Karzaï accuse Washington d’avoir soutenu ou conduit des attaques attribuées aux talibans

(Belga) Le président afghan Hamid Karzaï, dont les relations avec les Etats-Unis sont au plus bas, accuse l’armée américaine d’avoir soutenu, voire conduit une partie des attaques attribuées aux talibans, a rapporté mardi le Washington Post.

Citant un conseiller de la présidence afghane s’exprimant sous couvert de l’anonymat, le Post affirme que le président afghan a dressé depuis plusieurs années une liste de plusieurs dizaines d’attaques rebelles derrière lesquelles se cacherait en fait Washington. Selon Karzaï, les Etats-Unis seraient notamment impliqués dans l’attentat suicide commis le 17 janvier contre un restaurant de Kaboul fréquenté par les expatriés qui fit 21 morts. « Karzaï et certains de ses principaux conseillers soupçonnent que l’attaque aurait été perpétrée pour détourner l’attention d’une frappe aérienne américaine dans la province de Parwan, dans laquelle des civils ont été tués deux jours plus tôt », affirme le Post. Quelques jours après cet attentat, Kaboul avait publiquement accusé « des services de renseignement étrangers » qui « étaient derrière de telles attaques ». Le but des Etats-Unis serait d’affaiblir le président afghan et d’encourager l’instabilité dans le pays alors que la mission de combat de l’Otan doit se terminer à la fin de l’année, selon ce conseiller, cité par le Post. Sollicitée au sujet de ces allégations, la présidence afghane n’a pas souhaité répondre. Le conseiller cité par le quotidien reconnaît cependant qu’Hamid Karzaï ne disposait pas de preuve concrète d’une implication américaine dans les attaques, qui ont pour la plupart été revendiquées par les talibans. Pour le Washington Post, en s’opposant à nouveau frontalement à Washington, le président afghan en fin de mandat pourrait chercher à rehausser sa stature ou à se rapprocher des talibans dans l’espoir d’une réconciliation. Porté au pouvoir par les puissances occidentales fin 2001, Hamid Karzaï a accentué ses critiques au cours des années contre les Etats-Unis au point d’apparaître comme peu fiable, voire psychologiquement instable aux yeux de certains à Washington. Cette nouvelle sortie du président afghan, si elle est avérée, ne manquera pas de provoquer une nouvelle fois l’ire de Washington après l’autorisation donnée à la libération de plusieurs dizaines de talibans et son refus de signer l’accord bilatéral de sécurité (BSA), prévoyant les conditions du maintien d’un contingent américain en Afghanistan au-delà de 2014. (Belga)

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