5) Faire briques communes

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Dans quelques mois, 21 familles s’installeront dans cette ancienne ferme de Clabecq, bio-rénovée. Au programme : la première expérience de co-habitation recensée en Belgique.

Posée entre deux tas de sable, la radio tente de chanter plus fort que la disqueuse. Sous le soleil de mars, des maçons et des ébénistes s’activent, en français et en néerlandais. Le chantier est vaste. Ici, la partie ancienne du bâtiment, composée de maisonnettes, divisées ou non en appartements. Là, l’immense grange. Ailleurs encore, des espaces vides où s’érigeront, dans quelques mois, les ailes qui cloront la cour de l’ancienne ferme, née au xviie siècle.

A l’été 2009, cinq familles y poseront leurs valises. Un an plus tard, on en comptera 21. Au total, 51 personnes, dont 21 enfants, vivront dans cet espace de co-habitation. Une première en Belgique.  » Ce concept est né au Danemark, détaille Luk Jonckheere, à la base de ce projet. Ici, chacun conserve un logement privé, mais, le plus souvent, de taille un peu plus réduite que dans un habitat groupé. La surface des habitations oscille entre 57 et 170 mètres carrés. En contrepartie, les participants au projet bénéficient de larges espaces dans la partie commune de la ferme.  » Quelque 400 mètres carrés sont en effet consacrés aux activités collectives : salle à manger, salon, salle de jeux, pièce TV, salle de bricolage, Une buanderie ouverte à tous est également prévue, ainsi qu’un espace bricolage pour les vélos, un verger et un potager.

Le projet, imaginé en 2000, aura mis dix ans pour aboutir. Entre-temps, il aura connu les aléas de toute aventure de cette ampleur : la difficulté de trouver un terrain, puis, faute d’y parvenir, un bâtiment assez vaste, l’élaboration du plan, largement conçu en commun et adapté, dans la mesure du possible, aux demandes des participants, un changement d’architecte, le départ des candidats les moins patients et l’inévitable crise lorsqu’apparaissent des fractures sur la philosophie même du projet.

En bout de course, l’opération n’est pas spécialement juteuse sur le plan financier : 5 millions d’euros, à répartir entre 21 familles. Les participants auront acquis une petite maison pour le prix d’un logement moyen. Le gros £uvre, jusqu’à la fermeture du bâtiment et la pose des fenêtres, a été pris en charge par la collectivité, tandis que la finition revenait aux particuliers. Dans la mesure du possible, la rénovation s’est effectuée au moyen de matériaux bio.

 » La motivation des participants n’est pas financière, souligne Luk Jonckheere. Leur souhait est d’abord de recréer l’ambiance d’un village, d’un quartier, voire d’une tribu.  » L’occasion leur en sera notamment donnée lors de la seule activité commune obligatoire : la préparation d’un repas collectif, une fois toutes les trois semaines.

Au sein du groupe, des enfants et des personnes plus âgées, des couples et des célibataires, des Flamands et des francophones, des opinions politiques et religieuses diverses… Depuis trois ans, des activités collectives sont organisées pour permettre aux participants de tisser des liens entre eux. Chacun est invité à mettre la main à la pâte en s’investissant dans des commissions : finances, aspects juridiques, activités festives, secrétariat général, promotion… Le groupe a opté pour un fonctionnement démocratique, avec une assemblée générale toutes les deux ou trois semaines. Et un vote par consensus, si possible…

Infos : www.lagrandecense.be

Laurence van Ruymbeke

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