De Bois-Seigneur-Isaac à l’Europe

Cela fait presque deux siècles qu’un premier représentant de la famille Snoy et d’Oppuers a fait son entrée au château de Bois-Seigneur-Isaac. Depuis, la famille ne l’a plus quitté.

Nous sommes en 1810. Le baron Idesbalde-François Snoy et d’Oppuers épouse Joséphine Cornet de Grez, héritière du château et du domaine de Bois-Seigneur-Isaac. En s’y installant, le jeune marié quitte les terres malinoises que sa famille occupait depuis plus de deux siècles.

La famille Snoy marquera l’histoire de la région. Le fils du couple, Idesbalde Guillaume, deviendra bourgmestre de la localité, et commu- niquera le virus de la politique à son fils Thierry, qui exerça la même fonction de 1912 à 1930. Leur petit-fils Jean-Charles occupera la même place dans les années 1970. Aujourd’hui, après cinq générations, le château de Bois-Seigneur-Isaac est toujours occupé par les Snoy.

De cette lignée, c’est probablement Jean-Charles qui aura laissé l’empreinte la plus profonde dans l’histoire du pays. Seul garçon d’une famille de 9 enfants, ce surdoué étudie le droit, l’économie et la philosophie à l’Université catholique de Louvain et complète sa formation à l’université américaine Harvard. Son parcours est fulgurant : à 32 ans, il devient le secrétaire général du ministère des Affaires économiques. Nous sommes alors en 1939.

Après la guerre, il met toute son énergie au service du redressement économique de la Belgique. Libre échangiste convaincu, il £uvre à la construction de l’Europe. Il sera d’ailleurs chargé par le ministre Jean Rey de mettre sur pied un programme de relance des négociations européennes dès 1954, et jouera à plusieurs reprises un rôle clé à ce niveau. En 1957, il sera même cosignataire du traité de Rome.

Sur le plan strictement politique, il est élu député à Bruxelles lors des élections parlementaires de mars 1968. Il accède alors au poste de ministre des Finances, dans le gouvernement Eyskens-Cools, et y restera jusqu’en 1972. Sa contribution à la construction de l’Europe lui vaudra d’être élevé au titre de comte, en 1982, par le roi Baudouin et de recevoir le prix Robert Schuman en 1983. La famille Snoy entretient d’ailleurs des relations privilégiées avec la monarchie.

Jean-Charles Snoy sera également le dernier bourgmestre de la commune d’Ophain-Bois-Seigneur-Isaac, de 1970 à 1976, avant son intégration à celle de Braine-l’Alleud. Soucieux de protéger la nature, il veillera à conserver le caractère rural de la commune et à maintenir un poumon vert à proximité de Bruxelles à l’époque du tracé du ring. A ses côtés, son épouse, la comtesse Nathalie d’Alcantara, très engagée dans l’action catholique, créera, entre autres, l’Association  » Noël dans la Cité « .

Jean-Charles Snoy a eu 7 enfants. Parmi eux, Bernard est aujourd’hui coordinateur des activités économiques et environnementales à l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), après avoir été administrateur de la Banque mondiale et de la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement). Sa fille Thérèse, tête de liste du Parti Ecolo dans le Brabant wallon et députée fédérale, est également active dans la vie communale de Braine-l’Alleud.

C’est Bernard qui est désormais le maître des lieux familiaux. Il a créé l’ASBL des Amis du Château de Bois-Seigneur-Isaac afin de faire mieux connaître ce patrimoine au public.  » Un tel projet était difficilement envisageable sous la génération précédente, qui était encore réticente à louer les salons du château pour des réceptions de mariage ou des dîners d’affaires.  » Les façades du château, classé dans le patrimoine exceptionnel de la Wallonie, ont été récemment restaurées. Le domaine et le site de l’abbaye accueilleront d’ailleurs La Nuit des ch£urs, en août prochain, un festival musical qui se déroulait jusqu’à présent à l’abbaye de Villers-la-Ville.

Une biographie de Jean-Charles Snoy, réalisée par Michel Dumoulin et Vincent Dujardin, est attendue pour la fin de 2008.

A. L.