Et si le monde se portait mieux sans Dieu ?

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Y aurait-il moins de guerres si les religions n’existaient pas ? Les  » Nouveaux athées  » le prétendent. Leur argumentation est couchée dans des best-sellers au titre évocateur : Pour en finir avec Dieu et Dieu n’est pas grand. La religion empoisonne tout. Démonstrations scientifiques à l’appui, ils affirment :  » La probabilité de l’existence de Dieu est extrêmement faible.  » Polémique.

Imaginez un monde sans Dieu. Il n’y aurait pas de 11-Septembre ni de guerre israélo-palestinienne « , écrit le célèbre biologiste britannique Richard Dawkins, professeur à l’université d’Oxford. Il aurait pu ajouter : ni de bataille pour Jérusalem ni d’actes terroristes inspirés par des motifs religieux. Voici quelques jours, l’Etat hébreux et, dans la foulée, le Hamas ont proclamé un cessez-le-feu. Mais la guerre entre Israël et le Hamas laisse de terribles fractures. Il faudra des années pour que la bande de Gaza s’en sorte. La faute à Dieu ? Voire. Tout le monde ne partage pas l’analyse de Dawkins. Beaucoup voient dans le conflit israélo-palestinien une guerre coloniale, pas une guerre de religion. Même si, à Gaza, depuis le coup de force du Hamas, la cohabitation entre musulmans et laïques, déjà très réduite, a reculé. Le port du voile est encore plus répandu que par le passé, mais sans véritable contrainte. L’alcool, de rare, est devenu inexistant. De plus, les actes d’antisémitisme augmentent depuis la reprise du conflit au Proche-Orient. Comme le rappelait Leïla Shadid, dans Le Vif/L’Express du 9 janvier,  » des jeunes musulmans ont le sentiment qu’il s’agit d’une guerre contre l’islam « , et  » considèrent que l’ancienne génération des leaders palestiniens a été incapable de mettre fin à l’occupation, et que les hommes politiques arabes modérés ont échoué eux aussi. Du coup, ils pensent que la solution viendra d’une communauté islamique, de l’Afghanistan jusqu’au Maroc « .

Des bus couverts de slogans anti-Dieu

Mais les affaires du monde se porteraient-elles mieux sans  » le virus des religions  » ? Oui, affirment les Nouveaux athées. A leurs yeux, la religion suscite le fanatisme et se transforme en  » force du mal dans le monde « . Ils ripostent, parfois de manière virulente, surtout ces derniers mois. On le constate, notamment à la lecture de Pour en finir avec Dieu (Robert Laffont), de Richard Dawkins, appartenant au mouvement Bright (en français : Mouvement des Nouveaux athées), ou du livre Dieu n’est pas grand. La religion empoisonne tout, de Christopher Hitchens, également journaliste au Vanity Fair (disponible en traduction française dans les jours prochains chez Belfond). Partout, ces ouvrages sont devenus des best-sellers et ont soulevé de vastes polémiques.

Par ailleurs, une campagne d’affichage fait également rage. Partie de Grande-Bretagne, la guéguerre des bus s’empare de l’Europe. Tout a commencé par l’initiative d’un collectif d’athées, à Londres, qui ont collé sur les flancs des bus et dans les stations de métro ce slogan :  » Dieu n’existe probablement pas. Cesse de t’inquiéter et profite de la vie.  » L’idée a germé sur d’autres terres européennes, notamment espagnoles et italiennes. Les chrétiens ont répliqué avec leurs propres armes. Sur les bus  » croyants « , les Madrilènes peuvent lire :  » Dieu existe, profitez de votre vie avec le Christ.  » Pourtant,  » cette campagne n’est pas contre les croyants, elle ne s’adresse même pas à eux. Elle est destinée aux athées, qui sont régulièrement menacés de « châtiments » dans la très catholique Espagne, détaille le porte-parole des athées madrilènes. Il existe encore une peur sociale à se déclarer athée « .

En tout cas, les Nouveaux athées, menés entre autres par Richard Dawkins, donnent de la voix (surtout dans le monde anglo-saxon, même si l’on compte des Belges parmi eux, tel le physicien Jean Bricmont). Voilà pourquoi Le Vif/L’Express leur donne la parole. Même si d’aucuns, comme le théologien suisse Hans Küng, figure du catholicisme réformateur, regrettent leur véhémence et leur caricature de la religion. l

Soraya Ghali

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