraphes à celui d’homologues étrangers de premier plan. Cela induit aussi une meilleure mobilisation des programmateurs étrangers ainsi qu’une plus large couverture médiatique hors frontières. Un impact fort bénéfique pour nos créateurs.

La cinquième édition de la Biennale est intitulée Passengers. Ce thème est conçu comme un hommage aux artisans de la danse, dont la vie est scandée par les auditions et engagements dans de nombreux pays. Hommage, également, à l’engagement de ces artistes dont la quête d’expériences nouvelles est liée à l’inévitable brièveté de leur carrière. De ce fait, les danseurs vivent au plus près les évolutions et changements, également appelés métissage et flexibilité, du monde actuel. Sous divers angles, tous ces éléments se côtoient ou coexistent dans une programmation qui compte nombre de créations mondiales et de premières en Belgique.

Vu l’importance de cette très alléchante affiche, impossible de détailler tous les spectacles. Notons néanmoins, aux deux extrêmes de l’échelle des moyens mis en £uvre, la reprise en version frontale du fort plastique Silent Collisions, de Frédéric Flamand associé à l’architecte Tom Mayne, et du solo hyper-artisanal de Ida De Vos avec son Emma, bricolée avec conviction.

Le festival s’ouvrira avec le très attendu Two Thousand and Three, de Gilles Jobin : les dix-neuf danseurs du Ballet du Grand Théâtre de Genève feront sensation avec ce spectacle hors normes à plus d’un égard. Il y a là quelque chose du chaos des origines présenté un peu à la manière d’un Jérôme Bosch du xxie siècle : corps tourmentés, torses tordus, extases et mêlées étranges. Un spectacle brillant et un langage radicalement neuf. Autre démarche pour le moins originale, celle d’André Gingras. En mettant en parallèle l’évolution des plantes û processus d’hybridation û avec celle de l’humanité, ce chorégraphe a imaginé un langage qui évoque la dynamique du monde végétal. Dans ce spectacle, The Lindenmeyer System, l’activité des danseurs se mêle à un flot d’images et de vidéos sur le thème de la migration. Autre chorégraphe bien typé, le Britannique Wayne McGregor nous propose avec Nemesis une exploration du potentiel créatif entre la fusion de la danse, d’Internet et de la technologie digitale. Une démarche sophistiquée.

Les mutants

Outre les spectacles venus de l’étranger dits  » premières en Belgique « , les soirées  » créations  » sont toutes estampillées Communauté française : une chance de pouvoir découvrir en primeur des chorégraphies qui promettent de fameux moments, et un solide avenir international. Le plaisir esthétique sera très certainement présent grâce à Nicole Mossoux et à Patrick Bonté, qui ont longuement peaufiné Générations, une installation-performance qui réunira douze danseurs, chacun vissé à son socle placé sous les verrières du BPS22, un nouveau lieu à découvrir à Charleroi. Plaisir aussi de retrouver quelque chose d’ Inouï, en compagnie de Pierre Droulers. Cette création prend le contre-pied du  » terrorisme du spectaculaire  » au bénéfice d’instants privilégiés au c£ur du familier et du banal. Enfin, plaisir de retrouver un Erik Satie peu connu avec Socrate, un drame symphonique. Le chorégraphe Thierry Smits a eu la bonne idée de ressortir cette pièce musicale et de la traiter selon la version imaginée par le compositeur John Cage pour le chorégraphe Merce Cunningham. Gageons qu’avec ces Reliefs d’un banquet, qui est finalement le titre de ce spectacle, Thierry Smits réussira ce projet à la fois lyrique et chorégraphique.

Question musique, la compositrice et chorégraphe Sarah Goldfarb suggère un A4 Quatuor : deux chanteuses et deux danseuses, des vidéos projetées sur quatre écrans, et une musique live donnée par un quatuor. Le résultat pressenti par Sarah Goldfarb serait de l’ordre de la vie privée et de la vie publique, du secret et du divulgué, de la musique instrumentale et du chant. Mystérieux et tentant…

Enfin, un peu à part et pour parfaire cette Biennale qui ne promet aucune dissonance, impossible de ne pas mentionner les fameux Portraits dansés, une installation vidéo d’une durée totale de cinq heures signée Philippe Jamet et qui parle du langage du corps à travers le mon- de.

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