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Ingrid Betancourt : « Défendre la paix donne un sens à ce que j’ai vécu »

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

L’ancienne otage des FARC soutient la stratégie de dialogue avec les guérillas du président Juan Manuel Santos, récemment réélu. Elle sort un premier roman, La ligne bleue, ancré dans le combat politique.

Réélu le 15 juin à la présidence de la Colombie, Juan Manuel Santos a été soutenu par Ingrid Betancourt. La Franco-colombienne avait elle-même brigué ce poste, en 2002, avant d’être kidnappée par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Une expérience effroyable, de six ans, qui laisse forcément des traces. Après avoir relaté ses maux dans un livre très personnel, elle publie un premier roman, La ligne bleue (Gallimard). On y découvre le destin, douloureux et courageux, de Julia et Theo, deux héros engagés dans le mouvement d’extrême gauche des Montoneros, en Argentine. Une idéologie pour laquelle ils payeront le prix fort… Rencontre avec Ingrid Betancourt.

Le vif.be : Le président Juan Manuel Santos a été réélu le dimanche 15 juin ; ce qui a été perçu comme un soutien à sa politique de dialogue avec les guérillas des FARC et de l’ELN (Armée de libération nationale). Approuvez-vous cette démarche ?

Ingrid Betancourt : J’ai été active pour le soutenir. C’était ma première incursion en politique depuis ma libération. Ce n’était pas seulement l’élection d’un candidat à la présidentielle qui était en jeu mais la possibilité de produire un changement des coeurs en Colombie. Les Colombiens se sont interrogés : quelle paix voulons-nous ? Une paix des tombes ou une paix de la réconciliation ? Ils ont choisi la réconciliation pour essayer de construire un pays différent et sortir de la haine. Il fallait pour cela avoir de la compassion pour ceux qui souffrent.

Cela signifie-t-il que vous avez « tourné la page » de votre rapt ?

On ne peut pas, on ne doit pas, tourner la page. C’est justement parce que l’on ne peut pas tourner la page que l’on veut la paix. On ne veut pas que d’autres vivent ce que l’on a vécu. Une paix négociée, c’est moins d’hommes, de femmes, d’enfants tués. C’est très concret. Défendre la paix donne un sens à ce que j’ai vécu.

Est-ce le prélude à une implication plus grande, voire un vrai retour en politique ?

Pas nécessairement. J’ai devant moi des pages blanches à écrire et peut-être d’autres envies. Il y aurait pourtant une réflexion à mener sur la responsabilité que l’on doit assumer à un moment donné parce qu’elle répond à une aspiration fondamentale de liberté et de paix pour le pays que l’on aime.

Lire l’intégralité de l’interview d’Ingrid Betancourt dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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