A l’heure de Netflix, les séries TV se consomment sans modération

(Belga) Proposées par saisons entières sur des plateformes de vidéo à la demande, diffusées 24 heures après les Etats-Unis ou regardées en streaming illégal, les séries, addictives, ont vu leur mode de consommation largement évoluer depuis l’époque de la seule diffusion hebdomadaire sur petit écran.

Coup de tonnerre en février: en mettant en ligne en une fois les 13 épisodes de sa série « House of Cards », la plateforme américaine de vidéo à la demande Netflix est venue révolutionner la diffusion des séries télé, s’adaptant à des fans parfois prêts à avaler de manière boulimique une saison entière d’une traite. Amazon, qui diffuse depuis la mi-novembre sa propre série télé sur internet, « Alpha House », devrait lui emboîter le pas. « Netflix a cassé le système, est venu remettre de la liberté, ça a été très fort, par rapport à des chaînes engoncées, coincées, encapsulées dans des règles de programmation très rigides », diffusant généralement un épisode par semaine aux Etats-Unis et deux à trois en France, souligne Pascal Lechevallier, spécialiste de la vidéo à la demande (VOD) et fondateur du site de VOD de la chaîne française TF1. Au fur et à mesure que les séries ont progressé en qualité et en popularité dans les années 90 et 2000, et que des communautés de fans sont apparues sur internet, partageant leur impatience, les rendez-vous à heure fixe devant « Urgences » ou « Friends » ont laissé la place à de nouvelles habitudes chez les « sériephiles », souvent adeptes du « binge viewing », visionnage compulsif et marathonien de saisons entières. La consommation illégale de séries en flux (streaming) ou par téléchargement, montées en puissance ces dernières années, sont aujourd’hui des pratiques banalisées: elles sont jugées faciles par les trois-quarts des internautes sondés dans une enquête publiée vendredi par l’Hadopi, l’autorité anti-piratage française. Selon cette étude, quelque 42% des sondés français utilisent le streaming pour regarder des séries au moins une fois par semaine, légalement ou non. La majorité (60%) des internautes fans de série cherchent des séries de moins de six mois, et près d’un tiers cherche des séries de moins d’un mois, ajoute-t-elle. « De plus en plus, une partie des téléspectateurs n’ont plus envie d’attendre et de rester en attente de la diffusion linéaire sur une chaîne avec les histoires de calendriers, de dates ou de doublages français pour découvrir une série », explique Alain Carrazé, spécialiste des séries. « Une partie des sériephiles ont délaissé complètement l’agenda de diffusion de la télévision française », renchérit le sociologue Clément Combes, auteur d’une thèse sur la pratique des séries télévisées. Face au piratage, la multiplication des services de vidéo à la demande est aussi venue répondre aux attentes des fans « accros »: gratuitement en télévision de rattrapage sur les sites des chaînes, ou de façon payante à l’acte ou par abonnement, comme le permettent les plateformes type Netflix. En France, de nouvelles offres légales sont aussi arrivées depuis 2007 proposant de visionner les séries américaines juste après les Etats-Unis, via achat à l’unité ou abonnement sur les sites de vidéo à la demande des chaînes de télévision. Les chaînes TF1 et M6, le bouquet de chaînes payant OCS ou la chaîne thématique Canal+ Séries proposent ce type de services. « Aujourd’hui, les séries sont à l’avant-garde des nouvelles consommations de télévision délinéarisées », du fait de leur format, et des nouveaux supports, estime Pascal Lechevallier: « un épisode de série télé dure 42 minutes et se regarde même sur un téléphone portable ». (Belga)

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