La peur de l’été

Elections palestiniennes le 17 juillet : Abbas et les Israéliens redoutent la montée en puissance du Hamas

De notre correspondant à Tel-Aviv

Interrompre le retrait de la bande de Gaza si le Hamas remporte les élections législatives palestiniennes du 17 juillet prochain : cette proposition du ministre israélien des Affaires étrangères, Silvan Shalom, à l’occasion de la fête de l’indépendance de l’Etat hébreu, a aussitôt été rejetée par l’entourage d’Ariel Sharon. Le Premier ministre affirme que le démantèlement des colonies débutera bel et bien le 15 août comme prévu. Ladite proposition montre cependant l’embarras des responsables israéliens face à la montée en puissance du Mouvement de la résistance islamique lors de la troisième tranche du scrutin municipal palestinien, le 5 mai.

En effet, selon les résultats (toujours non officiels puisque l’Autorité palestinienne refuse de les publier), le Hamas  » pèserait  » un peu plus du tiers de l’électorat des territoires palestiniens (de 33 à 35 %), alors que le Fatah, le parti laïque dominant, aurait récolté de 56 à 58 % des suffrages.

A priori, la formation de Mahmoud Abbas conserve donc sa suprématie, même si elle perd une partie de son influence. Cependant, la plupart des commentateurs estiment que, d’ici au 17 juillet, le non-respect par Israël de ses engagements pris lors du sommet de Charm el-Cheikh risque de conforter encore l’opposition islamiste. En effet, coup sur coup, Israël a annoncé le gel du transfert à l’AP de 3 des 6 grandes villes palestiniennes de Cisjordanie (les trois autres restant encerclées), ainsi que la suspension des négociations sur la libération des prisonniers palestiniens  » aussi longtemps qu’Abbas ne prendra pas les mesures adéquates pour combattre le terrorisme « .

Du pain bénit pour le Hamas, qui dénonce  » la politique d’Abbas qui ne mène les Palestiniens nulle part « . Conscient du danger, le président de l’AP adopte un profil bas. Il compte d’ailleurs sur son prochain voyage à Washington (fin mai) et, peut-être, sur un nouveau sommet avec Sharon (les discussions préparatoires se poursuivent) pour redorer le blason de son parti avant le 17 juillet. Mais plusieurs dirigeants du Fatah estiment que cela ne suffit pas. Le parti soutient d’ailleurs un projet de loi visant à modifier le système électoral, afin de réduire la représentation du Hamas. Son examen par le Conseil législatif palestinien a débuté mardi.

Serge Dumont

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