LE ROI ENCAISSE, SEUL ET EN SILENCE

 » On  » se permet de se présenter chez lui sans cravate.  » On  » ose prendre à la légère ses consignes ou renvoyer ses émissaires.  » On  » a le toupet de lui remettre en dernier le devoir qu’il a lui-même demandé.  » On  » va jusqu’à l’accuser de n’être que le suppôt d’un front de la gauche et de rouler pour les francophones. Qu’est-ce qu’il encaisse, Albert II, en ce moment ! Avoir affaire à des républicains séparatistes, c’est pas drôle tous les jours. Même pas de possibilité de riposter, de se justifier ou de broncher, devoir de réserve oblige. Bien sûr, De Wever et la N-VA ne vont pas jusqu’à commettre outrage au roi. Et ce n’est pas le premier parti ni le premier leader politique qui conteste ouvertement ses choix.  » Mais venant du premier parti politique représenté à la Chambre, c’est inédit « , précise tout de même le politologue aux Fucam, Pierre Vercauteren.

Et personne pour intercéder en faveur du Palais. Pour se faire l’avocat de sa cause. Guy Verhofstadt (Open VLD), alors Premier ministre d’un gouvernement intérimaire au début de 2008, avait pourtant indiqué une piste :  » Tous les travaux exploratoires, en ce compris les consultations et les actes posés par le roi en vue de former un gouvernement, sont totalement couverts sur le plan politique par le gouvernement sortant et, plus précisément, le Premier ministre sortant.  » Interprétation jugée excessive et incorrecte par le constitutionnaliste et sénateur CDH Francis Delpérée :  » Cette couverture est purement fictive.  » N’empêche : l’actuel Premier ministre démissionnaire aurait pu y trouver le motif de rappeler publiquement les règles du jeu. Ne fût-ce que l’usage de certaines convenances dans les rapports avec le roi. Histoire de marquer le coup. Yves Leterme (CD&V) s’est soigneusement abstenu. Les interlocuteurs francophones de De Wever n’ont été d’aucun secours, non plus : tout occupés à riposter du tac au tac à la note du clarificateur royal, les Di Rupo, Milquet et autres Javaux en ont perdu de vue les égards dus au Palais.  » De toute façon, on n’en est plus là « , glisse un négociateur francophone.

Non-assistance à souverain en danger ? Albert II a appris à souffrir en silence. A ce qu’on lui tourne le dos. Jan Peumans, autre N-VA et président du parlement flamand, indiquait la marche à suivre en boudant la réception de Nouvel An organisée par le Palais royal cette année. Certains n’osent encore imaginer le rendez-vous suivant : des ministres fédéraux N-VA invités à tour de rôle à prêter serment de fidélité au roi, le regard bien planté dans celui d’Albert II.  » Cela risque fort de leur brûler la gorge « , lâche un négociateur francophone. Rien ne dit que la scène se déroulera un jour. Mais elle vaudra assurément le détour.

P. Hx

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