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Jean-Charles Luperto :  » C’est le comportement du MR qui l’isole, pas ses idées « 

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Tête de liste PS à Namur, le président du parlement de la Communauté française, Jean-Charles Luperto, se mouille. Oui, il souhaite une reconduction de l’olivier. Oui, le MR se rend indésirable. Oui, les écolos ont un problème de savoir-être. Oui, il regrette la régionalisation des allocations familiales.

Une partie serrée l’attend. Tête de liste PS pour les élections régionales à Namur, le député wallon Jean-Charles Luperto s’apprête à jouer gros. Parce qu’il aura face à lui l’une des vedettes politique du moment, Maxime Prévot (CDH). Parce que la Basse-Sambre, son fief, subit une violente désindustrialisation. Et parce que le nord de sa circonscription s’embourgeoise – une évolution sociologique qui favorise le MR et Ecolo.

Le Vif/L’Express : « Le MR se rend indésirable », déclarait le ministre-président wallon Rudy Demotte, en décembre. Vous partagez son diagnostic ?

Jean-Charles Luperto : Comme à chaque élection, le MR tombe dans l’agression permanente. Reynders compare la Wallonie à la Corée du Nord, les libéraux dézinguent tous azimuts… Cela ne fait que ressouder les trois pans de l’olivier. Cette attitude hyper agressive a souvent conduit Didier Reynders à l’isolement. Et aujourd’hui, d’autres reprennent le même schéma. C’est ce comportement qui isole le MR, pas ses idées. Parce que ses idées, on les connaît : on sait qu’elles ne sont pas toutes compatibles avec les nôtres, on sait aussi qu’on peut travailler ensemble, chacun avec ses opinions – on le voit au gouvernement fédéral.

Au PS, la génération des Daerden, Anselme et Van Cauwenberghe privilégiait les alliances laïques, avec le MR. En revanche, les quadras et les jeunes quinquas, les Magnette, Demotte et Demeyer, venus en politique à l’époque des gouvernements Martens-Gol, ceux-là préfèrent les coalitions de type olivier. Vous aussi ?

Oui. Parce que je pense qu’il y a une convergence sur le projet. Après, ce n’est pas l’option la plus confortable… Autant je regrette un problème de savoir-être dans le chef du MR, autant je suis agacé quand les écolos se présentent comme les uniques chantres de la bonne gouvernance. Jean-Michel Javaux vient de déclarer qu’avant Ecolo, la Wallonie était pourrie… Un, c’est insultant. Deux, c’est faux. On n’a pas attendu les Verts pour lancer le Code de la démocratie locale ou pour diminuer de moitié le nombre d’intercommunales.

Malgré tout, le choix du coeur, c’est l’olivier ?

Le fonctionnement Ecolo tape sur le système de nombreux élus. Mais quand je prends un peu de distance, je me dis : le fond doit primer ! Des arbitrages sociétaux importants se décident chaque semaine en gouvernement, et avec Ecolo et le CDH, on retrouve un socle plus cohérent, car il y a des intersections de valeurs. Le choix des coalitions dépend d’une multitude de facteurs, mais ma préférence, c’est la plus large base possible à gauche. L’ennui, c’est que par leur comportement psychorigide, certains écologistes se mettent eux-mêmes hors-jeu.

Certains vous présentent comme le dernier belgicain du PS. Vrai ou faux ?

Faux. Je reste attaché à ce pays, mais pas avec le caractère poussiéreux que recouvre le mot « belgicain ». L’évolution vers une plus grande autonomie des Régions et des Communautés était nécessaire. Cela dit, avec la sixième réforme de l’Etat, on est allé loin, très loin.

Trop loin ?

Mon plus grand regret de cette législature, c’est qu’on ait, contraints par le rapport de forces, créé une première entaille dans la sécurité sociale. Avec le transfert aux Régions des allocations familiales, on a fait un petit pas qui est un symbole dans le mauvais sens. La sécu est le ciment de ce pays, elle doit rester nationale. Je pense aussi que les partis néerlandophones et francophones devraient dialoguer beaucoup plus.

Vous présidez le parlement de la Communauté française, dont l’existence-même est contestée par plusieurs députés socialistes. Pas trop difficile ?

Parce qu’on voudrait éviter des déplacements fastidieux, parce qu’on se sent mieux dans le cocon namurois, il faudrait quitter la capitale de la Belgique et de l’Europe ? Au moment où la ville fait l’objet de toutes les convoitises internationales, les Wallons seraient les seuls à la déserter ? Réfléchissons bien. Je reste viscéralement attaché à ce parlement où se réunissent les francophones. Si on le supprimait, on devrait recréer un brol pour les réunir, et ce brol n’aura jamais la force symbolique d’un parlement, c’est-à-dire un lieu légitimé par le suffrage universel.


L’intégralité de l’interview, notamment sur le duel avec Maxime Prévôt, dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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