Chère mobilité

Les voyages d’études ne favorisent pas la démocratisation du supérieur

L’an dernier, à l’échelle de l’Europe, 144 037 étudiants ont effectué un séjour dans un établissement supérieur à l’étranger, grâce au programme Erasmus. Soit une augmentation de 6,3 % par rapport à 2003-2004. Ce système d’échanges reste le plus populaire. 4 833 Belges ont séjourné un peu plus de cinq mois dans un autre pays européen. Ces jeunes, dont un peu moins de la moitié sont francophones, sont principalement issus des filières de commerce, de sciences sociales et de langues d’une université ou d’une Haute Ecole. Les destinations les plus prisées sont, dans l’ordre, l’Espagne, l’Italie et la France.

En Belgique francophone, la bourse moyenne s’élève à 135 euros par mois. Presque tous les étudiants sélectionnés bénéficient au moins d’un forfait pour un trajet aller et retour. Selon les universités, ils reçoivent aussi un montant pour une préparation linguistique. Le reste de l’allocation est octroyé en fonction des revenus des parents.

 » La bourse est censée couvrir les frais supplémentaires liés à la réalisation d’études à l’étranger : l’avion, bien sûr, mais aussi l’achat de bouquins imposés par l’université d’accueil « , explique Géraldine Berger, secrétaire de l’agence Erasmus.

Sur place, le jeune ne va toutefois pas repérer immédiatement la grande surface où il est le plus intéressant de s’approvisionner. Il va aussi en profiter pour visiter un pays qu’il ne connaît pas.  » Après avoir réalisé une enquête auprès de ses étudiants, un collègue d’Anvers estime le surcoût pour les parents à 300 euros par mois « , poursuit Géraldine Berger. Cette moyenne ne rend évidemment pas compte des variations fort importantes d’un pays à l’autre, en raison notamment du coût de la vie. Ainsi, sur la base d’une estimation effectuée par les étudiants de l’Institut d’administration et de gestion (IAG) de l’UCL, le coût d’un semestre oscille entre 2 000 euros à Barcelone (Espagne) et… 5 000 euros à Bergen (Norvège).

En dehors du programme Erasmus, la probabilité de bénéficier d’une bourse est beaucoup plus faible. Pourtant, la vie au Canada ou aux Etats-Unis n’est évidemment pas meilleur marché. A partir de 2007, le gouvernement a promis de débloquer un fonds pour la mobilité des étudiants. Car les voyages à l’étranger restent l’apanage des classes aisées. Même si, comme l’explique Michel Francard, prorecteur aux relations internationales à l’UCL,  » la culture du milieu d’origine de l’étudiant reste la discrimination la plus difficile à contrer, un problème au moins aussi fondamental que celui des ressources financières « .

D.K.

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