Dehors, les Français !

La Communauté française n’arrive plus à financer correctement ses universités ni ses Hautes Ecoles. Elle va donc en chasser une partie des étrangers. Honteux ? La ministre persiste et signe

Manifestations, ce 22 février, des enseignants et des étudiants du supérieur à Tournai et, après le congé de carnaval, à Mons. Mécontentement aussi à la Haute Ecole Robert Schuman dans le Luxembourg, à la Haute Ecole Paul-Henri Spaak à Bruxelles, etc. La grogne monte contre l’avant-projet de décret de la ministre de l’Enseignement supérieur, Marie-Dominique Simonet (CDH). Ce texte veut limiter, dans certaines filières, à 30 %, le nombre d’étudiants qui ne résident pas en Belgique depuis au moins trois ans. Et ce, en 1re année, à partir de septembre prochain. Le problème remonte déjà à 2000 : un audit européen épinglait alors la détérioration de la qualité de la formation en médecine vétérinaire à l’université de Liège (ULg). 1 800 étudiants, dont beaucoup de Français, s’y partageaient des auditoires et des laboratoires prévus pour 800. Depuis, l’introduction d’un numerus clausus et d’un concours d’admission n’a fait que réduire le nombre de Belges à 13,6 % du total des candidats ! Bref, à l’avenir, les Français seraient tenus de laisser la place à nos étudiants. Afin d’éviter, notamment, la pénurie de vétérinaires qui se profile. Mais la ministre a décidé d’étendre cette mesure à la kinésithérapie (78 % de Français à l’université), à la podologie (68,2 % de Français en Haute Ecole), à la logopédie (59,5 %), à l’ergothérapie (49,5 %), aux accoucheuses (63,2 %) et aux éducateurs spécialisés (41 %). Tollé.

Le Vif/L’Express : Dès septembre prochain, il y aura 1 600 étudiants français en moins dans notre enseignement supérieur. Mais seule la médecine vétérinaire était demandeuse d’une solution…

Nous introduisons la

pour

les filières qui accueillent à l’échelle de la Communauté française plus de 40 % d’étudiants non résidents en Belgique. Les sections d’infirmières accoucheuses sont aussi surpeuplées. De même, en kinésithérapie, le nombre de Français augmente, alors que celui des Belges diminue. Les uns chassent-ils les autres ? Je me souviens de l’automne 2004, quand toutes les Hautes Ecoles étaient dans la rue. J’ai vu des jeunes assis sur les escaliers, sur les appuis de fenêtre, en raison d’auditoires trop exigus. On m’a expliqué les embouteillages lors des inscriptions. Limiter le volume d’étudiants non résidents nous permettra de faire face à de tels problèmes en récupérant des moyens financiers  » détournés « . Est-il normal que la petite Communauté française forme un tiers des jeunes vétérinaires et kinésithérapeutes d’un des plus grands pays d’Europe ? La France accueille 3 000 de nos jeunes et nous, 12 000 Français ! Cela a un coût : six années d’études en médecine vétérinaire, cela revient à 93 000 euros par étudiant pour la collectivité. Chaque fois que les Français organisent un nouveau concours d’admission, une tradition républicaine, cela fait gonfler la section correspondante chez nous, comme pour les éducateurs spécialisés récemment.

N’est-ce pas une drôle de façon de faire l’Europe, qui encourage la mobilité des étudiants ?

Les étudiants vous reprochent de ne pas avoir sollicité, au niveau européen, un fonds de compensation pour les pays accueillant le plus d’étrangers…

Il y aura des pertes d’emplois…

Les écoles officielles et le Hainaut semblent plus touchés par la mesure : tout profit pour le réseau libre ?

Les Français faisaient néanmoins tourner l’économie locale…

Dorothée Klein

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