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Maggie De Block :  » Je suis ferme mais humaine « 

Thierry Denoël
Thierry Denoël Journaliste au Vif

La secrétaire d’Etat Open-VLD à la pauvreté et à l’asile, est la star des sondages et des médias ? Interview sans concession.

Le Vif/L’Express : Un moratoire sur les expulsions afghanes est-ce envisageable ?

Maggie De Block : Pas du tout. Si on arrêtait les expulsions pour les Afghans, on devrait aussi le faire pour les ressortissants d’autres pays où la situation est encore pire qu’en Afghanistan. A ma connaissance, le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU n’a pas lancé d’appel en ce sens. La seule voie pour obtenir l’asile reste donc celle des demandes individuelles examinées par des instances indépendantes, comme le CGRA.

L’Afghanistan est un pays dangereux ou pas ?

C’est un pays qui n’est pas sans danger. Il y en a d’autres, comme le Sud Soudan, la Centrafrique, le Congo, la Syrie, l’Egypte… En Afghanistan, certaines régions sont plus dangereuses que d’autres. Raison pour laquelle le CGRA suit la situation au jour le jour, en tenant compte des rapports du HCR, de l’analyse des ONG et de notre ambassade sur place.

Quand on vous qualifie de main de fer dans un gant de velours, vous assumez aussi ?

Je ne suis pas du tout d’accord. On ne peut pas réduire ma politique à cette expression. Je suis ferme mais humaine. Raccourcir les procédures, c’est plus humain, non ? Faire attendre les demandeurs d’asile pendant des années avant de leur donner une décision, ça ce n’est pas humain.

Vous semblez néanmoins très accrochée aux chiffres. Vous avez un boulier à la place du coeur ?

Mais non. Quand on gère un réseau d’accueil, on doit faire des comptes. Quand je suis arrivée, les centres Fedasil débordaient. On triait les gens pour garder les plus vulnérables dans les centres d’accueils. Les familles étaient séparées et les hommes se retrouvaient à la rue. Ce n’était pas acceptable. A l’époque, il manquait des places pour plus de mille personnes. Aujourd’hui, grâce aux procédures raccourcies, il y a des places en suffisance, depuis 2012.

Votre clash au Sénat avec l’Ecolo Zakia Khattabi, qui a fait le tour d’Internet, vous le regrettez ?

Non. J’étais vraiment fâchée. Elle a affirmé que j’avais fait des déclarations après le retour d’un jeune Afghan le 4 janvier. Or je n’avais rien dit à ce moment-là. Ce n’était donc pas la vérité. Et ça, je ne supporte pas ! La déclaration qu’elle mentionnait datait de juillet 2012 dans un tout autre contexte. Son but était clairement de nous diviser, le Premier et moi.

Cela dit, la déclaration vous l’avez bien faite en 2012 sur VTM. Une maladresse ?

Non. C’était juste après des agressions subies par deux collaboratrices devant le ministère (Ndlr : dont sa porte-parole Els Cleemput, dans sa voiture, près de la porte de Halle). Des sac-jakings très violents. Nous étions encore sous le choc. On ne peut pas dire qu’il ne se passe rien à Bruxelles !

Mais de là à comparer avec l’Afghanistan…

J’ai juste voulu dire qu’il y avait des situations dangereuses partout dans le monde. Je ne comparais pas les deux pays.

Un mot sur la sortie médiatique de Charles Michel et Wouter Beke, le nouvel axe MR-CD&V. Vous sentez-vous trahie par le président des libéraux francophones ?

Pourquoi ? C’est très positif et cela ne se fait pas au détriment de l’Open-VLD. Nous avons toujours des contacts étroits avec le MR. Evidemment, une sortie Michel-Beke, qui ne sont pas de la même couleur, est plus remarquée qu’une interview Michel-Rutten.

Etes-vous attachée à la Belgique fédérale ?

Oui. Je trouve qu’il reste des domaines, comme les pensions, la santé publique, l’économie, où il est important d’avoir une Belgique fédérale.

Avez-vous un modèle en politique ?

Oh, non. Pas du tout. Il y a de belles carrières dans toutes les familles politiques. Mais je ne vois personne qui me sert d’exemple.

L’intégralité de l’interview dans le Vif/L’Express de cette semaine

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