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Rubygate: « Berlusconi n’ira pas directement en prison »

Le Vif

Le Cavaliere Silvio Berlusconi vient d’être condamné à sept ans de prison dans l’affaire du scandale sexuel du Rubygate. Quel sera l’impact de ce verdict sur la vie politique italienne? Les réponses de Fabio Liberti, chercheur à l’IRIS.

Après 27 mois et une cinquantaine d’audiences, l’ancien chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a été condamné ce lundi à sept ans de prison et à une interdiction à vie d’exercer un mandat public par le tribunal de Milan dans le cadre du Rubygate. Cette décision peut-elle peser sur la vie politique de la péninsule?

Berlusconi devrait éviter la case prison Une fois de plus, « Silvio Berlusconi n’ira pas en prison ce jeudi soir », affirme Fabio Liberti, chercheur à l’IRIS. « Nous ne sommes pas encore au dernier degré du jugement. » Si le Cavaliere décide de faire appel, le verdict définitif n’arrivera que dans quelques mois, en octobre. Un recours qu’il déjà utilisé dans le cadre de l’Affaire Mediaset pour annuler sa condamnation en appel à un an de prison et à une interdiction de mandat public pendant cinq ans.

D’après le Corriere delle Sera, l’ex-Premier ministre a prévu de profiter de la prochaine réunion de son parti pour faire une apparition à la télévision et ainsi casser son long silence médiatique. La prison ne semble pas au programme.

Réveiller une crise politique? Aucun intérêt

La conclusion du Rubygate ce lundi ouvre une semaine cruciale pour le destin du gouvernement Letta. D’après Fabio Liberti, « si Berlusconi se sent trahi, il peut tout à fait demander à son parti de retirer son soutien au gouvernement. » En effet, le spectre d’un contrat tacite entre le Cavaliere et le président de la République, Giorgio Napolitano, sur une éventuelle protection judiciaire, a longtemps plané sur la formation du gouvernement de coalition. Plusieurs journaux comme La Stampa, ont vu dans la conciliance de Berlusconi un moyen de s’attirer les faveurs du droit de grâce dont bénéficie Napolitano en tant que président du Conseil supérieur de la magistrature.

De la même façon qu’il a aidé le gouvernement de coalition à voir le jour, le retrait du soutien de Silvio Berlusconi pourrait être fatal à l’équipe d’Enrico Letta. Mais il est « peu probable que Silvio Berlusconi fasse ce choix », explique Fabio Liberti. « S’il choisit cette option, il n’y aura plus de majorité parlementaire et le gouvernement serait contraint de démissioner. Dans ce cas, la balle est dans le camp du président de la République: soit ce dernier choisit de dissoudre le Parlement et enclenche de nouvelles éléctions, soit il fait appel au Mouvement 5 Etoiles pour créer un nouveau gouvernement, qui cette fois-ci sera hostile à Silvio Berlusconi. »

Il tient bon face à l’opinion

Les altercations entre des pro-Boccassini -la procureure en charge du Rubygate- et des pro-Berlusconi ce lundi devant le tribunal de Milan peuvent laisser entrevoir une population indignée par la saga Berlusconi. Pourtant, les déboires du Cavaliere ne semblent pas interférer dans le vote des Italiens. Pour Fabio Liberti, ses déconvenues avec la justice sont « une évidence solaire pour les Italiens », et ne semblent pas faire obstacle à sa popularité en politique. Pour le chercheur, le succès du candidat demeure dans sa politque accomodante avec l’évasion fiscale ou encore dans sa guerre contre les très impopulaires taxes d’habitation et foncière pour les résidences secondaires réinstaurées par Mario Monti.
D’après Fabio Liberti, Silvio Berlusconi bénéficie encore d’une aura importante auprès des Italiens. « Sorti victorieux des dernières élections, il se raccroche à sa légitimité populaire. Le voir menotté aurait une symbolique très forte en Italie, mais nous n’y sommes pas encore. »

Par Sophie Badie

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