Ni Putes ni Soumises en Belgique

Fadela Amara a levé le tabou de la violence faite aux femmes dans les banlieues

(1) Ni putes, ni soumises, par Fadela Amara. La Découverte, 2003.

npnsbelgique@caramail.com

Les distinctions s’accumulent pour Fadela Amara, la fondatrice du mouvement Ni Putes Ni Soumises (NPNS, pour les pressés) qui a mis au jour, dans le livre éponyme (1), le machisme et les violences exercées par les hommes dans les banlieues françaises. A 41 ans, cette Française d’origine algérienne a été faite docteur honoris causa de l’ULB pour sa défense de la liberté, de la laïcité et de la mixité dans les cités aujourd’hui en révolte. Elle a également reçu, à Bruxelles, le prix de la Citoyenneté 2005 de la Fondation P&V, au côté de Job Cohen, maire d’Amsterdam, qui défend une conception ouverte de la vie en société, malgré les tensions communautaires qui agitent la société néerlandaise.

Fadela Amara organise sa première marche civique dans son quartier, à Clermont-Ferrand (France), en 1982, au nom de l’idéal républicain. Adolescente, elle a vu sa mère houspillée par un policier alors que son petit frère de 5 ans venait d’être tué par un chauffard. Vingt ans plus tard, son indignation est intacte : l’intégration n’est toujours pas au rendez-vous. Pis : la condition des filles et des femmes, recluses dans les cités, a dramatiquement régressé. Son combat féministe et progressiste dérange les chefs religieux, les caïds et les bonnes consciences de tout poil. Mais il a permis de briser un formidable tabou. Suite aux marches du 1er février 2003 dans 23 villes françaises, renforcées par l’horrible assassinat de Sohane, brûlée vive pour s’être comportée librement, et au témoignage de Samira Bellil, Dans l’enfer des tournantes (Denoël), 60 comités de NPNS ont été créés dans toute la France. Des antennes se sont ouvertes en Suède, en Espagne et aux Pays-Bas. Un comité est en voie de formation, à Bruxelles. Il est animé par la journaliste d’origine malienne, Fatoumata Sidibe.  » Le communautarisme, le machisme et l’obscurantisme sont des réalités, dit- elle. Nous voulons écouter et relayer les souffrances des femmes qui n’ont pas droit à la parole.  »

La banlieue en décrochage des lois communes décrite dans Ni putes, ni soumises n’est pas si éloignée de la réalité belge. En moins de deux ans, deux jeunes femmes d’origine étrangère ont succombé à des exorcismes sauvages, dont l’un est jugé actuellement à Bruxelles. Les mariages arrangés ne fléchissent pas. Les violences conjugales – fléau touchant tous les milieux – sont devenues banales. Fatoumata Sidibe dénonce le système du  » tribunal communautaire  » qui oblige les filles à rentrer dans le rang et rejette l’accusation de stigmatisation des jeunes hommes des banlieues qui découlerait des campagnes de NPNS.  » Nous insistons sur les difficultés que subissent tous les habitants des ghettos urbains. Ce qui se passe en France avait déjà été mis en avant par notre mouvement.  »

Marie-Cécile Royen

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