Le combat flamingant, oublié du centenaire ?

Pas une allusion lors des grandes commémorations, aucune trace à la grande expo bruxelloise sur 14-18. Le Mouvement flamand a beau jeu de crier à la conspiration du silence.

Il n’y en aurait que pour la  » poor little Belgium « . Pour son formidable élan patriotique face à l’odieuse agression allemande, la valeureuse résistance de ses soldats, le pénible quotidien de la population sous l’Occupation. Et les flamingants dans tout ça ? Ni vus ni connus. Leurs héritiers les plus radicaux refusent que l’Histoire de la Grande Guerre s’arrête là. Que le combat linguistique reste inaudible dans ce concert d’hommages. La lutte en faveur de l’émancipation flamande mérite d’être aussi contée. En tout cas sous sa face la plus respectable. Ce n’est évidemment pas la frange des activistes qui ont collaboré avec l’occupant allemand, jusqu’à proclamer une éphémère indépendance de la Flandre en 1917, que le Mouvement flamand veut sortir de l’ombre. Ce qu’il veut mettre à l’honneur, ce sont ces soldats flamands ralliés au mouvement frontiste, qui osaient contester dans les tranchées de l’Yser la domination du français au sein de l’armée belge. Ce que l’historien Bruno De Wever, spécialiste de la question à l’université de Gand, appelle le  » mytho-moteur du nationalisme flamand anti-belge « .

Aucune allusion à cette tranche d’histoire belge lors des commémorations à caractère international ou dans des manifestations d’envergure fédérale. Le Mouvement flamand n’a eu aucune peine à trouver des alliés au Parlement. Ciblée par le Vlaams Belang et la N-VA : la grande expo 14-18, c’est notre histoire ! Comment, au coeur du Musée royal de l’Armée à Bruxelles, ose-t-on passer sous silence le sort de milliers de soldats flamands sur le front de l’Yser et se taire sur l’engagement pacifiste du mouvement frontiste ? Scandale !  » Le problème linguistique sur le front de l’Yser fut un des plus importants catalyseurs du nationalisme flamand mais aussi du pacifisme dans notre pays. Cette exposition n’en dit pas un mot, elle a raté une chance « , fulminait le député N-VA Bert Maertens.

 » Choisir, c’est renoncer « , n’a pu que répliquer Pieter De Crem (CD&V), alors ministre de la Défense. Bruno De Wever, membre du comité scientifique de l’exposition, a aussi pris acte :  » J’ai été surpris et je n’ai pas trouvé très malin, de ne faire aucune mention du mouvement frontiste, pas plus d’ailleurs que des autres courants politiques, notamment anarchistes. Les organisateurs ont pris le parti de ne pas évoquer la dimension politique sur le front de l’Yser.  » Le VVB tient sa preuve et s’engouffre dans la brèche. Il entre en campagne pour, justifie son président Bart De Valck,  » apporter sa pierre à un regard plus flamingant sur les événements de la Première Guerre mondiale « . Et livrer sa version de l’histoire :  » Comment, malgré la discipline inhumaine, une impitoyable répression menée par la justice militaire, et un affligeant mépris du roi et du commandement de l’armée pour les droits élémentaires, le mouvement frontiste a posé dans les tranchées de l’Yser les bases de l’actuel Mouvement flamand.  » 11 novembre, jour de l’Armistice : les flamingants dégainent.

P. Hx.

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