L’ATTENTAT DU MUSÉE JUIF DE BELGIQUE, À BRUXELLES : UN AVERTISSEMENT

Par comparaison avec les mois de juin et juillet 2013, les signalements antisémites ont quintuplé en Belgique, selon le site antisémitisme.be. Exclusif.

Avec ses quatre victimes, l’attentat du musée juif de Belgique, à Bruxelles, le 24 mai dernier, a sonné la fin d’une époque où la Belgique était relativement préservée de la guerre que des musulmans extrémistes livrent aux  » juifs  » et aux  » croisés « . Le drapeau de l’Etat islamique (califat), qui étend sa domination sur une partie de la Syrie et de l’Irak, a été retrouvé dans les bagages du suspect, Mehdi Nemmouche. Transposition d’une guerre qui se déroule ailleurs ? Les juifs de Belgique (entre 35 000 et 40 000 personnes) n’ont pas attendu cette tuerie aveugle pour avoir peur.

Ils se retrouvent souvent seuls, enfermés dans un climat pesant, obligés de dissimuler les signes de leur appartenance sous peine de subir des brutalités. Selon Maurice Sosnowski, président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique (CCOJB), la ministre de l’Intérieur, Joëlle Milquet (CDH), a été à leur écoute. Mais l’attitude engagée des socialistes français François Hollande, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve contraste cruellement avec la frilosité des positions belges. Celles-ci sont compatissantes, certes, mais éparpillées et peu affirmatives. Des exemples ? Dans les jours qui ont suivi l’attentat au musée juif, les Affaires étrangères avaient répercuté auprès du CCOJB le souhait du roi Philippe de recevoir une délégation de la communauté juive. Le lendemain, le projet tombait à l’eau. Quant au discours du 21 juillet, validé par le Premier ministre Elio Di Rupo (PS), il n’a pas fait allusion, au-delà du symbole, aux quatre morts de la rue des Minimes.

En 2013, le Centre interfédéral pour l’égalité des chances a enregistré 85 signalements ayant trait à l’antisémitisme et/ou au négationnisme et ouvert 50 dossiers sur la base de ces signalements. Dernièrement, le tribunal correctionnel de Bruxelles a retenu comme circonstance aggravante le caractère antisémite de menaces proférées par le stagiaire d’une administration contre l’un de ses anciens supérieurs, dont il avait dégradé le véhicule et la maison.  » Au-delà des propos condamnables qui incitent à la haine, l’antisémitisme fait des victimes individuelles « , souligne Patrick Charlier, directeur du Centre.

D’après le site antisémitisme.be, le nombre de signalements antisémites a connu une forte augmentation en 2014.  » Nos données ne sont pas encore croisées, mais nous avons constaté une augmentation d’un facteur cinq par rapport aux mois de juin et juillet 2013, révèle l’un des  » veilleurs  » du site. Jusqu’ici, nous avons retenu 14 événements pour juin 2014 contre trois l’année passée, et 23 en juillet contre cinq en 2013. Mis à part quelques faits de dégradations et de menaces, les événements se partagent principalement entre des actes idéologiques et la propagation de la haine à travers Internet. Tout ce qui évoque  » le juif  » est vilipendé. Malheureusement, lorsque la situation dégénère au Proche-Orient, comme à Gaza actuellement, les auteurs y trouvent une justification.  » Comme à Saint-Nicolas, en banlieue liégeoise, où le tenancier du café qui s’ornait d’une pancarte,  » autorisé aux chiens mais pas aux juifs  » (en turc) et  » autorisé aux chiens mais pas aux sionistes  » (en français), a avancé, en guise d’excuse, des motifs  » humanitaires « . Une information judiciaire a été ouverte au parquet de Liège.

En Belgique, le pouvoir politique s’en remet à la justice et au dialogue bi-, voire tri-religieux, pour juguler les débordements et éviter de heurter la communauté musulmane où d’anciens préjugés antisémites sont ravivés par le conflit israélo-palestinien.

M.-C.R.

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