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Destexhe et la N-VA, ensemble à Rotterdam. Et après ?

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Theo Francken et Alain Destexhe en visite conjointe dans un centre fermé aux Pays-Bas : le signe d’une collaboration entre la N-VA et le MR ? Peut-être, répond le nationaliste flamand. Pas du tout, jure le libéral francophone.

C’est une prison modèle. Avec sa bibliothèque, ses salles de sport, ses toilettes bien propres, ses couloirs immaculés, et même sa mini-mosquée. Une modernité qui a suscité l’intérêt de Theo Francken, député N-VA spécialisé dans les questions d’asile et d’immigration. Au cours de ses échanges avec des responsables de l’Office des étrangers, un nom est régulièrement revenu à ses oreilles : Rotterdam. Ce centre fermé serait l’un des plus avancés d’Europe. Francken s’est donc rendu sur place, accompagné par son collègue francophone Alain Destexhe, député régional MR. Qui minimise la portée politique de sa présence aux côtés d’un élu N-VA.

« C’est une visite technique, pas le début d’une histoire d’amour. D’ailleurs, je n’aurais pas accepté si ça avait concerné un thème social, économique ou institutionnel. Je suis solidaire de la décision du bureau du MR de ne plus cautionner quoi que ce soit dans le programme de la N-VA. En novembre, j’étais invité au congrès bruxellois de la N-VA, et j’ai annulé. »

Le directeur, Rob Janssen, explique que le centre compte 640 lits. Il est réservé aux étrangers « hors procédure », ceux qui ont reçu l’ordre de quitter le territoire et qui attendent leur expulsion. Au total, les centres fermés néerlandais peuvent détenir jusqu’à 1 500 personnes. C’est plus du triple du nombre de places disponibles en Belgique.

A la fin de la visite, Theo Francken livre ses conclusions. « En Belgique, il n’y a que 500 places en centres fermés. On doit augmenter la capacité. La police arrête chaque jour trois ou quatre illégaux dans le métro, mais ils doivent souvent les relâcher, car il n’y a jamais de place au 127 bis. Cela démotive les policiers. Je pense donc qu’il faut construire un nouveau centre fermé, en s’inspirant des infrastructures modernes de Rotterdam, mais en appliquant un régime quand même moins dur qu’aux Pays-Bas. »

Alain Destexhe confie sa satisfaction. « J’ai appris beaucoup. Je ne sais pas encore comment je vais utiliser ça. Peut-être pour le programme électoral du MR… Je remarque qu’il règne aux Pays-Bas, plus qu’en Belgique, une culture de la fermeté, que j’approuve. Les demandeurs d’asile déboutés peuvent rester jusqu’à un an et demi en centre fermé. Chez nous, c’est six mois maximum, et si le dossier n’est pas réglé dans ce laps de temps, la personne est relâchée dans l’espace public. »

Les deux comparses d’un jour souhaitent-ils que leurs deux partis gouvernent ensemble ? « On verra la nouvelle donne politique après le 25 mai », élude Destexhe. « C’était une visite de deux parlementaires, pas une opération de campagne électorale, relativise Francken. Cela dit, il est évident que la N-VA et le MR sont très proches. Charles Michel affirme le contraire, mais quand on compare les programmes, on voit beaucoup de similitudes. »

Par François Brabant, à Rotterdam

Le reportage intégral dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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