Au bout de soi-même

Sportif belge hors norme, Arnaud Van Schevensteen, unijambiste, multiplie les exploits et les aventures

Le 10 juillet 2003, midi. Arnaud Van Schevensteen a réalisé son rêve : il vient de réussir l’épreuve la plus difficile de sa vie en atteignant le sommet du Cervin à 4478 m d’altitude. Ce n’est pas un sportif comme les autres. Suite à un cancer contracté à l’âge de 10 ans, il a été amputé de la jambe gauche. Cela ne l’a jamais empêché d’aller de l’avant et de relever les défis les plus fous. Le Cervin, mythique dent pyramidale à la frontière entre la Suisse et l’Italie, est sans doute le plus beau et le plus fameux sommet des Alpes. Il a fasciné des générations d’alpinistes. Même les plus chevronnés le considèrent comme une montagne difficile et dangereuse. Son ascension n’a été réussie pour la première fois qu’en 1865 par l’Anglais Edward Whymper après 14 tentatives réparties sur huit années. Mais cette victoire est endeuillée par une terrible tragédie : à la descente, 4 des 6 compagnons de cordée de Whymper font une chute mortelle de plus de 1000 mètres. Aujourd’hui encore, à peine la moitié de ceux qui tentent l’assaut du Cervin y parviennent et on y dénombre une dizaine de morts chaque année.

Arnaud est le premier unijambiste à le vaincre. Mais avant tout, il a surmonté son handicap. Son courage étonne le monde entier. A posteriori, lui-même n’en revient pas de ce qu’il a accompli. Il décrit cette expérience comme merveilleuse mais douloureuse (il a perdu 8 kg en deux jours).

Cet aventurier hors norme n’en est pourtant pas à son premier exploit. Adepte du ski, il a, en 1994, fait partie de la sélection belge pour les Jeux paralympiques de Lillehammer mais n’a pas pu partir. Aiguillonné par l’esprit de compétition, motivé par cette première expérience de dépassement de soi, il s’oriente alors vers le sport automobile qui l’a toujours passionné mais semble inaccessible.

Sa détermination et sa persévérance sont enfin récompensées en 1999. Sa combativité et son enthousiasme communicatif emportent l’adhésion d’un sponsor et, avec l’accord de la FIA, il se voit confier le volant d’une BMW aux 24 heures de Francorchamps. Son équipe se classe 15e. En 2000, Arnaud Van Schevensteen participe avec son ami Lionel Jadot au Paris-Dakar à bord d’une Toyota Land Cruiser. Parallèlement à sa carrière de sportif automobile qui progressera avec une nouvelle course à Francorchamps au volant, cette fois, d’une Lamborghini de 600 CV, il assouvit une nouvelle passion, la montagne, en gravissant durant l’hiver 2000-2001 le Kilimanjaro, point culminant de l’Afrique à 5895 m. En juillet 2001, il parvient au sommet du mont Blanc (4807 m) mais il n’y est pas le premier unijambiste car un Français, Benoît David lui a brûlé la politesse à vingt-quatre heures près. Qu’à cela ne tienne, Arnaud sera le premier unijambiste à descendre le mont Blanc à ski par la face nord !

Sportif dans l’âme, jamais en reste de nouvelles aventures, il traverse, en juin dernier, la Manche en jetski. Il rêve de concourir un jour aux 24 heures du Mans et projette rien moins que de gravir en 2006 le Mustagata (7 546 m), en Chine.

Pleinement épanoui dans sa vie professionnelle autant que sportive, entouré d’amis fidèles et marié depuis peu à Ségolène van der Straten Waillet, une jeune femme passionnée de théâtre, Arnaud Van Schevensteen est, à 34 ans, un homme comblé.

Il estime modestement qu’il n’a de leçon à donner à personne mais se déclare heureux si la médiatisation de ses exploits contribue à donner de la pêche à certaines personnes découragées.  » Un handicap est bien plus souvent moral que physique « , pense-t-il. Il est décidé à ne pas laisser le sien faire obstacle à la réalisation de ses rêves.

Walter Simonson

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