Un nuraghe © Istock

Sardaigne : les mystérieux vestiges d’une civilisation disparue

Muriel Lefevre

Que cachent les étranges vestiges qui parsèment la Sardaigne ? Pour certains, il s’agirait de la mythique Atlantide

Sergio Frau, journaliste de La Repubblica, en est persuadé : l’Atlantide serait en réalité située en Sardaigne. Pour preuves, ces vestiges d’une mystérieuse civilisation aujourd’hui disparue. Faisant fi du conseil d’Aristote qui propose de situer l’Atlantide là d’où elle venait, soit de l’imagination de Platon, Frau mène l’enquête depuis 10 ans.

Il est vrai que la théorie est tentante. La Sardaigne regorge de traces visibles d’une civilisation aujourd’hui disparue. Disparue et surtout muette puisqu’il n’existe aucune trace écrite pour la raconter. La deuxième plus grande île de la méditerranée est parsemée de nuraghes, des nombreux vestiges de forteresses datant de l’âge de bronze moyen (vers 1500-800 av. J.-C.). On en dénombrerait plus de 7000. Un nuraghe (nuraghi en italien) ressemble généralement à une tour médiévale ronde, mais il existe des structures nettement plus complexes. Leur fonction exacte reste floue. Elles auraient pu éventuellement faire partie d’un système de défense, sauf qu’elles ne sont pas toujours construites à des endroits stratégiques. De quoi rendre perplexes les archéologues et historiens.

L’un des sites les plus spectaculaires retrouvés sur l’île est le site de Su Nuraxi, à Barumini. Mis à jour au début des années 50 par l’archéologue Giovanni Lilliu, ce village fortifié a été classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1997. L’architecture, l’organisation, tout comme les techniques utilisées lors de la construction de ce nuraghe sont complexes et extrêmement développées. Tout aussi mystérieuses sont les tombes des géants que l’on retrouve sur l’île. Ce sont des tombes communes mégalithiques fermées par une stèle ou pour les plus anciennes par un dolmen.

Si de telles merveilles ont été ignorées durant des siècles, c’est parce que l’île avait mauvaise réputation. Des légendes tenaces la disaient maudite tant on y mourrait en masse. Il ne faut cependant nullement y voir la trace du diable, mais plutôt de la malaria qui ravagea l’île durant des millénaires et jusqu’au début des années 50. Entre 1946 et 1951, l’armée américaine inonda l’île par avion de DDT, un puissant insecticide, qui aboutit à l’éradication des moustiques. Si le résultat fut spectaculaire, la méthode et les conséquences environnementales de ce programme sont encore à l’heure actuelle sujettes à polémique.

La civilisation nuragique balayée par un raz de marée ?

Il y a quatre mille ans, la Sardaigne aurait été touchée de plein fouet par un raz-de-marée. Mais a-t-il vraiment existé et quelles furent ses conséquences ? Jusque dans les années 1980, les scientifiques ne connaissaient pas l’existence d’un raz de marée en méditerranée précise Le Monde. Depuis 2004, on reconnaît qu’il y aurait pas moins de 350 phénomènes de ce type depuis 2500 ans. Frau affirme qu’un astéroïde aurait pu s’écraser non loin de Cagliari et provoquer la vague dévastatrice. D’autres théories expliquent plus prosaïquement cette brutale disparition de la civilisation nuragique par diverses invasions successives.

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