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Libye: Seif al-Islam Kadhafi arrêté. Il demande à être exécuté.

Selon le ministère de la Justice et un collectif d’anciens rebelles, le fils de l’ex-dictateur libyen a été arrêté dans le sud du pays. Il a demandé à être tué.

Seif al-Islam Kadhafi, fils de l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a été arrêté dans le sud de la Libye, a annoncé le ministre de la Justice et des droits de l’Homme au Conseil national de transition (CNT), Mohammed al-Allagui.

« Seif al-Islam, recherché par la Cour pénale internationale (CPI), a été arrêté dans le sud libyen », a déclaré le ministre, refusant de donner tout autre détail, en particulier sur la date et les circonstances de l’arrestation.

Une source au « Conseil des thowar (révolutionnaires) » de Tripoli, un collectif d’anciens combattants rebelles, a confirmé son arrestation dans la région d’Oubary.

Des rumeurs avaient circulé ce samedi matin dans la capitale libyenne au sujet de l’arrestation de Seif al-Islam, le fils le plus en vue et successeur potentiel de Mouammar Kadhafi. Ce dernier a été tué après son arrestation par des combattants du CNT le 20 octobre à Syrte.

La CPI a émis le 27 juin un mandat d’arrêt contre Seif al-Islam et son père, soupçonnés de crimes contre l’humanité commis lors de la répression de la révolte dans le pays. L’ancien chef des services de renseignements libyens Abdallah al-Senoussi, qui se serait réfugié au Mali, est également visé par un mandat d’arrêt de la CPI.

A Tripoli, des klaxons et des tirs de joie ont retenti pour célébrer l’annonce de l’arrestation de Seif al-Islam. Dans la matinée, la capitale avait bruissé de rumeurs sur cette capture du fils le plus en vue de Mouammar Kadhafi. Seif al-Islam n’était plus apparu en public depuis la nuit du 22 au 23 août lorsque, donné pour capturé par la rébellion, il avait paradé devant les journalistes étrangers en assurant que tout allait « bien » à Tripoli, quelques heures avant la chute du QG de Kadhafi dans la capitale.

Le 9 novembre, le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, avait assuré que son arrestation n’était qu’une « question de temps ». Il a plusieurs fois déclaré avoir eu des « contacts » avec Seif Al-Islam via des intermédiaires en vue d’une éventuelle reddition.

Seif al-Islam était le dernier des fils de Mouammar Kadhafi encore recherché en Libye. Trois de ses frères ont été tués pendant le conflit, Seif al-Arab dans un bombardement de l’Otan en avril, Khamis dans des combats après la chute de Tripoli fin août et Mouatassim après son arrestation à Syrte le 20 octobre. Les autres enfants de l’ancien dirigeant ont trouvé refuge dans des pays voisins, Mohamed, Hannibal et Aïcha en Algérie avec Safiya, la veuve de Kadhafi, et Saadi au Niger.

Il demande à être exécuté

Seif al-Islam a demandé aux combattants ex-rebelles qui l’ont capturé de le tuer. « Seif al-Islam a été arrêté à 01H30 dans la nuit de vendredi à samedi » dans la région de Wadi al-Ajal, dans le Sud désertique, a raconté lors d’une conférence de presse Al-Ajmi al-Atiri, le chef de la brigade de Zenten qui arrêté le fugitif.

« Nous avons reçu des informations de quelqu’un qui assurait la sécurité de Seif al-Islam. Il nous a dit que ce dernier envisageait de se rendre au Niger ». « Nous sommes partis à deux brigades, une de Zenten et l’autre de Barguen (sud). Nous avons préparé une embuscade et avons attendu leur arrivée ».

Ont alors surgi « deux véhicules, avec six personnes à bord, dont Seif al-Islam. Elles ont été arrêtées après une légère résistance ». « Nous avons transféré les prisonniers dans notre QG à Oubari, nous les avons gardés toute la nuit, mais comme la situation sécuritaire était fragile, nous avons appelé l’aviation civile pour pouvoir transférer Seif al-Islam à Zenten », à 170 km au sud-ouest de Tripoli.

« Contrairement ce qui a été dit dans certains médias, il ne nous pas proposé de l’argent, il nous a demandé de lui tirer une balle dans la tête et qu’on l’amène (mort) à Zenten », a-t-il encore raconté. « Il disait qu’il était blessé, il avait trois doigts coupés. Seif al-Islam a expliqué qu’il avait été blessé lors d’un bombardement de l’Otan ».

Selon des chefs militaires pro-CNT, le fils de l’ancien « Guide » a été blessé dans le bombardement de son convoi alors qu’il quittait Bani Walid (170 km au sud-est de Tripoli) lors de la chute de ce bastion pro-Kadhafi à la mi-octobre.

Seif al-Islam, 39 ans, est arrivé vers 16H00 dans le petit aéroport de Zenten, selon des images filmées avec une caméra par un combattant ex-rebelle. Il est descendu de l’avion dans une grande pagaille, une foule de combattants et de curieux se bousculant pour le voir, le filmer et même le frapper. Arborant une barbe poivre et sel, il portait un turban et un long manteau marrons, une partie de ses doigts était bandée. Aucune expression ne se lisait sur son visage, mais il semblait en bonne santé, malgré ses blessures aux doigts, toujours selon ces images.

« Maintenant, il se trouve dans un lieu sécurisé, il est en bonne santé », a ajouté Al-Ajmi al-Atiri, précisant que sa brigade n’avait « pas cherché à traquer Seif al-Islam, mais était simplement chargée d’assurer la sécurité du triangle frontalier avec le Tchad, le Niger, l’Algérie, ainsi que celle de sites pétroliers ».

Le Premier ministre libyen, Abdel Rahim al-Kib, a précisé que le prisonnier se trouvait « sous le contrôle des thowar (combattants) de Zenten » qui l’ont capturé. Il a été transféré une villa non loin du centre de Zenten, où la presse ne pouvait accéder, selon un photographe de l’AFP qui s’est rendu sur place.


LExpress.fr et LeVif.be, avec Belga.

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