Contre la pensée unique des grands partis francophones

Je vous envoie ce billet dans le mince espoir de sa publication ! En tant que simple citoyen francophone (hennuyer), je désirais  » prendre la plume  » parce que mon point de vue sur le problème BHV se trouve être à l’opposé de l’attitude unanime des quatre grands partis démocratiques francophones, et que je ne l’ai pas vu non plus relayé par aucun éditorialiste ni citoyen interrogé. Pour original qu’il puisse être, peut-être d’autres citoyens francophones s’y retrouveront-ils, au moins en partie…

Rappelons en quelques mots ce qu’est la revendication flamande en cause : il s’agit simplement – et seulement (en laissant de côté ici la question distincte de l’arrondissement judiciaire) – de faire du Brabant flamand, à l’instar des neuf autres provinces du pays, une circonscription électorale unifiée et unique, disjointe du territoire bruxellois. En tant que telle, cette demande ne me paraît au fond ni anormale, ni illogique. Lors des élections, les francophones résidant en Brabant flamand auraient pour seule contrainte nouvelle de choisir un ou des candidats résidant eux-mêmes sur ce territoire, ceux-ci pouvant même au besoin (?), bien entendu, être francophones (en cartel ou non). Cette situation assez banale me paraît objectivement très mal reflétée par le vocabulaire utilisé par nos représentants politiques, dans le genre  » perte de droits intolérable « ,  » défaite « ,  » outrage « ,  » agression « ,  » humiliation « , etc. A mes yeux, au contraire, les citoyens concernés n’en deviendraient pas pour autant des sous-citoyens bafoués, sauf à considérer comme établi qu’un francophone domicilié par exemple à la côte belge ou qu’un Flamand parti construire à Jodoigne connaît lui aussi déjà ce sort  » calamiteux « . Et ils sont des dizaines de milliers…

Par ailleurs, je ne m’associe pas aux morceaux de politique-fiction mis en exergue par nos représentants, selon lesquels donner son feu vert à cette demande serait un pas crucial et automatique vers d’autres développements bien plus malencontreux, au choix : la fin des facilités linguistiques dans les six communes en bénéficiant, une pression croissante sur la minorité francophone de la périphérie, une accélération centrifuge vers l’indépendance de la Flandre dans ses frontières ainsi confirmées, ou encore l’enclavement  » effroyable  » de Bruxelles (certains songent-ils au ghetto de Varsovie ou à Berlin-Ouest ? !). A ceux qui me taxeront de naïveté, je retourne la question suivante : si vous soupçonnez réellement l’intégralité ou une majorité des représentants de nos concitoyens flamands (pour rappel, tous demandeurs ici, y compris les paisibles Groen !) de telles intentions machiavéliques ou carrément ennemies, pourquoi tenez-vous tant à continuer à vivre avec eux au sein d’un même pays ?

Je conclurai en disant que, d’une part, je suis d’avis que les familles francophones qui ont choisi librement depuis 50 ans d’émigrer en Brabant flamand et celles qui continueront, selon certains démographes, à faire ce choix à l’avenir, doivent savoir qu’elles habitent bel et bien en Région flamande, et en assumer les conséquences juridiques et administratives, tout comme si elles allaient à Bruges ou à Anvers. C’est franchement loin d’être un défi insurmontable, à défaut de quoi il reste des choix de résidence alternatifs, n’est-il pas ? Deuxièmement, je pense que l’obstruction systématique et de mauvaise foi des partis francophones depuis au moins sept ans a finalement conduit à l’exaspération de tous les partis flamands, y compris des plus modérés… ce qui pourrait avoir pour effet, par le biais de la radicalisation du paysage politique flamand dans les futures assemblées élues, d’occasionner des dommages bien plus regrettables que le  » mal  » que l’on prétend combattre ici ! Donc, et si, pour finir, concéder cette scission ne serait pas un geste plus responsable, plus patriote et plus respectueux de l’intérêt général francophone ?

Olivier Loncke, Mons, par courriel

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